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Téléspectateurs analysés 
sur les réseaux sociaux
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La minute "Tech"

Aux États-Unis, de jeunes entreprises innovantes utilisent les réseaux sociaux pour savoir ce que les téléspectateurs disent des programmes qu’ils sont en train de regarder. Trois milliards de commentaires sont analysés chaque mois. En quasi temps réel.

Nathalie Joannes

Nathalie Joannes

Nathalie Joannès, 45 ans, formatrice en Informatique Pédagogique à l’Education Nationale : création de sites et blogs sous différentes plates formes ;  recherche de ressources libres autour de l’éducation ;  formation auprès de public d’adultes sur des logiciels, sites ;  élaboration de projets pédagogiques. Passionnée par la veille, les réseaux sociaux, les usages du web.

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Quantifier le nombre de personnes qui regardent une émission à un moment donné, c’est banal depuis une soixantaine d’années. Pouvoir lire et analyser ce qu’ils en disent sur les réseaux sociaux – Facebook et Twitter mais pas seulement – c’est une innovation récente.

Depuis quelques années déjà, des logiciels comme Viralheat collectent des dizaines de milliers de tweets et messages sur Facebook en essayant de détecter dans cette masse textuelle des opinions sur des personnes ou des produits. Le pistage des réputations sur le web s’est développé avec l’expansion des blogs au début des années 2000 mais l’instantanéité, le mode de propagation et la fugacité des contenus de Twitter sont des phénomènes émergents qui appellent des solutions inédites. Empiler des avis assez vagues et stagnants en utilisant un filet de pêcheur, c’est bien. Sélectionner des jugements ciblés et volatiles avec un tamis, c’est mieux.

Des réseaux dédiés aux programmes

Les premières approches pour affiner  la vox populi numericus ont consisté à construire, en 2009, des réseaux sociaux dédiés aux programmes télévisés. Ainsi fonctionne GetGlue, sur le modèle de Foursquare, que vous utilisez tous les jours chaque fois que vous allez acheter votre baguette de pain : le téléspectateur s’inscrit, rédige un message pour dire ce qu’il est en train de regarder, invite (ou pas) ses « amis » à regarder la même série ou consulte les avis d’autres personnes sur les autres séries qu’elles sont, elles, en train de regarder et l’internaute peut recevoir en badge en cadeau. Ceci n’est rien d’autre que de la recommandation. D’ailleurs la principale information récoltée par la start up newyorkaise qui a lancé GetGlue, c’est que 70% des téléspectateurs internautes s’expriment à partir de terminaux mobiles, smartphones ou tablettes. Facebook a implémenté en 2010 une application de streaming qui affichait des objectifs similaires : inciter les internautes à parler de ce qu’ils regardent. Avec l’adjonction toute récente des fonctionnalités de Skype, Facebook devrait disposer des mêmes outils que GetGlue. Mais ce n’est toujours que de la recommandation.

Un peu plus drôle car délicieusement anachronique, Qlipso ressuscite Second Life, une plateforme de dédoublement numérique qui mit les geeks en pâmoison en 2003 avant qu’ils lui appliquent la fatwa de ringardise aussi rapidement et arbitrairement qu’ils s’en étaient épris. Qlipso, donc, se fréquente à travers des avatars en 3D que l’on active en regardant un film et avec lesquels on gagne et dépense de l’argent virtuel en interagissant avec d’autres avatars de téléspectateurs. Le fondateur de Qlipso jure que les 13 millions de visiteurs de sa plateforme ont doublé le nombre de vidéos regardées et la durée moyenne de contemplation des programmes, de dix à vingt minutes. Mais si ce réseau social ajoute de l’engagement à la recommandation, il est plus proche du jeu en ligne que de la sémiotique à l’intention des producteurs de télévision et du marketing.

Ethologie du téléspectateur

La dernière avancée dans l’observation des téléspectateurs internautes vient d’être accomplie par la start up californienne Bluefin avec une infrastructure qui associe des algorithmes particuliers, le social graph (cartographie des interactions en ligne), les bases de données, la sémiologie et les sciences cognitives. De quoi se livrer à une véritable éthologie du téléspectateur. (L’éthologie étant, comme chacun sait, l’observation scientifique des comportements des espèces animales.)

Concrètement, Bluefin Signals – c’est le nom de l’outil – répertorie tous les programmes de télévision, lance ses moteurs de recherches spécialisés sur les réseaux sociaux et analyse, pour l’instant, trois milliards de commentaires et tweets par mois. Alors que les outils concurrents se contentent de dire « Il y a 7000 commentaires négatifs et 1 commentaire positif », Bluefin Signals produit un contexte, une mesure de l’attention, des moyens de comparaisons sophistiquées.

Le contexte : combien de téléspectateurs commentent les programmes par genre de programmes (une fiction n’est pas dans le même univers télévisuel et mental qu’un documentaire). L’attention : elle se mesure, pour chaque programme, à travers les commentaires et la durée de leur propagation instantanée. Ainsi, la finale du championnat de basket NBA a obtenu, le 24 mai dernier, 45 % d’attention soutenue de la part des internautes contre 6%, au même moment de diffusion pour « American Idol ». Les comparaisons : fouiller dans les données à la recherche d’indices sur les genres télévisés, sur les raisons qui font qu’à l’intérieur d’une même catégorie, un contenu obtient plus d’attention que les autres.

Le marketing et le conseil en investissements publicitaires sont les premiers et principaux destinataires de cette observation qualitative des audiences. Les producteurs de télévision y trouvent aussi des enseignements utiles pour limiter le risque de multiplier les « bides » retentissants.

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