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500 emplois supprimés chez Al Jazeera : le Qatar finirait-il par pâtir de la baisse du pétrole et du gaz... ?
©Reuters

Perte de puissance ?

Deux mois après la fermeture de ses bureaux aux Etats-Unis, la chaîne Al Jazeera a annoncé il y a quelques jours la suppression de 500 postes. Une annonce corrélée notamment à la chute des prix du gaz et du pétrole qui pourrait, à terme, mettre à mal les ambitions internationales du Qatar.

Jean-François Coustillière

Jean-François Coustillière

Jean-François Coustillière est le fondateur du cabinet de conseil en relation internationale JFC, dédié plus particulièrement aux questions méditerranéennes. Il préside également l'association Euromed-IHEDN.

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Atlantico : La chaîne d’informations qatarie Al Jazeera a annoncé dimanche 29 mars la suppression de 500 postes concernant essentiellement le siège du groupe à Doha. Cette annonce fait suite à la fermeture il y a deux mois d’Al Jazeera America. De quelle nature sont les difficultés de la chaîne ? Y a-t-il une corrélation directe avec la chute des prix du pétrole et du gaz qui ne permettrait plus au Qatar d’avoir les moyens de son ambition ? 

Jean-François Coustillière : Il y a un certain nombre de messages transmis à travers cette annonce. Tout d’abord, il convient de rappeler, comme vous l’avez fait dans votre question, la fermeture de leurs douze bureaux américains sur les quatre-vingt que compte la chaîne au total. Ceci a un impact direct sur la réduction des effectifs qui sont pris en compte dans l’annonce de ce dimanche : le chiffre de 500 est donc à relativiser. Il y a également la volonté de la part de la chaîne d’affirmer son désir de faire des efforts pour mieux gérer ses frais courants. Ce message est en partie destiné à l’intérieur du pays, et pas qu’à l’extérieur. Récemment, l’émir du Qatar a dit qu’il fallait se méfier de l’Etat-providence et revenir sur un certain nombre d’acquis, et qu’il importait de se serrer la ceinture.

Sur le fond, Al Jazeera est un outil fantastique pour l’émirat, en plus de ses moyens financiers, et par conséquent, je vois mal le Gouvernement laisser péricliter la chaîne.

Très certainement, on peut noter une corrélation entre cette annonce et la chute des prix du pétrole et du gaz. Néanmoins, pour le Qatar, cette baisse n’a pas du tout le même impact que pour d’autres pays comme l’Algérie. Le Qatar est un petit pays, avec une faible population dont une partie significative n’est pas autochtone, et ses problèmes économiques ne sont pas de même nature que ceux que l’on peut rencontrer dans d’autres pays où le prix du baril de pétrole est une question centrale. Néanmoins, l’émir reconnaît la nécessité de sortir du modèle de l’Etat-providence, comme je le disais, afin que le pays se montre un peu plus rigoureux dans sa gestion budgétaire. 

Al Jazeera est le principal outil du soft power qatari. Dans quelle mesure cette annonce peut-elle impacter la politique régionale et internationale du Qatar ? Une disparition de la chaîne à terme est-elle envisageable ? 

Je reste convaincu qu’il s’agit-là d’un simple effet d’annonce montrant que le Qatar, lui aussi, fait attention à ses moyens de gestion, adressant en ce sens un message à sa population. Mais que le Qatar abandonne la chaîne Al Jazeera, ce serait renoncer à tout ce qu’est le Qatar depuis vingt ans. Le pays a mené une politique internationale fondée en grande partie sur cette chaîne, mais également sur d’autres moyens, avec pour objectif la visibilité du Qatar à l’international. Renoncer à la chaîne serait renoncer à l’un de ses outils les plus importants de sa politique internationale. 

Quelles pourraient être les autres conséquences de la chute des prix du pétrole et du gaz si celle-ci continuait pour le Qatar (notamment par rapport à son soutien financier aux groupes djihadistes) ? 

La première conséquence serait la diminution des investissements extérieurs dans d’autres pays, ainsi que la diminution de ses achats d’armement, et par conséquent la diminution de ses capacités d’influence à l’international. Son soutien financier aux mouvements djihadistes, qu’on a du mal à mesurer, n’est pas au même niveau que les investissements que je viens de citer. Peut-être réduiront-ils leur aide aux mouvements djihadistes dans ces conditions, sauf si cela reste une priorité pour le gouvernement qatari. 

Propos recueillis par Thomas Sila

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