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A bout de nerfs ? Plutôt que de frapper quelqu’un, entrez dans une de ces nouvelles salles où vous pourrez (littéralement) tout casser
©wikipédia

Défouloir

De nombreuses "rage rooms" – des pièces où il est possible de tout casser pendant cinq minutes – commencent à voir le jour aux Etats-Unis et en France. Cette activité aurait des vertus bénéfiques permettant de libérer son agressivité ou sa colère.

Pauline Odin

Pauline Odin

Pauline Odin est psychologue clinicienne, psychothérapeute et sophrologue.

Son site internet : http://www.larevuedunepsy.fr/

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Atlantico : Quelles sont les causes qui pourraient pousser quelqu'un à tout casser ou à jeter son dévolu sur des objets (nervosité, colère, agressivité etc…) ?

Pauline Odin : La colère, la nervosité, le stress, l'agressivité, la peur, la pression, les angoisses sont des émotions et des ressentis qui impactent le corps et la pensée et peuvent engendrer ce besoin de se défouler physiquement. Quand ces émotions ne sont pas verbalisées et donc non expulsées, cela créent des sensations et ressentis désagréables voire invalidants qui peuvent amener autrui à ce besoin de se décharger de ses tensions en évacuant de cette façon.

Est-il sain d'exprimer sa colère ou sa détresse en cassant quelque chose ? Cela permet-il vraiment de se soulager ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?

Oui, il est sain d'exprimer sa colère de cette façon. Cependant, je pense que la question n'est pas de s'interroger en jugement de valeur pour savoir si cela est sain ou pas. Car cette notion renvoie à celle de "normalité", concept soumis aux règles et aux conventions sociales qui conditionnent bien souvent les gens à intérioriser leurs pensées, leurs avis, et par conséquent à ne pas être eux-mêmes. Le prisme de la politesse, les diktats de la société, l'éducation, sont parfois, voire trop souvent, des freins à l'expression émotionnelle et par conséquent à l'expression de soi. Dans notre société, la colère ou la tristesse sont des émotions qui ne sont pas toujours acceptées, voire connotées négativement. C'est pourquoi certaines personnes les refoulent, consciemment ou inconsciemment, par peur des conséquences : jugement et regard d'autrui, peur de déplaire, de renvoyer une mauvaise image de soi, etc. Ils se retrouvent alors enfermés dans un rôle dans lequel leurs émotions emprisonnées les empêchent de ressentir un état d'apaisement interne. Intérioriser ses émotions engendre donc de la colère, de la nervosité mais aussi des ruminations, somatisations (maux de ventre, de dos, etc.), troubles du sommeil, etc. Prendre sur soi est nécessaire dans certaines situations. Cependant, quand ce qui pose problème n'est pas exprimé, ces non-dits se transforment en un trop-plein d'émotions engendrant colère, stress, nervosité, irritabilité... Ce qui importe, c'est de réussir à soulager ses tensions pour parvenir à un état de mieux-être tout en respectant autrui. Mais est-ce que casser des objets soulage ? Comme chaque méthode, c'est très personnel. Certains vont se sentir mieux en cassant, en criant leur rage, d'autres en faisant du sport, en chantant, etc. Chacun sa méthode et ses techniques. Cela reste très subjectif, il faut donc essayer pour savoir. Cependant, la verbalisation de la raison et de la source de ces ressentis de colère et/ou de stress me semble indispensable.

Comment faire pour soulager sa colère ou son stress sans se défouler sur quelque chose ou quelqu'un (sport, jeux vidéo, etc.) ?

On peut trouver de nombreuses façons d'extérioriser sa colère et/ou son stress : le sport, les méthodes de relaxation comme la sophrologie, l'hypnose, la méditation, le yoga, etc. Il y a aussi les activités artistiques qui permettent l'expression émotionnelle comme le dessin, le théâtre, le chant, l'écriture...

Pleurer ! Oui ! En effet, pleurer soulage et libère. Pleurer n'est pas un signe de faiblesse, bien au contraire, c'est une force. Car pleurer est le signe de l'acceptation de ses émotions et donc de ce que l'on est. Extérioriser ses émotions en pleurant libère et permet de rétablir un équilibre émotionnel.

Parler. Verbaliser. Dire ses émotions. En effet, ce qui me semble le plus important dans les cas où ces ressentis désagréables deviennent chroniques, c'est de s'intéresser à la cause. Si les personnes sont amenées à ressentir de façon invalidantes certaines de leurs émotions, dans le sens où cela les impacte au point de ressentir un mal-être récurrent, alors se défouler de cette façon permettra un soulagement malheureusement bien trop éphémère, car la problématique de fond, elle, ne sera pas traitée. Par exemple, si une personne ressent de la colère à son travail, car elle n'arrive pas à se sentir reconnue dans son environnement professionnel, casser des objets la soulagera sur le moment, mais c'est en travaillant sur l'affirmation de soi qu'elle parviendra à un mieux-être.

Propos recueillis par Thomas Gorriz

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