Réduire la pollution plastique dans les océans est plus simple qu’il n’y paraît et voilà pourquoi <!-- --> | Atlantico.fr
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Dans le prochain traité, sera notamment évoquée l’amélioration du recyclage, avec des usines qui doivent être beaucoup plus nombreuses et l’émergence de nouveaux plastiques qui permettent de faciliter la rupture des fibres et donc in fine le recyclage.
Dans le prochain traité, sera notamment évoquée l’amélioration du recyclage, avec des usines qui doivent être beaucoup plus nombreuses et l’émergence de nouveaux plastiques qui permettent de faciliter la rupture des fibres et donc in fine le recyclage.
©Luis ACOSTA / AFP

Atlantico Green

Les négociateurs de 175 Etats se retrouvent à Paris lundi pour participer à une deuxième session de discussions, sur les cinq prévues, afin d'élaborer un traité juridiquement contraignant visant à mettre un terme à la production

François Galgani

François Galgani

François Galgani est responsable de projet à l'Ifremer et spécialiste d'écotoxicologie marine. Il est particulièrement concerné par les effets toxicologiques des pollutions à caractère industriel sur les organismes marins.

Il est par ailleurs  spécialisé dans le suivi des déchets en mer et sur le littoral, leur dégradation et leurs impacts  sur la faune marine. A ce titre, il coordonne un groupe européen en support à la mise en place de la directive Stratégie pour le milieu marin.

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Atlantico : La semaine prochaine, les délégués des États membres de l'ONU se réuniront à Paris pour débattre de la forme de ce que certains espèrent devenir l'équivalent pour la pollution plastique de l'accord de Paris sur le climat. Que peut-on réellement attendre de cette réunion ?

François Galgani : J’ai participé à la préparation des négociations et je suis coauteur du rapport scientifique qui a été préparé depuis quelques années. Le problème des déchets dans l’environnement, c’est aussi bien lié aux transferts atmosphériques qu’aux déchets en mer. C’est pourquoi ce sont des problèmes globaux : il y a un transfert de la pollution, donc en l’absence de coordination entre les différents pays, ça ne marchera pas.

Il y a des objectifs différents selon les Etats mais on peut arriver à des normes internationales, telles que la limitation d’additifs dans certains plastiques et l’utilisation privilégiée de tels composants.

Est-ce une question de moyens ou de volonté ?

Il y a une demande sociale qui est importante. Les problèmes ont augmenté avec le temps. La pollution liée au plastique est rapidement devenue un sujet politique. À la demande des Etats, l’ONU coordonne ce dossier. Il y a par exemple plusieurs conventions des mers régionales (la convention de Barcelone pour la Méditerranée, etc.), avec certaines conventions qui traitent de la pollution plastique, mais il faut bien évidemment avancer au niveau mondial.

Ce n’est pas tant l’utilisation du plastique qui pose problème que la gestion des déchets ?

L’environnement peut être contraignant. En mer, il y a des zones de concentration, avec des rivières qui apportent beaucoup de déchets à la mer. Le problème de fond reste global, à savoir la fin de vie du plastique. On ne sait pas encore gérer la fin de vie du plastique, or cela est primordial pour limiter la pollution. 

Par exemple, les copolymères ne sont pas recyclables, donc on peut et doit limiter leur usage. Des dizaines de grandes entreprises s’étaient entendues pour harmoniser les différents plastiques afin qu’ils soient utilisés dans les mêmes pays. Il y a des initiatives qui sont prises.

Dans le prochain traité, sera notamment évoquée l’amélioration du recyclage, avec des usines qui doivent être beaucoup plus nombreuses et l’émergence de nouveaux plastiques qui permettent de faciliter la rupture des fibres et donc in fine le recyclage. Carbios, entreprise française, fait par exemple ce travail-là. Il ne s’agit pas d’être très optimiste mais l’avenir s’éclaircit.

Vous êtes donc résolument optimiste ?

Il ne faut pas se bercer d’illusions et il faut se recentrer sur l’essentiel. L’article du New York Times est à l’image de The Ocean Cleanup, qui voulait nettoyer les océans et qui s’est recentré de manière plus pragmatique sur les rivières et sur les fleuves, là où on trouve le plus de déchets, ce qui a du sens. 

Le nettoyage des océans peut se faire ponctuellement lorsqu’il y a un enjeu important, par exemple des filets de pêche qui sont très impactants, là cela vaut le coup de les récupérer et de les recycler car ce sera rentable. Or le nettoyage en mer n’a de valeur que lorsque c’est rentable. Personne n’ira chercher les déchets à 4000 mètres de profondeur. Il peut y avoir des niches écologiques pour récupérer certains déchets mais cela n’est pas durable. 

Les solutions sont en amont, à savoir l’émergence de nouveaux matériaux, l’amélioration des plastiques recyclables. Ce sera plus efficace d’agir sur la prévention.

Quels sont les pays qui ont une plus grande part de responsabilité dans la pollution plastique ?

Ce sont moins les pays que les gens qui sont responsables. Quand on regarde le plastique dans l’environnement, les granulés de plastiques industriels représentent 10% et le reste concerne des produits de la grande consommation, à savoir des plastiques à usage unique (vaisselles, cotons de tige, bouteilles, etc.), donc les individus sont avant tout responsables. Et par ricochet, les pays les plus peuplés seront les plus pollueurs, indépendamment de leurs choix politiques.

Certains pays restent cependant timides sur le plan du recyclage. Même si la France fait moult efforts, il y a parfois trop de risques sur le plan économique. Par exemple, avec la loi anti-gaspillage, les plastiques à usage unique seront interdits à partir de 2040 en raison des investissements énormes des communes pour le recyclage. Or si on leur dit qu’il n’y a plus rien à recycler, ce sont des millions d'euros d’investissements à perte.

Certains pays ne produisent pas de plastique mais sont seulement des consommateurs, comme le Kenya. Ce sont des pays qui sont prêts à agir de suite car il n’y a pas de risque de perte économique en raison de l’absence de production plastique.

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