15 jours après la déferlante d’Abenomics bashing, les résultats de l’économie japonaise très nettement revus à la hausse dans l’indifférence générale<!-- --> | Atlantico.fr
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Les résultats de l’économie japonaise sont très nettement revus à la hausse.
Les résultats de l’économie japonaise sont très nettement revus à la hausse.
©Reuters

Mémoire courte

Après les torrents de critiques adressées aux résultats produits par les Abenomics, les derniers chiffres publiés viennent largement contredire l’hypothèse d’un échec. Plein emploi, dépenses d’investissements, profits, ventes, salaires nominaux, secteur manufacturier : les indicateurs sont au vert.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Alors que la plupart des pays développés, notamment en Europe, ont gentiment décidé de pantoufler en attendant la fin de la crise, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a choisi une autre voie. C’est ainsi que depuis le mois de décembre 2012, la politique nommée "Abenomics" est à l’œuvre. Une politique basée principalement sur la relance monétaire et que le monde entier attend au tournant. Par exemple le Figaro qui titrait récemment "dissolution au Japon : l’échec des Abenomics", ou pour les Echos, "Les Abenomics et l’illusion de la potion magique", pour l’Express,  "L’effet Abenomics n’a pas eu lieu", et dans un ton plus léger Le Monde émet des "doutes".

Bref, on rit encore de cette stratégie japonaise qui décidemment, ne produit aucun résultat. Cette "potion magique" ne vaut pas un clou. En cause, l’annonce le 17 novembre dernier d’une récession au pays du soleil levant. En effet, la croissance japonaise est en berne et chute de 1.6% au troisième trimestre 2014. "L’Abenomics bashing" pouvait continuer.

L’échec est en effet monstrueux. Notamment lorsque le porte-parole du gouvernement ; Yoshihide Suga annonce le 1er décembre que les dépenses en capital des entreprises sont en forte progression de 5.5% sur un an, révisant une première estimation de -0.2%. Concernant les profits des entreprises, la hausse atteint 7.6% pour le trimestre, pour des ventes en hausse de 2.9%. A elle seule, cette révision devrait suffire à annihiler toute notion de récession. La prochaine estimation du PIB sera dévoilée le 9 décembre et apportera une réponse à cette question.

Dans la même veine, le ministère du travail japonais annonçait le 28 novembre que le nombre d’emplois disponibles au Japon excède le nombre de personnes recherchant un emploi (1.15 emploi disponible par personne cherchant un emploi), mais également que le nombre de nouveaux emplois disponibles excède cette fois-ci très largement le nombre de personnes en recherche (1.85 nouvel emploi par personne disponible). Le résultat est que la situation de tension actuelle sur le marché de l’emploi japonais est inédite depuis 1992.

C’est donc tout logiquement que le 28 novembre, le bureau statistique japonais indiquait également que le taux de chômage baissait une nouvelle fois, pour atteindre 3.5% de la population active. Du jamais vu depuis 1997, c’est-à-dire depuis 17 ans. La situation est claire, le Japon a aujourd’hui atteint les conditions du plein emploi.  

Et la traduction de cet état de tension est désormais visible dans les salaires. En effet, après une baisse de 0.2% en 2011,  une autre baisse de 0.7% en 2012, une stabilisation en 2013, les salaires nominaux repartent enfin à la hausse en 2014, soit de 0.5% pour le mois d’octobre. (Rapport publié le 2 décembre par le ministère de l’emploi).  Signe que les 20 années de déflation sont en passe d’être dépassées.

Enfin l’institut Markit dévoilait le 24 novembre dernier que "Les conditions d’affaires dans le secteur manufacturier japonais continuent de s’améliorer en novembre, soutenues par la croissance et les anticipations de nouveaux marchés".

Mais rien n’y fait, les Abenomics ne "marchent" pas. Et la dernière preuve en date a été délivrée par l’abaissement de la note de crédit du Japon par l’agence Moodys. Une sanction qui a d’ailleurs été saluée par une hausse du Nikkei et une baisse des taux d’intérêts. Un non évènement.

Comme l’indiquait l’économiste Peter Tasker (installé au Japon depuis 30 ans) avec une certaine ironie "En dehors du plein emploi, d’une hausse record des marchés, de taux d’intérêts bas, de profits records, d’une meilleure gouvernance, d’un boum touristique, d’une participation plus forte des femmes à l’emploi, d’une hausse des exportations, d’une hausse des dépenses en capital, qu’est-ce que les Abenomics nous ont apporté ?". La fin de la déflation et des élections qui se tiendront le 14 décembre prochain. Des élections législatives qui se transforment peu à peu en référendum pro ou anti Abenomics.

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