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La France est-elle suffisamment préparée face à la huitième vague de Covid-19 ?
La France est-elle suffisamment préparée face à la huitième vague de Covid-19 ?
©DENIS CHARLET / AFP

Vigilance face à la crise sanitaire

Après une période d'accalmie, la France enregistre depuis plusieurs jours une hausse des contaminations liées au Covid-19.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Alors que les indicateurs Covid repartent à la hausse, la société française ne semble pas en alerte, est-ce le signe que nous avons appris à vivre avec le virus ?

Antoine Flahault : Il est certain que nous ne percevons plus les risques vis-à-vis de cette pandémie avec la même acuité qu’en mars 2020, et c’est heureux. Les vaccins sont arrivés depuis et ont profondément changé la donne. Dans ce contexte, le taux de létalité (nombre de décès par cas) et le nombre d’hospitalisations par cas se sont effondrés avec l’arrivée d’Omicron, ainsi la maladie fait beaucoup moins peur. Tout le monde ou presque a été infecté voire réinfecté une ou plusieurs fois et le spectre associé à la dangerosité de cette maladie, à tort ou à raison, s’est éloigné. Plus aucun gouvernement démocratique ne prend des mesures strictes pour contrer la circulation du virus, on peut dire que l’on revit pratiquement comme avant. D’autres problèmes ont rapidement remplacé l’agenda politique et les unes des médias. Tout cela est heureux pour la très grande majorité de la population. Pour les personnes très vulnérables, à risque de formes graves et pour celles qui feront des Covid longs, il en va autrement.

A quel point demeurons-nous, malgré tout, dans une position d’équilibre précaire quant à la pandémie ?

Je ne crois pas que l’équilibre de notre position soit "précaire" vis-à-vis de la pandémie. Il n’y a pas à ce jour de variants qui seraient particulièrement menaçants ou inquiétants en termes de sévérité et qui nous laisseraient envisager un retour imminent aux mesures strictes que l’on a connues. En revanche, la situation sanitaire actuelle, si elle devait définir notre nouvel équilibre dans cette pandémie, ne pourrait pas être considérée comme satisfaisante. En effet avec 30 000 décès du Covid rapportés en seulement neuf mois en France en 2022, et un grand nombre de personnes handicapées par un Covid long, on ne peut pas dire que la circulation du coronavirus n’a plus d’impact significatif aujourd’hui. Le Covid s’est invité parmi les principales causes de mortalité depuis 2020 et ce classement ne recule pas suffisamment rapidement depuis trois années consécutives pour que l’on puisse s’en satisfaire et souhaiter que la situation perdure ainsi. On doit donc chercher à faire mieux que la politique de riposte contre la pandémie désormais uniquement vaccinale car elle visiblement insuffisamment efficace.

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Y-a-t-il un risque de bascule qui pourrait nous entraîner à nouveau dans une situation hors de contrôle ?

Pour que la situation bascule dans une situation hors de contrôle, il faudrait qu’émerge un nouveau variant doté d’un pouvoir pathogène élevé échappant à l’efficacité des vaccins disponibles. On n’est pas dans ce cas de figure, nulle part dans le monde actuellement, donc ce scénario catastrophe n’est pas aujourd’hui envisagé, ni à court, ni à moyen termes.

Quelles sont les leçons que nous avons apprises et qui nous permettent d’être mieux préparés ?

Le monde a beaucoup appris de cette pandémie. La surveillance épidémiologique réalisée quasi en temps réel a contribué à beaucoup éclairer les politiques publiques. La coordination européenne de l’achat et la distribution des vaccins du Covid a été l’un des grands succès de l’UE. Les recherches ont foisonné dans de nombreux domaines et les décisions politiques au cours de cette pandémie ont été le plus souvent prises sur la base des meilleures preuves scientifiques du moment. 

Quels sont au contraire les manquements que nous n’avons toujours pas palliés et qui nous font encourir des risques ?

On peut toujours regretter le manque de rapidité dans telle ou telle décision, notamment au tout début de la pandémie, l’absence de transparence de la Chine sur l’origine de la pandémie, le manque de leadership octroyé à l’OMS pour mieux coordonner la riposte, les inégalités criantes dans la distribution des vaccins notamment vers les pays les plus pauvres. Mais ce qui me semble être le plus grand manquement aujourd’hui reste l’absence de volonté politique à chercher à améliorer la qualité de l’air intérieur. Après plus de deux ans et demi de pandémie, il n’y a toujours aucun plan ventilation dans la plupart des pays occidentaux et l’on continue à observer sans chercher à les enrayer des vagues itératives de contaminations de forte ampleur, qui sont la source de très nombreux Covid longs et de niveaux de mortalité par Covid beaucoup trop élevés.

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