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Valls-Aubry, cette autre guerre du PS qui risque d'être bien plus sanglante que la primaire
©Reuters

En coulisse

La bataille pour la réélection du président de la République en cache une autre, qui risque d'être bien plus sanglante, entre Martine Aubry et Manuel Valls, qui a déclaré vendredi vouloir "semer pour l'avenir". Chacun d'eux veut contrôler le PS en vue de 2022.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Sera-t-il le dernier lien ? Le trait d'union final ? L'ultime ciment qui unit encore un PS écartelé, qui n'est plus d'accord que sur un seul point, la rupture ? François Hollande sera-t-il le dernier représentant d'un certain socialisme qui a vu, en d'autres temps, cohabiter Guy Mollet et Léon Blum ? En effet, qu'il soit réélu ou pas, s'ouvrira, en 2017, pour le PS, une nouvelle ère. Elle transpire déjà, à travers les déclarations de Manuel Valls ou de Jean-Marie Le Guen. Elle suppure dans les prises de position de Benoît Hamon ou de Martine Aubry, à travers les tensions entre aile gauche et aile droite.

Alors que la tenue d'une primaire à gauche vient à peine d'être officialisée et que s'ouvre la dernière campagne de François Hollande, une autre guerre souterraine s'organise, celle de la prise de contrôle du parti en vue de… 2022. Une prise de contrôle qui commencera dès le lendemain de la présidentielle. "Soit le candidat de gauche passe l'épreuve du premier tour et sera opposé au second à Marine Le Pen, ce qui va constituer un séisme majeur, soit le candidat de gauche ne passe pas le premier tour et le risque d'implosion à gauche est immense. Dans tous les cas, la gauche sera à reconstruire", explique François Lamy, l'un des lieutenants de Martine Aubry.

Or, Manuel Valls, dans l'interview qu'il a accordée vendredi à Paris Match, ne l'a pas caché. "Je vais au combat. Je ne me cache pas. Je sème pour l’avenir, pour faire progresser mes idées, l’intérêt général et une vision de la France". Or, pour se construire un avenir, Manuel Valls sait qu'il doit, avant tout, soumettre la rue de Solférino.

Or, sur son chemin se dresse déjà Martine Aubry, qui n'entend pas lui offrir le parti dont elle a été la patronne. Depuis des mois, elle est remontée au front en vue de protéger sa famille. Outre la réactivation de son think thank, la tribune incendiaire publiée contre Manuel Valls et François Hollande afin de réclamer un changement de ligne politique, elle entend recomposer la gauche.

"On veut  poursuivre le mouvement initié par la tribune. On a besoin de repartir à la réflexion en créant des ponts avec une gauche sociale et écologiste qui est à la fois très consciente du réel, mais qui est aussi soucieuse de garder ses valeurs, ses convictions", expliquait, en mars, François Lamy. Et pour se faire, Martine Aubry a décidé d'organiser ses propres universités d'été à Montpellier juste avant celles du PS. Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit y sont attendus. Christiane Taubira a aussi été invitée.

Les amis de l'ancienne ministre réfléchissent aussi à une plateforme qui associerait les grands responsables associatifs, les grandes fédérations d'éducation populaire ou les associations du secteur mutualiste ou du monde de la santé… Les thématiques phares seraient notamment le revenu minimum, la relance de l'Europe après la crise des migrants, la question de la fracture territoriale. "On a une véritable force de frappe, nous sommes le cœur de la gauche", affirme François Lamy.

Mais de son côté, Manuel Valls, conscient que la défaite de François Hollande ne sera pas un moment propice à son ascension, s'organise lui aussi. "Si on perd, il y aura une corbynisation du PS. Ils diront : on a perdu à cause de Hollande, Valls et Macron", reconnait son lieutenant Christophe Caresche. Or, si Manuel Valls veut se présenter en 2022, il doit absolument éviter un repositionnement du parti. Pour mettre en œuvre cette recomposition qu'il appelle de ses vœux, pour pouvoir aisément tendre la main au centre et à une partie de la droite et bâtir ce bloc central dont il rêve, le Premier ministre doit étouffer les fondeurs.

Et pour se faire, le Premier ministre, qui a donc renoncé à toute ambition pour 2017, fourbit ses armes et a reçu, fin mai, ses soutiens. 40 à 60 élus ont répondu présents. "Nous ne sommes pas en train de créer un courant du PS et je sais bien que vous n'êtes pas ici pour me soutenir les yeux fermés", a lancé le locataire de Matignon. Certes pas les yeux fermés, mais pour le soutenir quand même, montrer qu'il n'est pas seul, loin de là. Et que ces troupes veillent sur le parti tout autant que celles de Martine Aubry et bien plus que celles d'Arnaud Montebourg.

Mais si le parti se refusait à lui, Manuel Valls serait prêt à monter un mouvement autre afin de faire le lien avec le centre et la droite et d'incarner cette recomposition qu'il pense nécessaire. "Nous discutons déjà avec des élus d'opposition, les choses sont en marche", reconnaissent les proches du locataire de Matignon. Et la bataille risque d'être violente. Il en découlera une recomposition majeure du paysage politique français qui posera les bases du monde post-Sarkozy, post-Juppé et post-Hollande.

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