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Quand s’affiche la précision martienne et quand le grand feu enflamme la reine : c’est l’actualité des montres d’un début juin
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Atlantic Tac

Mais aussi un « enfant terrible » hors de prix, des filets de pêche recyclés, le nouveau fauteuil de « Freddy the Kid » et la minceur infinie d’une altitude bleue…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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KONSTANTIN CHAYKIN : Pour le meilleur des Martiens…

Vous ne connaissez sans doute pas le nom de ce « jeune » horloger russe, mais Konstantin Chaykin, 45 ans, fait la fierté de cette grande Russie qui a été une des principales nations horlogères au cours du XXe siècle [les Russes étaient au troisième rang mondial derrière les Suisses et les Japonais en 1970]. Ce qu’il ya de bien avec lui, c’est qu’il ne pense pas comme un Suisse ! Ses montres sont généralement épatantes (Atlantic-Tac vous en parlé à différentes reprises) et elles apportent toujours un regard neuf sur les objets du temps. Là où la plupart des marques suisses se contentent de retaper leurs icônes passées, Konstantin Chaykin voit loin, très loin, très au loin. Il regarde la planète Mars et il sait parfaitement que les hommes la coloniseront, un jour ou l’autre. Ces hommes auront besoin de montres : Konstantin Chaykin vient de leur dédier une Mars Conqueror Mk3 [c’est la troisième version après deux prototypes] tout ce qu’il y a de plus géniale dans le genre complication cosmique ! C’est une montre d’explorateur, qui a donc une vocation « sportive », mais qui est enrichie de fonctions inédites dans l’histoire horlogère : en plus de l’heure de la Terre, la montre affiche l’heure de la planète Mars (la journée y est légèrement plus longue de 39 minutes et 35 secondes. Deux couronnes pour régler les indications d’un cadran conçue comme un tableau de bord d’engin spatial, trois aiguilles pour l’heure terrestre (avec fuseaux horaires locaux), deux pour l’heure martienne (MCT : Martian Coordinated Time), mais des aiguilles « martiennes » ! C’est un peu fou de le découvrir : voici la première montre des futurs explorateurs de Mars et c’est une montre mécanique dotée à la base d’un mouvement horloger suisse ! Il n’y aura que huit pièces de cette série Mars Conqueror Mk3 en titane. Le prix ne devrait pas dépasser les… 20 000 euros : c’est là qu’on mesure la distance entre la Suisse et la Russie, bien lointaine que celle de la Terre à la planète Mars) ! Prochaine étape : la montre à calendrier martien (l’année martienne vaut un peu moins de 687 journées terriennes) ? Pour découvrir tout ça, une vidéo en russe (remerciements à l’équipe russe), mais on peut activer les sous-titres…

ALPINA : Pour le meilleur des océans…

Cette montre de plongée est « responsable » : ce n’est pas un effet de mode, mais un engagement réel de la marque suisse Alpina ! Le boîtier de la Seastrong Diver Gyre automatic est composé à 70 % de débris plastiques récupérés dans les océans (notamment des filets de pêche abandonnés qui dérivent dans les mers), les 30 % qui restent étant composés de fibres de verre qui renforcent le plastique : le nom de baptême « Gyre » de cette montre de plongée vient de l’association Gyre Watch, qui veille à la préservation des océans. Cette alliage éco-responsable est conforme au programme européen REACH pour la maîtrise des substances chimiques relâchées dans la nature (Registration, Evaluation, Authorization and Restriction of Chemicals). La Seastrong Gyre est disponible en différentes versions, avec deux tailles de boîtiers (44 mm au masculin et 36 mm au féminin), trois finitions de cadrans (bleu, turquoise et nacre teintée) et trois bracelets de type Nato réalisés issus de recyclage de bouteilles en plastique (Alpina offre également avec chaque montre un bracelet en cuir végétal noir, composé e déchets de pomme recyclés). Il faut compter sur un prix public autour des 1 400 euros pour cette montre automatique Swiss Made hautement respectueuse de l’environnement. Dans trois jours, le 8 juin, ce sera la Journée mondiale de l’océan : pensez-y pour rester à l’heure des eaux de la planète…

PIAGET : Pour la meilleure des minceurs…

Altiplano : c’est le nom du haut plateau andin et il traduit une certaine idée d’altitude et de platitude. Un nom idéal pour une collection de montres vouée depuis toujours à exprimer une certaine idée de l’élégance par la minceur mécanique. C’est ainsi que Piaget a pu devenir la marque suisse la plus experte dans l’art des montres extra-plates (de nombreux « records » en témoignent) et des mécaniques horlogères ultra-fines. Pour ce printemps, la collection Altiplano honore cette tradition avec une montre en or rose de 38 mm (mouvement à remontage manuel) dont le cadran d’un superbe bleu discrètement soleillé renvoie à la pureté infinie de ces nuits magiques qu’on peut vivre sous d’autres latitudes que celles des pollutions urbaines. Cette montre très distinguée n’affiche que 2,1 mm d’épaisseur, autant dire rien de pesant au poignet. Elle peut convenir à un homme aussi bien qu’à une femme (comptez environ 18 600 euros). On admirera au passage la sobriété presque ostentatoire du cadran, de son équilibre et de ses proportions…

BREGUET : Pour le meilleur des grands feux…

Icône des collections Breguet, la Reine de Naples est une des montres féminines les plus remarquables de ces dernières décennies. Son boîtier ovoïde (pas ovale) aux flancs discrètement cannelés – c’est la touche Empire de cette montre dédiée à Caroline Murat, la sœur de Napoléon et la vraie reine de Naples, qui était en son temps une des meilleures clientes de Breguet – se prête à toutes les fantaisies, comme cette version discrètement sertie (117 diamants tout de même) dont l’émail « grand feu » parvient à une forme de perfection dans la pureté de son blanc comme dans le bleu de ses chiffres « Breguet », eux aussi émaillés et subtilement stylisés dans l’esprit des lignes de cette Reine de Naples. Notez le diamant en taille poire posé à six heures : c’est une signature « royale », alors que la signature « secrète » de Breguet se cache vers les trois heures et n’apparaît que dans certaines conditions de lumière. Tout dans cette montre se joue d’ailleurs sur les jeux de lumière. En achetant cette Reine de Naples (35 000 euros environ), qui rend hommage à une montre-bracelet commandée en 1812 par Caroline Murat, vous pourrez consigner votre nom et le numéro individuel de la montre dans le grand livre commercial que Breguet tient depuis le XVIIIe siècle, pas tout-à-fait sous le nom de Caroline Murat, mais presque…

DAVID CANDAUX : Pour le meilleur de la tradition…

La Suisse horlogère a aussi ses « enfants terribles », de même que la Russie horlogère a les siens (Konstantin Chaykin, voir plus haut). David Candaux est un de ces trublions des vallées horlogères : entre forêts, lacs et alpages, c’est là qu’il poursuit depuis quelques années un parcours original, tressé de traditions et d’avant-gardisme. Sa DC6 Black Phantom Carbon en témoigne allègrement. Sur le devant de la montre, en symétrie avec son nom, une mention : « Le Solliat » – c’est son village dans la vallée de Joux et on doit y compter plus de vaches que d’habitants, mais c’est aussi la patrie de Philippe Dufour, l’horloger suisse que les non-Suisses vénèrent comme un « trésor vivant » [les Suisses boudent, pour des raisons complexes]. On remarque tout de suite l’esthétique décalée, mais néanmoins « classique » d’une montre dont les lignes jouent habilement de l’ellipse et des volumes pour imposer leur présence au poignet (boîtier asymétrique en fibres de carbone de 44 mm). Sous les deux dômes : les heures, les minutes et le tourbillon incliné en giration sur son axe, qui fait également office d’aiguille des secondes. À douze heures, une réserve de marche (55 heures). La couronne de remontage est à six heures : il faut la pousser pour l’activer. Derrière le cadran soigneusement guilloché à l’ancienne, une mécanique complexe, qui réclamerait plusieurs pages pour être détaillée – on y décompte 287 composants ! C’est du superlatif mécanique autant que du superlatif esthétique côté finitions, mais aussi malheureusement du superlatif tarifaire (260 000 euros au bas mot). Par les temps qui courent, les rebelles et les « enfants terribles » sont hors de prix, surtout en Suisse…

TAG HEUER : Pour le meilleur et pour le pire…

Qui a dit que l’horlogerie suisse ne savait pas parler aux nouvelles générations ? La manufacture TAG Heuer nous prouve le contraire avec la nomination de son nouveau « patron », Frédéric Arnault [le troisième fils de Bernard Arnault, actionnaire du groupe LVMH et propriétaire de TAG Heuer], qui dépasse à peine les vingt-cinq ans et qui devient ainsi, à la fois, le plus jeune directeur de cette marque qui compte pourtant un siècle et demi d’histoire et le plus jeune « patron » des marques du Top 20 suisse. Les employés de la manufacture le surnomment gentiment « Freddy the Kid ». Même si la crise sanitaire a profondément affecté l’industrie des montres, qui devrait afficher une baisse d’activités d’au moins 30 % pour l’année 2020 [ce sera sans doute la pire année de son histoire depuis la Seconde Guerre mondiale], TAG Heuer n’en relève pas moins le défi de la post-modernité en lançant sa propre montre connectée. Ce n’est sans doute pas un hasard : Frédéric Arnault est passé par Polytechnique ! Cette Connected ne sera ni la plus fonctionnelle, ni la plus « active », ni la plus accessible (comptez dans les 1 700 euros, soit quatre fois le prix d’une Apple Watch), ni la plus disruptive de toutes les smartwatches du marché, mais qui sera la plus « horlogère » dans le goût sport-chic – c’est-à-dire qu’elle emballe un niveau très honorable de connexions en tout genre dans l’élégance traditionnelle des montres suisses. Après le pire, le meilleur ? Dans ses montagnes natales, l’horlogerie suisse a toujours vécu des hauts et des bas, mais sa forte résilience a toujours su avaler ces dénivellations avec une certaine philosophie…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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