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Le XXIe siècle sonne-t-il la fin des entreprises familiales ?
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Héritage

Le géant des boissons alcoolisées Pernod-Ricard s'est trouvé un nouveau directeur : ce sera Alexandre Ricard, le neuveu de Patrick Ricard, décédé le 17 août dernier, qui était lui même le fils du fondateur de l'entreprise. Véritable modèle ou exception... Le 21e siècle actera t-il la fin des entreprises familiales ?

Valérie Tandeau de Marsac

Valérie Tandeau de Marsac

Valérie Tandeau de Marsac est avocat d'affaire, fondatrice du cabinet VTM, membre du centre d'expertise Jeantet Family dédié aux entreprises familiales. Elle est fondatrice et présidente de l'association VoxFemina, créée en 2010 pour améliorer la représentation des femmes dans les médias.

Elle est l’auteur du Guide Pratique des Entreprises Familiales, paru en 2011 aux éditions d'Organisation, et professeur affilié auprès de l’EDHEC Center for Family Business.

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Les clichés ont la vie dure

Selon une idée encore communément répandue en France, les entreprises familiales appartiendraient à un passé révolu. Et cette idée, qui s'enracine dans le préjugé négatif à l’égard des « 200 familles » dont le pouvoir excessif était stigmatisé au début du XXème siècle, conduit même parfois certains à considérer que les entreprises familiales ne contribuent pas à l’équilibre économique du pays. Dans cette perception aussi erronée que dépassée, les entreprises familiales seraient instrumentalisées au service des actionnaires familiaux, pour leur assurer des revenus substantiels par le versement de dividendes excessifs, laissant les entreprises exsangues et les salariés appauvris.

Pour d'autres, cette forme de capitalisme est vouée à disparaître, les entreprises étant supposées évoluer à terme vers un modèle unique, celui des entreprises à actionnariat diffus. Selon cette théorie économique très en vogue dans la dernière moitié du XXème siècle, et au début du XXIème (théorie néolibérale de la gouvernance actionnariale), la valeur de l’entreprise se résume à la valeur créée pour l’actionnaire.

Mais depuis 2008, les appréciations tendent à changer

En effet, dans le contexte d'extrême tension économique que traversent les économies occidentales depuis cinq ans, les entreprises familiales ont attiré l'attention des économistes et des chercheurs. Les études menées par les grands cabinets d'audits mondiaux tels que Price Waterhouse Coopers, KPMG, Deloitte ou Ernst&Young, (les «Big Four») montrent que ces entreprises ont mieux résisté à la conjoncture défavorable que les autres. Il est unanimement relevé qu’elles ont démontré une meilleure résilience dans la crise, et même, qu’elles ont, en général, et sur le long terme, de meilleures performances financières.

Les raisons de ce phénomène sont aujourd'hui bien répertoriées et dessinent, en creux, des réponses pertinentes aux raisons désormais bien identifiées de ce que l’on a coutume de dénommer la «crise » :

- leur faible niveau d'endettement, qui est une réponse à l’excessive financiarisation de l'économie, source de la « dictature » des marchés financiers

- leur orientation vers le long terme, qui est une réponse au court-termisme aujourd'hui partout stigmatisé

- leur orientation vers la croissance, notamment internationale, et l'innovation, donc chacun s'accorde à dire qu'elles sont les leviers qui permettront de relancer nos économies vieillissantes 

- leur attention sincère portée au facteur humain, dont l'actualité démontre chaque jour le plus criant besoin

- leur sens des valeurs, d'autant plus fortes qu’elles sont incarnées par les membres de la famille, qui les fait bénéficier de ce que certains chercheurs appellent un surcroît de capital social ou encore le « familiness ».

A l’heure où le capitalisme financier fait l’objet de vives critiques, les entreprises familiales semblent incarner ce fameux capitalisme socialement responsable que beaucoup appellent de leurs vœux : vecteurs de changement et d’innovation tout en offrant une forme de stabilité assise sur des valeurs stables et pérennes, bien implantées localement tout en étant ouvertes vers l’international.

Paradoxalement, cet ancrage dans la vie locale, qui dépasse souvent le simple fait d’être une source d’emplois pour leur communauté, n’empêche pas les entreprises familiales de se tourner vers l’international. Grâce à leur souplesse et leur capacité à innover, elles sont même souvent particulièrement bien placées pour tirer avantage de la mondialisation, et nombre d’entre elles sont leaders mondiaux sur un marché de niche.
Loin d’être une menace qui balaye tout sur son passage, la mondialisation peut dans ce contexte être sereinement envisagée comme une opportunité qui permettra de générer plus de croissance.

Au fond, ne pourrait-on pas comparer les entreprises familiales à ces arbres aux racines solides, dont les branchages aériens s’entremêlent pour former ce que les chercheurs appellent aujourd’hui la canopée, cet étage supérieur de la forêt en contact avec l’atmosphère libre où se développe un écosystème riche de découvertes et de promesses pour l’avenir et les générations futures ?

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