En son temps François Mitterrand fut l'objet d'admiration et de dégoût. Lui succéda Jacques Chirac qui fit beaucoup ricaner. Vint ensuite Sarkozy qui en énerva plus d'un. Puis Hollande qui ne suscita que du mépris.
Avec Macron c'est tout à fait autre chose : de la haine selon Domenach et Szafran. Il sera, selon toute vraisemblance, réélu. Pas pour ce qu'il est (un prédicateur doué) ni pour son programme (il n'en a pas).
Il ne devra sa probable victoire qu'au rejet de ses adversaires d'extrême-droite qu'ils s'appellent Marine Le Pen ou Éric Zemmour. La gauche, l'extrême-gauche, les écologistes, les macronistes restés fidèles et les écologistes feront bloc derrière lui pour barrer la route à la "peste brune". Mais ça ne vaut pas adhésion à Macron : il sera élu, s'il est élu, par défaut !
Et la haine ne pourra que croître pendant son éventuel et prochain quinquennat. Macron a du talent. Mais son talent est aussi sa principale faiblesse. En 2017, il a eu les Français à l'esbrouffe. En leur promettant du neuf. Il a pris modèle sur le joueur de flûte de Hamelin raconté par Grimm. Avec ses sons mélodieux, ce joueur a entraîné derrière lui les enfants de la ville et on ne les a jamais plus revus. Les Français ne pardonneront pas à Macron de s'être fait avoir alors et de se faire avoir, contraints et forcés une deuxième fois en 2022.
On a mal pris la mesure du ressentiment accumulé sur la personne de Macron. Il est, tous les sondages l'attestent, perçu comme prétentieux, arrogant, éloigné du peuple. C'est bien à tort que l'on a assimilé le mouvement des Gilets Jaunes comme une révolte contre la taxe carbone : ils luttaient aussi, souvent maladroitement, pour leur dignité.
On aurait également tort de ne voir dans les "convois de la liberté" que des convois de complotistes anti-vax. Là aussi, et de façon confuse, les protestataires estiment combattre pour la liberté. La réponse du gouvernement ("des convois de la honte" selon Clément Beaune) n'a fait que les humilier et attiser leur colère.
Ce mouvement n'est certes que parcellaire. Mais tout comme celui des Gilets Jaunes il est la partie émergée de l'iceberg. En dessous, il y a une masse explosive de ressentiments qui se manifesteront très vite après le deuxième tour de l'élection présidentielle. Les manants, les gueux, les vilains, surgiront à nouveau sur le devant de la scène. Il est injuste de dire que Macron est un danger pour la démocratie, mais avec lui la démocratie est en danger.
PS : Si les choses devaient se gâter, le chef de l'État fera surement appel aux conseils du cabinet McKinsey.
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