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Vous êtes plutôt naturiste ou bouddhiste ? Plutôt Saint-Tropez ou la Trinité (comme les Le Pen) ? Les hebdos vous emmènent en vacances
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi des nouvelles de Tunisie, où la jeunesse gronde, de l’affaire Cahuzac et des riches, ces très très très riches qui font mumuse avec des sous-marins.

Astrid Eliard

Astrid Eliard

Astrid Eliard est journaliste et écrivain. Elle est auteur de Nuits de noces, et de Déjà l’automne (Mercure de France).

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frivoles. Pas de Challenges cette semaine, et le numéro spécial « sexe » des Inrocks – qui n’était déjà pas très frais – va rester en kiosque encore quinze jours.  Calendrier oblige, cette revue de presse aura donc un petit goût de vacances, de voyage même.

Le Point nous emmène alors en Corse, visiter une villa de rêve, au dessus de Porto Vecchio, L’Express a choisi le Périgord. Au programme : grottes préhistoriques et étapes sur le chemin de Compostelle. Plus atypique : Télérama nous livre un reportage sur le naturisme au camp de Montalivet en Aquitaine. L’article, très sérieux, nous conte l’histoire du lieu – à l’origine un terrain dévasté par les incendies, que la seconde guerre mondiale avait marqué de barbelés, devenu un petit paradis planté de pins -, son éthique anti-textile et écolo, le tout agrémenté des témoignages de Jacqueline, qui s’éclaire à la bougie et peste contre les bornes Wi-Fi récemment installées sur le site. Le plus amusant (le plus touchant ?) c’est que le journaliste lui-même a dû tomber chemise, pantalon et caleçon pour mener son reportage. Il nous raconte comment il s’est peu à peu habitué à la nudité : « Comme pour entrer dans l’eau froide de la côte du Médoc, on a dû opérer en plusieurs temps, en commençant par la plage (…) Fastoche. Deuxième étape, rester nu dans le camp. Moins évident, alors on s’est promené à bicyclette. Juché sur la selle protégée par une serviette, cela permet de garder une distance. De prendre un peu de hauteur. Une bicyclette, ça habille, malgré tout. » L’Express nous vend des vacances d’un autre style, celles du clan Le Pen à la Trinité-sur-Mer. L’hebdo nous dit tout sur leurs habitudes, leurs adresses – restos ou boîtes de nuit (les Le Pen sont des sacrés fêtards !) – réseau, amitiés. Et si, dans ce petit port très huppé du Morbihan, ils ont beaucoup d’amis, ils comptent au moins autant d’ennemis, et particulièrement dans le milieu pourtant incontournable de la voile. « Leur seul patronyme fait fuir tout concurrent de la Route du Rhum », écrit Tugdual Denis.

Un sous-marin c’est plus marrant

Le Nouvel Observateur nous propose un autre voyage, plus exotique, chez les très très riches, ce petit club des 1426 milliardaires, selon un recensement de Forbes. L’enquête est une sorte de safari dans un pays méconnu, où l’on creuse des piscines souterraines, où l’on achète comme au Monopoly des hôtels particuliers de 1000 mètres carrés à Londres, Hong Kong ou Paris, pour y passer à peine trois jours par an. L’hebdo classe ces milliardaires selon plusieurs catégories. Il y a le geek en tongs et t-shirt cradingue comme Mark Zuckerberg (doté tout de même d’ « une maison à 7 millions de dollars »), qui a pour modèle les « ascètes » Steve Jobs ou Bill Gates. Il y a aussi le Russe bling-bling qui joue au golf sur son yacht, et le collectionneur d’art, qui se rêve en François Pinault. Pour ce dernier, « le nec plus ultra ? Avoir un artiste à dîner. »  L’Obs nous révèle une autre tendance lourde chez le milliardaire : le sous-marin de plaisance. Roman Abramovitch en possède un.

Restons zen

Vanité des vanités ! Si vous voulez prendre un peu de hauteur, plongez-vous dans L’Express, qui propose un dossier sur les sagesses asiatiques. Olivier Le Naire décrypte la vogue des livres sur le zen, des cours de yoga, et autres « marchands de sérénités exotiques ». « Dans un Occident miné par le stress, où l’on voue un culte au bien-être et à la quête de soi, comment s’étonner du succès de ces sagesses qui aident à vivre mieux ? Surtout quand, telles qu’on les pratique en France, celles-ci relèvent plus de l’intérêt philosophique ou du travail corporel que de la religion. » Le dossier, doublé d’un guide pratique un peu fourre-tout sur les arts-martiaux, le yoga et le yin et le yang, est surtout intéressant parce qu’il pointe un paradoxe de notre société. Beaucoup embrassent le bouddhisme dans un but narcissique – c’est l’accomplissement de soi – alors que cette sagesse prône le renoncement de soi. Interviewé, l’écrivain Frédéric Lenoir explique : « On va bien souvent utiliser les techniques du bouddhisme, notamment la méditation, comme outil de développement personnel : notre « moi » va se nourrir de ces méthodes pour s’affirmer encore davantage, alors que le but de la pratique bouddhiste vise à la dissolution de ce « moi », considéré comme illusoire. » 

Quel manipulateur êtes-vous ?

Si la philo fait vendre du papier l’été - la semaine dernière, le Point faisait sa Une sur Aristote et Platon - la psychologie n’est pas en reste. Dans la presse, l’été, le divertissement intellectuel l’emporte sur l’information. Comment on nous manipule ? interroge Le Point. La vraie question serait plutôt : comment vous manipulez. Car la manipulation est aussi quotidienne que l’air que vous respirez. « La manipulation reste l’ultime recours dont disposent ceux qui sont dépourvus de pouvoir ou de moyens de pression.  Nous manipulons chaque jour une poignée de gens que nous rencontrons. Notre enfant afin qu’il fasse son lit, notre voisin afin qu’il arrose notre plante pendant les vacances (…) Il n’y a pas de vie sociale sans manipulation, pas d’échange, de conversation, de discussion sans qu’une personne tente d’en manipuler une autre. Obtenir d’un autre qu’il fasse ce qu’on souhaite le voir faire et qu’il ait, ce faisant, l’impression d’avoir librement consenti à ce choix. » Vous suivez ? Pour la pratique, on vous renvoie aux exemples cités dans le dossier. En chacun de nous sommeille un petit dictateur. A ce propos, dans l’Express toujours, Clément Pétreault décrypte l’art du storytelling, sport national des dictateurs… mais aussi de tous les élus politiques.

La Tunisie en colère

Au détour d’une page, on tombe sur des jeunes tunisiens en colère dans l’Express ou dans l’Obs, et on se rend compte qu’en dépit de l’été, le monde continue de tourner. L’assassinat de Mohamed Brami, un député de la gauche nassérienne, a laissé la Tunisie en ébullition – et plus particulièrement les jeunes, qui avaient fait souffler le vent du printemps arabe en 2010. « Ils sont bien décidés à reprendre « leur » révolution en main », écrit l’Express. C’est l’incompétence des islamistes à gérer le pays qui est montrée du doigt, ainsi que la situation économique. Interrogé par Le Nouvel Observateur, le politologue Hamadi Redisi déclare : « Nous saurons dans les jours qui viennent si Ennahda est un véritable parti politique ou si c’est une bande d’aventuriers. Et nous le saurons de deux façons : s’ils utilisent la violence et s’ils s’agrippent au pouvoir ». Pour le moment, le gouvernement refuse de démissionner, et la révolte pourrait bien se muer en révolution. Encore une.

La bombe Cahuzac

Sinon, L’Obs et l’Express nous donnent quelques nouvelles de l’affaire Cahuzac et du fiasco de la commission d’enquête parlementaire. Dans son édito, Christophe Barbier dénonce les « échecs et les carences » de la commission de Courson.  « Rapporteur et président à couteaux tirés, députés empilant leurs questions sans logique, partialité des deux bords et redondances de tous : de telles commissions ne devraient pas s’appeler « d’enquête », mais « d’interrogatoire » ! Celle-ci a perdu du temps à traquer Cahuzac sur le territoire réservé aux juges. » Dans l’Express toujours, Elise Karlin en analyse les conséquences : une commission qui explose en vol, non sans savoir déposé une petite bombe dans la majorité, et mis dans l’embarras Pierre Moscovici, à qui on reproche vivement d’avoir couvert Cahuzac en plein scandale.

Des banlieues électriques

La trêve de l’été ne peut pas grand-chose non plus contre la « guerre du voile » qui s’est « rallumée » dans les banlieues chaudes. A Argenteuil comme à Trappes - où le contrôle d’une femme en niqab a viré à l’émeute - la population est à cran. Dans une enquête, Le Nouvel Observateur raconte comment l’agression  de deux femmes voilées a tourné à la psychose. Parce que les agresseurs courent toujours, on se demande s’ils ne sont pas protégés par la police, voire s’ils n’en font pas partie… L’affaire, brûlante, a été récupérée par des groupes radicaux, qui appellent la population au couvre-feu, à la méfiance, à « ne pas attendre que la justice fasse son travail. » Dans cette banlieue où la République s’est fissurée, «  on ne les reprendra pas à voter pour la gauche », conclut l’hebdo.

A lire aussi cette semaine, un reportage dans Télérama dans une famille espagnole qui raconte « sa crise »,  une enquête du Point sur la « réserve parlementaire », une enveloppe rondelette distribuée aux élus utilisée en sous-main pour recruter des suffrages... Enfin, on vous conseille, dans l’Express, l’entretien de Vinton Cerf, ingénieur génial à l’origine d’internet et actuellement vice-président de Google. Pour la photo, il pose en costume trois-pièces et chaussé de lunettes « connectées au Réseau ». Il prône internet pour tous, jusque dans les déserts africains, défend Google d’avoir collaboré avec la National Security Agency et participé à la surveillance de la Toile. Avec un flegme déconcertant, il a réponse à tout, toutes les critiques, toutes les zones d’ombre, tout ce qui nous effraie chez Google. Lui voit ce géant comme une fantastique utopie, où les voitures se conduisent toutes seules et où l’intellect d’un être humain pourrait se télécharger dans une machine, lui offrant une sorte d’immortalité… 

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