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Sarko et son complexe
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Revue de presse des hebdos

“ Complexe de Zorro ” pour l’un, “ syndrome de Pénélope ” pour les autres… tout le monde se penche cette semaine sur “ le cas Sarkozy ”, à grands coups de diagnostics et de “ révélations ” en tout genre. Gra-ti-né !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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“Un cavalier qui surgit hors de la nuit, court vers l’aventure au galop/Son nom, il le signe à la pointe de l’épée, d’un “ S ” qui veut dire Sarko ! ”… Irrévérencieux, le livre de Claude Allègre, “ Sarko ou le complexe de Zorro ” (Plon) ? En apparence… mais en apparence, seulement. “ Le Point ”, qui publie les bonnes feuilles de l’ouvrage, ne le cache pas : “ l’ancien ministre de Lionel Jospin et l’actuel chef de l’Etat nourrissent de l’estime l’un pour l’autre ”. Le magazine le précise au passage, l’air de rien : “ Nicolas Sarkozy a lu le livre de Claude Allègre, qui lui attribue le “ complexe de Zorro ”. C’est exceptionnel, dit-il, qu’il prenne directement connaissance d’un ouvrage dont il est le sujet. Le chef de l’Etat apprécie l’auteur. Un peu moins sa prose : “ Le livre est intelligent mais sévère ” ”. Sévère, vraiment ?


Sarko en Zorro, Fillon en Bernardo

Mais commençons par le début. “ Le héros qui se cache derrière Nicolas Sarkozy, écrit Allègre, est, à mon avis, Zorro. Le vengeur masqué, le cavalier qui surgit hors de la nuit pour défendre l’opprimé, rétablir la justice, pourfendre le mensonge. Ses principaux atouts ? Le courage, l’adresse, le sens de l’astuce, et surtout la rapidité dans ses prises de décision ”. Vous disiez “ sévère ” ? 

“ Mais Zorro est un héros solitaire, reprend Allègre : il agit seul et savoure seul sa gloire. Il a pour bras droit Bernardo, efficace, discret et surtout muet. N’est-ce pas l’idée que Sarkozy se fait de son Premier ministre — même s’il a, depuis peu, revu sa vision des choses ? ” Ouille, ça pique, là !

Les deux côtés de la médaille

Quel impact ce “ complexe ” a-t-il sur l’action du président ? D’après Allègre, “ cette stratégie va, dans un premier temps, se révéler très adaptée — et très payante — lorsqu’il s’agit de faire passer une loi, de réformer des institutions et, surtout, de désamorcer les crises internationales. Elle est beaucoup moins pertinente lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des réformes profondes et forcément lentes. Ce sont les deux côtés de la médaille. Lors des crises internationales (…) qu’il va affronter, Nicolas Sarkozy va se montrer exceptionnel. (…) A l’inverse, les réformes internes (…) vont buter contre l’opinion publique qui, par définition et par commodité, est conservatrice ”. Bon, et même “ exceptionnel ” à l’international, le président, à en croire Allègre, serait donc moins convaincant au plan national — mais cela, ajoute-t-il, en raison du “ conservatisme ” de l’opinion publique… Question : en définitive, Nicolas Sarkozy serait-il bon partout ?

“ Sarkozy mieux que Chirac et Mitterrand ”

C’est la conclusion — pour le moins étonnante — à laquelle aboutit l’ancien ministre socialiste. “ Le bilan de Sarkozy en matière de réformes n’est pas mince, poursuit-il, même s’il faut reconnaître qu’il comporte d’énormes malfaçons, pour ne pas dire d’échecs. Les réformes engagées sont plus importantes par les directions qu’elles ont commencé à tracer et les impulsions qui y ont été données que par les concrétisations positives ”. Et Allègre d’égréner quelques-unes des réformes institutionnelles engagées par le chef de l’Etat (“ donner la présidence de la commission des Finances puis celle de la Cour des comptes à l’opposition, nommer le principal conseiller de François Mitterrand Michel Charasse au Conseil constitutionnel, modifier la Constitution pour s’interdire d’exercer plus de deux mandats ”, etc.). “ Je crois pouvoir dire, résume-t-il, que ni Mitterrand ni encore moins Chirac n’auraient pris de pareilles dispositions. (…) Alors, toutes ces initiatives balaient les procès que l’on fait à Nicolas Sarkozy sur ses convictions démocratiques, et du même coup soulignent le sectarisme étroit du PS, qui a voté contre ces mesures ”. Sévère pour Zorro/Sarkozy, le livre d’Allègre ? Ra-va-geur !

La Pucelle et les deux corps du président

“ Ravageur ”, également, le “ reportage ” de l’écrivain Richard Millet, dans “ Le Point ”, toujours, sur le voyage du président à Domrémy-la-Pucelle. Comme la journaliste Marion Mourgue dans “ Les Inrockuptibles ”, l’auteur note que “ la Meuse est sortie de son lit ”. Entre les deux articles, les ressemblances s’arrêtent là. D’après “ Les Inrocks ”, “ Nicolas Sarkozy fait mine d’écouter, les épaules alourdies par le poids de l’histoire. Il pose en fait pour les photographes, le regard fixé à leur intention, le sourire affiché pour les magazines sur papier glacé. “ T’as vu, lance l’un d’eux, il nous a regardés, il m’a fait un clin d’œil. (…) Parfait, il nous a bien donné ! ” ”. “ Sans doute Giscard, Mitterrand et Chirac se sont-ils eux aussi mis en scène, relève de son côté Richard Millet : Sarkozy n’a pas le même rapport au corps. On le dit vibrionnant, tactique, brutal : il est rapide — certains diront que, d’une certaine façon, il est toujours en déplacement, donc “ moderne ”, qualité qui permet la résolution par le vertige, comme dans la crise ukrainienne de 2008, la guerre de Libye, la crise financière. La crise est le mode de l’existence sarkozienne, dont le corps quasi percussif fait oublier l’immobilisme brejnévien des seconds mandats de Mitterrand et de Chirac ”. Nicolas Sarkozy mieux que Mitterrand et Chirac, encore ! Millet, Allègre — et “ Le Point ” — sont raccord.

Un quinquennat à 500 milliards

“ Le Point ”, qu’on disait un temps pro-Hollande, aurait-il changé de braquet et décidé de soutenir le président sortant ? Pas si vite ! Quelques pages plus loin, le magazine de Franz-Olivier Giesbert publie un article-“ réquisitoire ” sur la gestion du président, inspiré, là encore, par la sortie d’un livre : “ Un quinquennat à 500 milliards ” de Mélanie Delattre et Emmanuel Lévy (Mille et Une Nuits). D’après les auteurs, “ depuis que Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, la dette de la France a augmenté de 630 milliards d’euros, passant de 1150 milliards à 1780 milliards d’euros. Enorme. L’Elysée, relayé par Bercy, met ces résultats sur le compte de la crise économique la plus grave depuis 1929. Trop facile, rétorquent Delattre et Lévy. S’appuyant sur des documents officiels, ils montrent que la crise de 2008, en abaissant les recettes et en grevant les dépenses, aurait alourdi la dette de 109 milliards d’euros. Mais le reste, entièrement imputable au président, s’élève à 520 milliards d’euros. Explications : “ Le budget dont a hérité Nicolas Sarkozy, à l’instar d’une voiture mal réglée (…), grillait 3,2 points de PIB ”. Plutôt que de “ soulever le capot pour régler la machine ”, l’Elysée a laissé filer. En ne freinant pas cette dérive, il a fait gonfler la dette de 370 milliards d’euros. Auxquels s’ajoutent 153 milliards, car “ le nouveau président a aussi appuyé sur le champignon ”. Nicolas Sarkozy, l’homme qui voulait mettre l’Etat à la diète, a fait bondir la dette publique de la France de 20 points (dont seulement 5,5 points imputables à la crise) ! ”

Nicolas Sarkozy et le syndrome de Pénélope

Duel, tout en contradiction, notre président ? D’après Mélanie Delattre et Emmanuel Lévy, il serait atteint du “ syndrome de Pénélope ” qui le pousserait inexorablement à défaire ce qu’il a fait parce qu’il “ n’a jamais eu de véritable substrat idéologique en matière économique ”. “ Quand il arrive en 2007 à l’Elysée, résume “ Le Point ”, Sarkozy est attiré par la Grande-Bretagne et ignore l’Allemagne. En fin de mandat, c’est tout le contraire. Elu en promettant de baisser les prélèvements obligatoires de 4 points, il a fait preuve d’une redoutable créativité pour inventer des impôts (…). L’acte économique fondateur du quinquennat, cela n’a pas échappé aux auteurs, c’est, bien sûr, la loi Tepa de l’été 2007. L’esprit en est limpide : il faut laisser les riches s’enrichir, car toute la société en profitera. (…) Le plus déconcertant, c’est que, dans une volte-face rare, le président va détricoter une partie de la loi Tepa. “ Même au pays de l’instabilité fiscale, on n’avait jamais vu une majorité défaire en fin de mandat ce qu’elle avait voté à son arrivée ” ”.

Le jeu des deux colonnes

Après les mots doux, les mots âpres… En couverture du “ Nouvel Obs ”, cette semaine : “ Ils ont travaillé avec Sarkozy. Ils disent tout ! ” Qui ça ? “ Dati, Morin, Hirsch, Boutin, Albanel, Karoutchi, Laporte, Alliot-Marie… ” Crunchy ? Assez piquant, même si l’article ressemble plus à une compil’ de tout ce que l’on a pu lire ici et là qu’à une véritable enquête. Citations — pas toujours “ sourcées ” — à l’appui, l’hebdo nous dépeint donc un Sarkozy “ content de lui ”, “ sans-gêne ”, “ affectif ”, “ humiliant, surtout avec ses fidèles ”, “ rancunier ”, etc., etc. De toutes les anecdotes rapportées, pour la route, on ne vous donnera que celle-là, assez glaçante, il est vrai : “ A l’automne 2010, alors que le Tout-Paris bruisse d’un vaste remaniement censé promouvoir Jean-Louis Borloo à Matignon, Nicolas Sarkozy se saisit d’une feuille blanche, en plein conseil des ministres. Il trace deux colonnes et commence à aligner les noms, avant de les rayer un à un à mesure qu’il dévisage les intéressés. Les ministres, blêmes, se glissent des petits bouts de papier tandis qu’en face du président, François Fillon, qui se croyait lui-même condamné, poursuit son exposé d’une voix monocorde. “ C’était d’une cruauté rare ”, résume un ex-ministre la voix encore tremblante ”. Brrrrr !

Respect : Bayrou number one, Mélenchon dernier

Et puisqu’on parle de mots, des vilains, des pas beaux, “ VSD ”, rebondissant sur la polémique “ sale mec ”, publie ce jeudi un sondage Harris Interactive où il apparaît, big deal !, que “ 88 % des Français considèrent le respect entre candidats comme important ”. Plus intéressant, ils sont 84 % à penser que “ la campagne 2012 ne se déroulera pas dans un climat respectueux ”. Selon l’étude, enfin, François Bayrou serait considéré par 54 % des Français comme le candidat le plus respectueux, suivi par François Hollande (43 %). Nicolas Sarkozy n’arriverait qu’en 9e position (30 %), derrière Dominique de Villepin, classé 6e (33 %), mais devant Eva Joly, 11e (27 %). Classés respectivement 14e et 15e, Marine Le Pen (20 %) et Jean-Luc Mélenchon (17 %) arrivent bons derniers

L’insulte, apanage des partis extrémistes en temps de crise

D’après l’historien Thomas Bouchet, spécialiste des “ noms d’oiseaux ” que se jettent à la tête nos politiques, interviewé par “ VSD ”, “ Cette pratique ne date pas d’hier. Il y a une vingtaine de siècles déjà, Cicéron était un virtuose redouté de l’insulte politique. En règle générale, les insultes fusent surtout dans les rangs des partis extrémistes et plus spécialement en période de crise : l’affaire Dreyfus, le scandale de Panama, le péril fasciste des années trente, la guerre froide… La période actuelle n’échappe pas vraiment à cette règle à la différence près qu’on assiste surtout à des attaques ad hominem, contre la personne plutôt que contre ses idées. C’est sans doute lié à la fois à la nature de l’élection présidentielle et aussi à la dépolitisation de l’insulte en politique, qui se banalise ”. Ca promet, on dirait.

A lire, encore

En bref : dans leur rapport annuel, les magistrats de la Cour des comptes auraient constaté “ des lacunes dans le ciblage, le pilotage et l’organisation des contrôles ” opérés par “ les services d’élite de Bercy ” en charge des grandes entreprises et des personnalités (“ Challenges ”).

25 000 sujets de Sa Majesté ont signé “ une pétition stipulant que, “ en conformité avec son héritage, les funérailles nationales de Margaret Thatcher devraient être financées et organisées par le secteur privé ”. Pas question de laisser le contribuable financer les quelque 3 millions de livres nécessaires aux funérailles ou alors, écrit une syndicaliste, “ on ne paiera que si elle est enterrée vivante ! ” ” (“ Obs ”). Ca, c’est de l’amour, coco !

“ Valérie Trierweiler abandonne le journalisme politique et reviendra, à partir du 28 janvier, les samedis, sur Direct 8 à la présentation d’ “ Itinéraires ”, un face à face avec une star ” (“ Le Point ”). Son compagnon, François Hollande, a reçu des menaces de mort lors d’un meeting près de Bordeaux (“ VSD ”). Il devrait rencontrer Angela Merkel en mars (“ Challenges ”).

Avec “ une semaine d’activité sur 44 semaines de session ”, Arnaud Montebourg serait “ le cancre ” de l’Assemblée nationale, d’après les données publiques compilées par le site nosdeputes.fr (“ VSD ”). L’ex-candidat aux primaires s’apprête par ailleurs à lancer un nouveau mouvement. Son nom ? “ La rose et le réséda ”, titre d’un poème d’Aragon.

Au rayon dispensable : l’interview d’Anne Mansouret, la mère de Tristane Banon, dans “ VSD ”, où l’on apprend notamment que “ s’il ne s’agit pas de cul, DSK est doux comme un agneau ”. Et puisqu’on en parle, l’ancien patron du FMI “ devrait se rendre prochainement à Bruxelles à l’invitation de l’association U40, qui rassemble des jeunes députés européens ” (“ VSD ”).

En vrac : “ 2012 : tous à l’usine ! ” ou comment “ la montée de Marine Le Pen dans l’électorat populaire conduit les candidats à revoir leur copie ”, le portrait de Xavier Niel “ Citizen Free ”, “ Du poison dans le bocage ” sur le centre Aprochim de retraitement des déchets souillés aux PCB de Grez-en-Bouère (Mayenne), “ Le cavalier seul de David Cameron ”, “ Les prisonniers de la Toile ” sur les cyberdépendants et “ Les dossiers secrets du FBI ” (“ Obs ”) ; “ Dexia : les dessous d’un scandale d’Etat ”, “ La trahison de Viktor Orban ” en Hongrie, “ Ramallah danse sur un volcan ”, le plaidoyer de JMG Le Clézio pour les Indiens Huichols du Mexique, “ Magnus Carlsen, le maître des échecs ” sur le “ meilleur joueur au monde ”, âgé de 21 ans, “ Ce qu’on ne dit pas sur le panda ” (“ Le Point ”)

Dans “ L’Express ”, “ Crise : faut-il fermer les frontières ? ”, réponse : non, bien sûr, mais faut pas non plus complètement les ouvrir…, “ Le vivier du président ”, “ David Sénat : le placardisé de la République ” sur cet “ ex-conseiller de MAM accusé par le pouvoir d’avoir fait fuiter des informations sensibles dans l’affaire Woerth-Bettencourt ”, “ Comment vivent les Français à l’heure de la présidentielle… à Nice ”, “ Argentine : le mystère Sandoval ” et “ Théâtres : changement de décor sur les nouveaux “ multiplexes ” de la culture ” ; le portrait du juge Renaud Van Ruymbeke, “ Opiniâtre ” (“ Challenges ”) ; “ En Haïti, tout reste à faire ” et l’entretien de Clint Eastwood à l’occasion de la sortie d’ “ Edgar J. ” (“ Les Inrocks ”) ; “ Le France : grandeur et décadence ” (“ VSD ”)

Côté dossiers, “ Challenges ” propose son “ spécial recrutement 2012 : 230 000 emplois à saisir ” et “ L’Obs ” un “ Paris bouge en 2012 ”. Ah, il est temps !

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