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"Mon traître" : du drame irlandais considéré comme une tragédie grecque
©Reuters

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Charles Chatelin pour Culture-Tops

Charles Chatelin pour Culture-Tops

Charles Chatelin est chroniqueur pour le site Culture-Tops.
 
Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THEATRE

Mon traitre

De Sorj Chalandon
Adaptation et mise en scène : Emmanuel Meirieu, avec Loïc Varraut
Avec Jean-Marc Avocat (Tyrone Meehan), Stéphane Balmino (Jack Meehan), Laurent Caron (Antoine)
INFOS & RESERVATION
Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Réservations: 01 44 95 98 21
http://www.theatredurondpoint.fr
ATTENTION: dernière, le 29 janvier.
L'auteur
Grand reporter, prix Albert Londres, Sorj Chalandon s’est lié d’amitié dans les années 1970 avec Denis Donaldson (Tyrone Meehan dans la pièce), figure charismatique de l’IRA, l’Armée républicaine irlandaise. A l’époque, la guerre civile allait crescendo entre Catholiques et Protestants, et l’IRA livrait une lutte sans merci aux troupes britanniques. En 2005, la paix revenue, Donaldson a avoué qu’il avait trahi ses frères d’armes, pendant vingt-cinq ans, au profit des Anglais ! Il fut assassiné le lendemain. 
De cette histoire tragique, Chalandon a fait deux livres remarquables : « Mon traitre », en 2008, et « Retour à Killybegs », en 2011. Du premier, récit d’une amitié trahie, et du second, qui donne le point de vue de Donaldson,  Emmanuel Meirieu a tiré la pièce.
Thème
« Mon » traitre est une succession de trois monologues dans le cimetière sinistre ou gît la dépouille de Tyrone Meehan. Antoine d’abord, sorte de double de Sorj Chalandon, passé de l’admiration éperdue au fracassement de l’âme face à la trahison absolue ; Jack Meehan ensuite, le fils, qui trouve à travers les plaintes d’une ballade irlandaise les mots pour exprimer sa douleur ; Tyrone lui-même, enfin, levé d’entre les morts pour expliquer aux vivants les raisons de son acte…  
Tout ça n’est pas bien gai, mais c’est fort. « Quand je fais du théâtre, explique Emmanuel Meirieu, je voudrais que les spectateurs (…) croient que celui qui leur raconte l’histoire est celui qui l’a vraiment vécue ». Mission accomplie.
Points forts
On s’en doute, le monologue du traitre constitue le moment fort. D’autant qu’il est porté par le jeu saisissant de Jean-Marc Avocat, spectre livide percé de balles, qui sert magnifiquement le très beau texte de Chalandon. Vraiment, rien que pour cela, la pièce vaut d’être vue.  
Points faibles
Je n’en vois pas beaucoup. Les puristes regretteront sans doute que les acteurs parlent au micro. Au-delà du parti pris de rendre le récit comme un témoignage, il y a l’ambiance sonore très « cinéma » qui rend ce micro bien utile ; le tonnerre gronde pendant une bonne partie de la pièce et il pleut sur la scène comme vache qui pisse. De l’eau de théâtre, bien sûr, qui ne mouille rien. Mais c’est bien fait...
En deux mots
On ne va pas être assez méchant pour vous révéler pourquoi Meehan-Donaldson a trahi l’IRA, ses amis et sa terre. On saura (en tout cas ceux qui n’ont pas lu les livres), au bout de la confession de Tyrone, qu’un mensonge originel peut constituer un poison qui vous ronge jusqu’au fond de l’âme, et qui vous condamne plus inexorablement que toute justice humaine. Fascinant comme une tragédie grecque.
Une phrase
Tyrone Meehan : « Lorsque le petit Français me regardait, je m’aimais. Je m’aimais dans ce qu’il croyait de moi ».

RECOMMANDATION : BON

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