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"La Collection" :  Brillant, drôle, attachant, avec un grand Nicolas Vaude
©Reuters

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Quand l'une des 2 ou 3 meilleures pièces d'un des 2 ou 3 meilleurs auteurs anglais des 65 dernières années est remarquablement montée, comme c'est le cas pour cette version de "La Collection", de Pinter, alors, si vous le pouvez, profitez-en...

Danielle Mathieu-Bouillon pour Culture-Tops

Danielle Mathieu-Bouillon pour Culture-Tops

Danielle Mathieu-Bouillon est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THEATRE
LA COLLECTION
de Harold Pinter
Adaptation d’Eric Kahane
Mise en scène : Thierry Harcourt
Avec Sara Martins – Davy Sardou
Nicolas Vaude – Thierry Godard

INFORMATIONS

Théâtre de Paris
Salle Réjane
15, rue Blanche 75009 Paris
Du mardi au samedi à 19h
Dimanche à 17h
Réservations : 01 42 80 01 81/ www.theatredeparis.com

RECOMMANDATION : EXCELLENT

THEME 

 A Londres, dans un univers feutré et bourgeois, Harry, la quarantaine, vit avec Bill, jeune designer, tandis que non loin de là, habitent James et son épouse Stella, elle aussi designer. En pleine nuit, Harry est réveillé au téléphone par un mystérieux inconnu qui veut parler à Bill. Sur un mode de thriller psychologique, Harold Pinter entraîne le spectateur dans l’univers du mensonge et de la jalousie.

POINTS FORTS

1 – Thierry Harcourt réussit une mise en scène brillante, élégante, qui conserve à la fois mystère et dangerosité dans un monde très policé. Le dialogue de Pinter est ciselé, aiguisé comme un rasoir, à la fois drôle et déroutant. Une très belle direction des acteurs, qui sont remarquables.

2 – James (Nicolas Vaude) apparaît comme le piano conducteur de l’intrigue. C’est lui qui incarne le doute, le questionnement, même en pleine nuit. C’est lui qui se fait intrusif, qui force la porte de Bill. Nicolas Vaude est d’une rigueur absolue en dépit de sa grande originalité naturelle. Il est à la fois énigmatique et drôle, autoritaire, voire dangereux, avec une sorte d’humour désespéré.

3 – Bill est plus jeune, un brin cynique, un tantinet joueur. Davy Sardou déploie son charme, sa sensibilité dans ce personnage séduisant qui aime dérouter son entourage. 

4 - Harry est le plus concret des trois hommes, mais il sait se montrer cinglant avec Bill. Thierry Godard,  dense et solide, est parfaitement crédible dans le rôle de celui qui parvient à calmer le jeu, sans être dupe des questions demeurées en suspens. 

5 - Quant à cette Stella, joliment incarnée par Sara Martins, apparemment douce et silencieuse, n’est-elle pas, en définitive, la grande manipulatrice de toute cette étrange aventure ? Et si oui, Pourquoi ?

POINTS FAIBLES

Je n’en ai pas noté.

EN DEUX MOTS

C’est un spectacle brillant, attachant, drôle et qui nous promène entre fausses vérités ou vrais mensonges, ouvrant même de nouvelles voies  dans le mystère qui réunit ces étranges couples. On plonge avec délices dans la mystification, portée ici au rang des Beaux arts, par le charme du dialogue percutant et incisif de Harold Pinter. A voir, absolument.

EXTRAIT :

« Bill (décroche le téléphone) : Allo ?

Voix d’homme : C’est vous, Bill ?

Bill : Oui.

Voix : Vous êtes chez vous ?

Bill : Qui est à l’appareil ?

Voix : Ne bougez pas, j’arrive tout de suite.

Bill : Qu’est-ce que ça veut dire ? Qui est à l’appareil ?

Voix : Dans deux minutes. D’accord ?

Bill : Ce n’est pas possible. J’ai des invités.

Voix : Ça ne fait rien. Nous irons dans une autre pièce. »

L’AUTEUR 

Né à Londres le 10 octobre 1930, Harold Pinter est indéniablement l’un des dramaturges anglais les plus importants du 20ème siècle. Il est admis en 1948 à l’Académie Royale d’Art Dramatique. En 1950 il publie ses premiers poèmes. En 1957, il commence à écrire pour le théâtre. La consécration arrive avec «Le Gardien» (1959). A Paris, c’est la création, au Théâtre Hébertot de « La Collection » et « l’Amant » qui lance l’engouement du public et l’interrogation de nombreux dramaturges de l’époque qui reviendront plusieurs fois voir la pièce, sentant que quelque chose a changé dans l’écriture dramatique.

Harold Pinter a aussi écrit des pièces radiophoniques et des scénarios pour le cinéma et la télévision. Parmi les plus célèbres : « The Servant » (1963), "The Accident » (1967), « The Go-Between » (1971), « The French Lieutenant’s Woman » (1981). 

Il reçoit le Prix Nobel de Littérature en 2005. Il meurt à Londres le 24 décembre 2008. 

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