1,8 % pour 2016 : les 3 graphiques qui montrent que l'Europe a renoncé à la croissance et ce que ça signifie concrètement<!-- --> | Atlantico.fr
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Graphique sur la croissance / photo d'illustration.
Graphique sur la croissance / photo d'illustration.
©Reuters

Rêve lointain

Les prévisions de la BCE pour les 3 prochaines années peuvent faire croire à un retour triomphal de la croissance... Pourtant, ces chiffres restent très, très inférieurs au potentiel de croissance que connaissait la zone euro avant la crise.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Pour la Banque centrale européenne, la grande nouveauté de ce mois de févier aura été de produire des prévisions économiques pour les trois prochaines années, c’est-à-dire jusqu’en 2016.  Ces anticipations sont assez complètes et permettent de se faire une idée de ce qui attend les Européens pour un horizon de moyen terme.

A première vue, les commentaires sont assez plaisants car c’est le grand retour de la croissance qui s’annonce. Mais en regardant de plus près, ces chiffres représentent plutôt une source d’inquiétude supplémentaire. En effet, en prévoyant une croissance de 1.2% en 2014, 1.5% en 2015, et 1.8% en 2016, les économistes de la BCE ne font que confirmer la dramatique situation européenne.

Bien que les dernières années aient habitué les européens au pire, et que l’accoutumance à la récession  permet de regarder toute prévision positive comme un miracle, ces chiffres n’en restent pas moins exécrables.  Depuis la naissance de l’euro, la zone progressait à un rythme d’une constance admirable, de l’ordre de 4.3% par an à prix courants, c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation. En prenant compte les publications de la BCE sur la croissance et l’inflation, il est alors possible de se représenter le résultat économique à horizon 2016 :

PIB ZONE EURO (18). En millions d’euros. (Rouge) comparée à sa tendance pré-crise (Noir).

Cette représentation permet de comprendre que ce que prévoit la BCE n’a rien à voir avec une bonne nouvelle, car l’écart entre la croissance de la zone et son potentiel ne fait que se creuser, toujours plus. Cette situation se traduit également sur le taux de chômage de la zone euro, car selon les équipes de la BCE, le changement n’est pas pour maintenant.

Taux de Chômage zone euro en %.

L’autorité monétaire prévoit en effet une « amélioration », mais d’une très faible ampleur. De 11.9% aujourd’hui, le chômage européen passera à 11.4% en 2016, c’est à dire une baisse d’environ 0.25% par an. A ce rythme, il faudra presque 18 ans de plus pour revenir au taux de chômage que connaissait la zone en 2007.

De la même façon, et en raison de cette stabilité, le niveau de dette des états européens ne permet pas non plus de se forger une raison d’être optimiste. De 92.9% de dette sur PIB aujourd’hui, l’année 2016 devrait afficher un niveau 92.2%, soit une quasi-stagnation.

Dette sur PIB zone euro. En %.

Le constat est clair, la trop faible croissance annoncée ne permettra d’aucune manière d’améliorer la vie des Européens. Les chiffres prévus ne permettent qu’une chose : la survie. Il ne s’agit absolument pas d’en finir avec la crise mais bien d’installer cette notion de survie comme seule ambition. Car ce qui frappe l’esprit au regard de ces prévisions est bien la réaction des différentes autorités européennes.

En premier lieu, la Banque centrale européenne qui se doit de respecter son mandat à la lettre, c’est à dire de maintenir l’inflation sous un seuil de 2%. Ce mandat est respecté car l’inflation ne devrait pas dépasser les 1.7% avant 2017. Par contre, un chômage supérieur à 11%, une dette à 92% et une croissance atone, ne sont pas ses priorités. Le résultat est alors assez clair car suite à la publication de ces prévisions, le président de la BCE Mario Draghi déclarait :

« Au regard des prévisions de moyen terme pour la croissance et pour les prix, les informations et les analyses aujourd’hui disponibles confirment totalement notre décision de maintenir une politique monétaire accommodante aussi longtemps que nécessaire ». La lecture en creux de cette annonce signifie surtout qu’il n’y aucune raison d’aller plus loin selon les données actuelles, la BCE ne donne aucun soutien supplémentaire car les prévisions sont tout à fait satisfaisantes concernant l’inflation. La prévision d’un taux de chômage persistant à un niveau de 11.4% pour 2016 n’est pas une source d’inquiétude pour la BCE. Ses membres se bornent à respecter leur mandat. Mais personne ne semble remettre en cause ce mandat.

En second lieu, il est important de commenter les récentes décisions des grands partis européens en vue des élections du mois de mai prochain. Face au statut quo et à la persistance de la crise, il aurait pu être envisageable d’offrir une alternative à la politique menée au niveau supranational. Il n’en est rien. Après la décision des partis socialistes européens de désigner l’actuel président du Parlement, l’allemand Martin Schulz, comme candidat à la présidence de la Commission européenne, est venu le tour des partis de centre droit de désigner leur poulain : ce sera le Luxembourgeois Jean Claude Juncker. La présidence de la Commission européenne sera confiée à l’un ou à l’autre, mais il est tout de même important de noter que ces deux personnalités tiennent exactement la même ligne. C’est à dire que 500 millions d’Européens vont être appelés à voter pour un non choix. La Commission étant en effet détentrice de l’initiative législative.

En partant d’un constat alarmiste d’une crise qui n’en finit pas, la banque centrale européenne a répondu par l’inaction. En partant du même constat, les partis ont apporté une réponse incompréhensible, l’immobilisme total. Tout va bien. 

Pour lire le Hors-Série Atlantico, c'est ici : "France, encéphalogramme plat : Chronique d'une débâcle économique et politique"

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