Perrier stoppe la production de ses bouteilles d’un litre après la contamination de plusieurs puits<!-- --> | Atlantico.fr
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Les autorités s'interrogent alors désormais sur l'avenir même de l'activité de production des eaux minérales naturelles de Nestlé sur son site gardois
Les autorités s'interrogent alors désormais sur l'avenir même de l'activité de production des eaux minérales naturelles de Nestlé sur son site gardois
©FABRICE COFFRINI / AFP

Enquête

La production de plusieurs puits étant suspendue ou arrêtée, plus aucune bouteille d’un litre ne sort de l’usine de Perrier. Les autorités s’interrogent sur le renouvellement de l’autorisation d’exploitation des sources de Vergèze.

Selon les informations de la cellule investigation de Radio France et du Monde, après avoir appris en avril dernier, l'arrêt d'un des puits de l'usine suite à la survenue d'un épisode de contamination, il s’avère que deux autres captages ont récemment subi des opérations de désinfection qui ont impacté les activités de production.

Interrogé sur ce point par la cellule investigation de Radio France, le groupe Nestlé a évoqué une "opération de maintenance régulière". Deux autres forages, sujets à des contaminations régulières, ont quant à eux, définitivement arrêté de produire la marque Perrier. Cependant, l'entreprise a obtenu par arrêté préfectoral, le droit de les consacrer à la production d'une nouvelle boisson gazeuse baptisée Maison Perrier, qui, elle, ne bénéficie plus de l'appellation eau minérale naturelle.

Sur les sept puits exploités il y a quelques mois encore, pour produire la marque Perrier, une majorité est donc aujourd'hui, soit dédiée à la production d'une autre marque, soit suspendue, soit hors service. Selon les informations recueillies par Radio France, la conséquence directe de cette situation est l’arrêt par l'entreprise de la production des bouteilles de "Perrier vert" d'un litre, qui représente les plus gros volumes de la marque. Cette situation devrait perdurer au moins jusqu'à la fin de l'été. Selon une source proche du dossier, afin de maintenir sa présence en magasin pendant les mois de juillet et d'août, la marque multiplie les petits formats.

Le 30 mai dernier, une visite inopinée a par ailleurs eu lieu dans l'usine, à l'initiative de l'agence régionale de santé (ARS) d'Occitanie et de la direction départementale de la protection des populations (DDPP). Huit inspecteurs ont ainsi conduit, sous l'œil attentif des avocats de la firme, une inspection pointilleuse de l'usine, de ses forages et de son laboratoire d'autosurveillance de la qualité de l'eau, ainsi que des opérations de contrôle des étiquettes. Pour l’instant, les résultats de ce contrôle n'ont pas été rendus publics.

Cette suspension de deux forages pour désinfection est intervenue alors que déjà, le 19 avril dernier, le préfet du Gard avait demandé à la firme de suspendre sans délai l'exploitation d'un autre captage, dit "Romaine VIII". Ce dernier présentait "un épisode de contamination sur plusieurs jours par des germes témoins d'une contamination d'origine fécale", pouvant "faire courir un risque pour la santé des consommateurs".

Les services de l'État avaient également ordonné la destruction d'un lot d'au moins deux millions de bouteilles de Perrier. Mais selon les informations de l’enquête menée par Le Monde et Radio France, ce chiffre était plus proche des trois millions. Le groupe Nestlé l’a d'ailleurs confirmé. Ce dernier évalue désormais, "après inventaire" à 2,9 millions le nombre de bouteilles détruites. "Ces bouteilles, bloquées en application du principe de précaution, n'avaient jamais été mises sur le marché", précise l'entreprise.

Après les révélations du Monde et de la cellule investigation de Radio France, l'entreprise Nestlé assurait avoir engagé un plan de transformation de ses usines, en accord avec les autorités. D’après la réglementation, les eaux minérales naturelles sont censées provenir de ressources préservées de toute forme de pollution. Face à la dégradation généralisée des nappes, les autorités s'interrogent alors désormais en coulisses sur l'avenir même de l'activité de production des eaux minérales naturelles de Nestlé sur son site gardois. Le retrait des autorisations d'exploitation de l’entreprise, en cours d'instruction, n'est plus exclu. Si cela devait être confirmé, la marque Perrier pourrait être menacée de disparition.

Face à l'incertitude qui pèse désormais sur l'avenir de leur usine et de ses 1 000 salariés, les syndicats ont, selon nos informations, enclenché leur droit d'alerte prévu, selon le Code du travail, lorsque le CSE a connaissance "de faits de nature à affecter de manière préoccupante la situation économique de l'entreprise". Interrogée à propos de ces inquiétudes, la direction du groupe Nestlé s'est montrée rassurante : "Nous avons investi significativement, et continuerons de le faire, pour protéger ce patrimoine unique et assurer son avenir."

Franceinfo

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