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Ces Français qui dirigent 
les agences de notation...
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Agences tous risques

Crise oblige, il ne se passe plus un jour sans qu'on ne les cite : Moody's, Fitch et Standard & Poor's forment le "big three" des agences de notation qui font trembler les États. Surprise : plusieurs Français se cachent derrière certaines d'entre elles... ?

Norbert Gaillard

Norbert Gaillard

Norbert Gaillard est économiste et consultant indépendant.

Sa thèse, rédigée à Sciences Po Paris et à l’université de Princeton, portait sur les méthodologies de notation souveraine. Il a été consultant pour l’International Finance Corporation (IFC), l’État de Sonora (Mexique), l’OCDE et la Banque mondiale.

Il est l'auteur de Les agences de notation (La Découverte, 2010) et de A Century of Sovereign Ratings (Springer, 2011).

 

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Atlantico : Quel est le statut des agences de notation Fitch, Standard & Poor’s (S&P) et Moody’s ?

Norbert Gaillard : Les trois grandes agences ont toujours été privées, comme la quasi-totalité de leurs homologues depuis l’apparition de la notation financière, il y a un peu plus d’un siècle.

Moody’s, créée par le journaliste financier John Moody au début du 20ème siècle, et Standard & Poor’s, issue de la fusion de Standard Statistics et Poor’s en 1941 et aujourd'hui détenue par l'éditeur McGraw-Hill, sont toutes deux américaines. Elles sont basées à New-York, le centre historique mondial de la notation financière.

Fitch était également new-yorkaise à l’origine, mais elle a connu de grandes difficultés et une perte d’influence après la Seconde Guerre Mondiale, jusqu’à sa recapitalisation au début des années 1990 par un investisseur américain. L’agence a ensuite été revendue à la holding Fimalac, détenue par le chef d’entreprise français Marc Ladreit de Lacharrière. Elle est aujourd’hui basée à Londres, mais on peut la considérer comme partiellement française.

Aujourd’hui, Moody’s est la seule grande agence à être indépendante et cotée en bourse. Fitch et S&P dépendent de leur maison mère.

La nationalité des capitaux ou des dirigeants des agences a-t-elle une influence sur leur travail ?

Les agences sont organisées par département ou unité (souverains, collectivités locales, corporate, produits structurés...) autonomes les uns par rapport aux autres. Les analystes, qui sont chargés de noter les émetteurs de dette au sein d’un département spécifique, sont séparés des « politiques », qui sont responsables de la communication et de la représentation des agences dans les grands pays où elles ont des bureaux. Chaque agence a par exemple un président ou directeur France, qui chapeaute toute l'activité du groupe dans le pays.

Les présidents ou directeurs généraux des grandes agences ont des profils variés. Par exemple, Eric de Bodard, actuel directeur général de Moody’s France, est diplômé d’HEC et a une longue expérience dans le secteur bancaire et le secteur corporate. En revanche, Carol Sirou, actuelle présidente de S&P France, a un profil plus "technique", avec une longue expérience dans la notation des collectivités locales.

Au niveau international cependant, ce sont les dirigeants de New York qui ont la main sur les plus gros dossiers : c'est par exemple le PDG de Moody’s, Raymond McDaniel, qui a été auditionné par la Commission d’Enquête sur la Crise Financière en juin 2010.

Comment s’explique le poids acquis par ces trois grandes agences de notation ?

Le développement de la notation est étroitement lié à l’essor des marchés obligataires. L’influence des agences a été largement renforcée par l’intégration des notations dans les réglementations financières à partir de 1931. Aux États-Unis, pendant la Grande Dépression, les cours étaient si bas qu’on ne savait pas comment valoriser les titres dans les bilans : les régulateurs ont alors décidé d’utiliser les notations des grandes agences de l’époque pour déterminer le niveau de valorisation des portefeuilles : cela a permis de « gonfler » les bilans car les agences avaient alors procédé à peu d’abaissements de notes. C’est donc dès l'année 1931 que l’on afait des agences de notation des régulateurs incontournables. Dans les décennies suivantes, les banquiers et les investisseurs ont utilisé les notations de plus en plus régulièrement.

Le trio Fitch-Moody’s-S&P s’est alors progressivement constitué, grâce à des politiques de croissance externe efficaces, en particulier dans les années 1990. C’est ainsi qu’elles ont renforcé leur emprise sur le secteur. Aujourd’hui, ces trois agences détiennent 95% des parts de marché de la notation financière mondiale.

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