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 Bâtiment, immobilier, transports : ces vraies initiatives pour une ville plus durable
©Reuters

Ville de demain

Depuis 2006, Novaxia cherche à transformer les villes et de remédier à la pénurie de logement. Joachim Azan, Président-Fondateur de Novaxia, répond aux questions d'Atlantico et évoque ce à quoi pourrait ressembler la ville de demain.

 Joachim Azan

Joachim Azan

Joachim Azan est le Président-Fondateur de Novaxia. Il est diplômé d'expertise comptable et a plus de 20 ans d'expérience en banque, conseil et investissement sur des problématiques patrimoniales complexes, en fusions-acquisitions et au sein de Family Office. 

Il crée Novaxia en 2006 après avoir constaté les phénomènes croissants de surpopulation urbaine des grandes métropoles et d'obsolescence immobilière. Il a comme vocation d'offrir à l'ensemble de l'écosystème immobilier des réponses adaptées à ses besoins en "réinventant la ville sur elle-même", transformant friches industrielles, terrains pollués ou immeubles obsolètes en nouveaux lieux de vie : logements, hôtels, mais aussi résidences, lieux de culture, commerces ou immeubles de bureaux/coworking, etc.

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Atlantico : Comment travaillez-vous sur la transformation urbaine ?

Joachim Azan : Nous nous sommes construits sur une idée simple : il y a une pénurie de logements et une sur-offre de bureaux dans les villes. De ce fait, nous avons choisi de transformer des bureaux obsolètes, énergivores, inadaptés à leur environnement, en logements. Nous tenons compte de la rareté du foncier et évitons l'étalement urbain en transformant la ville sur elle-même. Transformer la ville c’est aussi apporter des solutions à de nouveaux besoins, de nouveaux usages. C’est, par exemple,  le cas du co-working et du co-living, qui sont apparus dans les villes il y a moins de dix ans. 

Comment la lutte contre l'obsolescence des bâtiments permet d’améliorer leur empreinte écologique ? 

Prenons quelques chiffres : le bâtiment produit un tiers des émissions de CO2 et 85% des déchets. Concrètement, nous ne détruisons pas les bâtiments, nous les conservons : c'est notre premier acte écologique ; car la phase de démolition d'un bâtiment est très gourmande en CO2. Nous avons choisi de conserver  l'Hôtel du département du 92 au lieu de le démolir. Ce choix nous a permis d’économiser 1350 mètres cubes de sable, une ressource épuisable, non renouvelable et en voie de raréfaction. 1350 mètres cubes de sable, c'est l'équivalent d'une plage de 13 mètres de long - la largeur des champs Élysées. De plus, la réhabilitation d'un bâtiment permet d'avoir près de 40% d'économie de CO2 par rapport à sa démolition.

Donc pour vous la ville de demain est une ville où l'économie circulaire sera au cœur des préoccupations ? 

La ville de demain sera circulaire. On ne sera plus dans la logique de jeter, démolir et repartir d'une copie blanche. Les permis de démolir seront probablement remplacés par des permis de transformation, il nous faut travailler sur l’existant. L'enjeu de la ville de demain sera aussi la concentration plutôt que l'étalement urbain. Enfin, la ville de demain sera également responsable à travers un ensemble de pratiques chez les investisseurs qui vont concilier les créations de valeurs sociétales et écologiques, avec la création de valeur économique. 

Comment allier économie circulaire et accessibilité immobilière ? 

Quand on parle d'économie circulaire et de réemploi de matériaux, on s’approche d'une forme de location. Aujourd'hui on achète les matériaux de construction, mais demain on pourrait les louer et les rendre à la fin de l'exploitation comme  on le fait déjà pour des biens de consommation courante. Michelin le fait d’ailleurs en louant ses pneus. Le foncier pourrait ne plus être lié au bâti. Les deux pourraient ne plus appartenir au même propriétaire. C’est déjà le cas à Londres.  Cette pratique est inscrite dans une proposition de loi du député Jean-Luc Lagleize. Concrètement, les communes et les établissements publics seraient propriétaires de la terre, tandis que les ménages ne le seraient que du bâti. La raréfaction du foncier n'engendrerait plus un coût exponentiel pour les ménages :  ils ne financeraient que les logements qu'ils occupent et donc plus la terre. De tels dispositifs existent déjà, comme les baux à construction, mais ils sont sous-exploités.

Quelles sont les autres pistes qui pourraient permettre de concilier écologie et approche sociale de la ville ? 

La première piste consiste à développer l’urbanisme temporaire. Cela signifie exploiter les 1,5 million de mètres carrés qui sont vides, plutôt que fabriquer de nouvelles structures. Produisons des occupations temporaires dans les mètres carrés vides. Deuxième piste : il faut travailler sur le taux d'utilisation des bâtiments. Les collèges et les lycées sont fermés le week-end, les soirs, et les vacances scolaires. On pourrait trouver un usage aux friches industrielles. Il pourrait être envisager de mettre des bâtiments publics au service des associations, lorsqu'ils sont disponibles. Cela augmenterait leur taux d'utilisation. Troisième piste : nous pourrions développer des plateformes pour le recyclage et la revente des matériaux de construction. Enfin, même si certains l’intègrent déjà, il faut continuer à acculturer la nouvelle génération d'architectes à intégrer la réversibilité des bâtiments dès leur conception. 

La ville est-elle dépendante des évolutions sociétales ? 

La ville est le reflet des changements d’usage et des mentalités. A quoi ça rime de faire des heures de transport alors qu'on pourrait travailler près de chez soi dans un cadre dédié ? Le télétravail va-t-il devenir la norme dans 30 ou 40 ans ? Dans quelle mesure aurons-nous encore besoin de bureaux ? Où travaillera-t-on ? dans un centre de co-working ? près de chez soi ? Le salariat sera-t-il encore la norme dans 30 ans ou sera-t-on dans le free-lance comme nouveau modèle ? Tout cela aura des impacts très forts sur la ville, son organisation ses modes de transport.

Le salon international de l'immobilier se tient en ce moment. Quelle est la priorité de Novaxia qui y participe ?

Notre priorité est d’améliorer notre empreinte écologique. Nos  investisseurs sont de plus en plus en attente de projets qui ont une dimension responsable. Notre  outil "d'impact-investing" qui comprend une grille de 15 critères environnementaux nous permet de parfaitement évoluer l’impact de nos activités.  Dans le cadre de l'Hôtel du département du 92, si l'on vous dit simplement que cela économise du CO2, vous ne visualisez pas forcément l’intérêt. Cela équivaut pourtant en économie carbone à un aller-retour Paris-Barcelone pour tous les habitants de la ville de Nanterre, rien qu'en transformant plutôt qu'en détruisant. La quantification est un moyen de véritablement mettre en avant les actes plutôt que les paroles. Il faut maintenant diffuser ces pratiques dans le secteur de l'immobilier : donner le réflexe aux professionnels de penser à l'écologie. Pour cela, on pourrait étendre les clauses environnementales et sociales dans les marchés publics, qui pour l'heure ne sont présentes que dans 8% des offres publiques. Cela serait un bon message d'exemplarité. 

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