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"Pourquoi les paysans vont sauver le monde" de Sylvie Brunel : contre une écologie suicidaire, un essai revigorant
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Atlanti Culture

Sylvie Brunel a publié "Pourquoi les paysans vont sauver le monde" aux éditions Buchet Chastel. "Ils nous nourrissent, et pourtant nous les maltraitons. Les paysans sauvent le monde. Nous devons tout mettre en œuvre pour les sauver".

Jean-Pierre Chamoux pour Culture-Tops

Jean-Pierre Chamoux pour Culture-Tops

Jean-Pierre Chamoux est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.
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"Pourquoi les paysans vont sauver le monde" de Sylvie Brunel

Paris, Buchet-Chastel, 260 p. 19 €

RECOMMANDATION
Bon


THEME
Les efforts et le savoir-faire du monde agricole permirent d'éradiquer les grandes famines qui marquaient l'histoire du monde jusqu'au siècle dernier. Depuis la fin du XVIII° siècle, « ceux qui nous nourrissent », dit-elle, ont fait bénéficier l'humanité de leur extraordinaire progrès technique : si des foyers de malnutrition persistent, ils sont plus souvent exacerbés par des conflits politiques que par l'incapacité de l'agriculture à nourrir le monde. L'agriculture moderne nourrit sept milliards d'hommes en cultivant 3% des terres émergées seulement !

Bien qu'elles  n'occupent que la moitié des hectares cultivés, les grandes cultures du blé, du maïs, du soja, du riz sont « le nerf de la guerre alimentaire » ; elles fournissent les deux-tiers de la nourriture humaine et une part de celle qui élève le bétail. Ces terres cultivées  régulent aussi le climat car elles piègent un quart du carbone et une partie de nitrates émis dans notre atmosphère !

Travaillés par les lubies suicidaires d'un nouveau paganisme écologique, nos peuples d'Europe et d'Amérique sont pourtant prêts à condamner l'agronomie moderne et à sacrifier les fruits de notre terre à leur croyance mythique en Gaïa, déifiée au détriment d'une humanité que nous serions prêts à affamer de nouveau ! Etrange illusion qui rappelle les peurs millénaristes du haut moyen-âge ; elle suscite des choix suicidaires et pousse les paysans de France à la désespérance. Ses aspects folkloriques - « c'était bien mieux avant! » - témoignent surtout de l'égoïsme des nantis et d'une parfaite indifférence aux réalités du monde, au sort des populations et aux défis que posera l'alimentation de plus de huit milliards d'hommes à l'avenir...

POINTS FORTS
Cet essai s'appuie sur de nombreux exemples qui expliquent pourquoi et comment l'agriculture contemporaine satisfait les besoins alimentaires d'aujourd'hui. Sylvie Brunel appuie son diagnostic sur des données solides et sur des prévisions crédibles qui annoncent que l'humanité, si elle le veut bien, répondra aux besoins alimentaires de demain. Elle juge que la situation alimentaire devrait encore s'améliorer dans les prochaines décennies. Elle stigmatise cependant les travers des mages écologistes occidentaux qui risquent de condamner l'humanité à de nouvelles famines afin de calmer leurs peurs millénaristes et de satisfaire leurs croyances !

POINTS FAIBLES
L'auteur se laisse entraîner par sa fougue et par son enthousiasme ! Elle défend certes l'agriculture occidentale -particulièrement celle que pratiquent les paysans français depuis les années cinquante- mais avec une certaine candeur : elle admet trop facilement l'extraordinaire influence qu'exerce encore le syndicalisme agricole sur la politique et sur les positions françaises au sein de l'Union européenne : de plus en plus isolée, la France (et son agriculture) n'entraîne plus la majorité de l'Europe à vingt sept membres !

EN DEUX MOTS
Frisant le pamphlet, cet essai s'inscrit dans un climat intellectuel profondément perturbé par les questions écologiques. Face au «  paganisme écologique », Sylvie Brunel réaffirme l'importance vitale des paysans et leurs fonctions sociales. Tâche utile mais très ardue de nos jours !

Livre accessible et instructif. Il mérite d'être connu car son approche est rare dans la production présente ; on l'aurait recommandé avec plus d'ardeur si l'exposé avait été mieux travaillé pour convaincre que pour sensibiliser le lecteur à la rémanence de quelques famines africaines !

UN EXTRAIT
« Bannir l'élevage ? Un crime contre la transition écologique et contre l'humanité » (p.239)

L'AUTEUR
Sylvie Brunel, professeur à l'Institut de géographie de l'université Paris IV-Sorbonne, est une spécialiste du développement et de la lutte contre la faim, particulièrement en Afrique. Elle a présidé l'organisation non-gouvernementale Action contre la faim.

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