« Submergée » par le trafic de drogue, la France sur un mauvais rail<!-- --> | Atlantico.fr
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Des policiers français lors d'une "opération de nettoyage XXL" (Place Nette), lancée dans plusieurs villes du pays pour lutter contre le trafic de drogue, dans le quartier Saint-Eloi à Poitiers, dans le centre-ouest de la France, le 3 avril 2024.
Des policiers français lors d'une "opération de nettoyage XXL" (Place Nette), lancée dans plusieurs villes du pays pour lutter contre le trafic de drogue, dans le quartier Saint-Eloi à Poitiers, dans le centre-ouest de la France, le 3 avril 2024.
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Coke en stock

Un rapport du Sénat alerte sur le risque d’une transformation de la France en « narco-État » violent et corrompu, où cocaïne et drogues de synthèse seraient omniprésentes. On va regretter la dispute bon enfant sur le cannabis récréatif...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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On ne sait pas évidemment pas si les multiples recommandations du rapport du Sénat sur le trafic de stupéfiants seront un jour réellement mises en œuvre : les travaux dans ce genre, une fois la hype passée, finissent souvent par prendre la poussière sur une étagère.

On n’est d’ailleurs même pas certain qu’elles seraient vraiment efficaces : se doter d’une Drug Enforcement Agency « à l’américaine », par exemple, ça sonne bien sur le papier, mais les Américains ont en une, justement, et ça n’a pas l’air d’avoir réglé le problème des zombies qui hantent les rues de San Francisco

Mais le portrait que dressent ses auteurs, Jérôme Durain (PS) et Etienne Blanc (LR), d’une France en « narco-État en devenir » est saisissant. Ainsi, la « filière » générerait de 3,5 à 6 milliards d’euros de CA annuel, emploierait quelque « 240 000 personnes sur l’ensemble du territoire zones rurales comprises », serait directement responsable de 300 meurtres ou tentatives de meurtres par an, et provoquerait désormais l’émergence d’un « phénomène corruptif » chez certains des fonctionnaires chargés de lutter contre…

En face de ça, notre arsenal juridique serait inadapté et « bourré de failles », nos services spécialisés « éparpillés, négligés et sous-dotés », la coopération internationale « notoirement insuffisante » et nous aurions même, en de nombreux domaines, jusqu’à « 20 ans de retard » méthodologique sur la Hollande, pourtant le pays le plus avancé dans ce processus de sud-américanisation narcotique de l’Europe…

Les libéraux babas-cool dans mon genre, qui voient dans la légalisation du cannabis une piste d’assèchement partiel des recettes des trafiquants (piste que les rapporteurs n’explorent d’ailleurs pas), s’en trouvent d’ailleurs légèrement ringardisés, le développement inédit du marché de la cocaïne et, surtout, de celui des drogues de synthèses façon « Breaking bad », renvoyant le pétard à la weed artisanale du samedi soir à un problème presque anecdotique. La réindustrialisation, en fin de compte, ça n’a pas que du bon.

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