Quand les oursins se piquent d’or et quand les carrés ciblent les femmes : c’est l’actualité pré-solsticiale des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Un bel hommage à ceux qui ont débarqué à Omaha en juin 1944 (Le Forban)…
Un bel hommage à ceux qui ont débarqué à Omaha en juin 1944 (Le Forban)…
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Atlantic-tac

Mais aussi une séduisante discrétion horlogère (très suisse), une alternative apaisée, une « plongeuse » requalifiée, un David qui a vaincu Goliath et un chronographe de mémoire…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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GÉRALD GENTA : Échinodermiquement dessinée…

Le reprise par Louis Vuitton (groupe LVMH) de la marque Gérald Genta a permis aux nouvelles générations de redécouvrir un des plus fameux designers horlogers de la fin du XXe siècle. C’était aussi un des créateurs les plus prolixes de l’histoire horlogère : il passe pour avoir imaginé près de 100 000 modèles de montres – bien sûr, toutes n’ont pas été réalisées – au cours de sa vie. Même si le chiffre est peut-être un peu exagéré, il donne une idée de la dimension de cette « œuvre » visionnaire, qui inspire aujourd’hui le laboratoire créatif Gentissima. Première création de cette équipe gentissimesque : une montre « Oursin », qui réinterprète un modèle original de 1994. Montre ou bijou, ou même les deux : chacun en décidera, mais cet échinoderme (la famille des oursins) rend bien compte du talent de Gérald Genta pour échapper aux deux dimensions traditionnelles de l’horlogerie classique. On reconnaît ci l’inspiration marine de la montre, qui rappelle l’exosquelette d’un oursin, avec les « perles » qui habille un boîtier aux formes convexes (36,5 mm) sculpté dans un superbe titane mat. Une version de joaillerie associe l’or blanc des perles couronnées de diamants et la nacre d’un cadran rose. Pilotés par Mathieu Hegi, les designers de la Fabrique du Temps (Louis Vuitton) ont prévu une version encore plus rock’n’roll, avec des perles coniques en or jaune qui sont autant de « piquants » d’oursin semés autour du boîtier et sur le cadran. Sous les cadrans guillochés ou facettés de ces trois variantes de l’Oursin, un mouvement automatique « manufacture » (un calibre Élite emprunté à Zenith). Une démonstration impressionnante non seulement du savoir-faire des équipes affectées à la renaissance de la marque Gérald Genta, mais aussi du fantastique potentiel créatif du « réservoir » d’idées que Gentissima pourra piocher dans les archives du designer. Les prix ne sont évidemment pas très câlins (de 19 000 euros pour le modèle plus simple, en titane avec des perles d’or blanc, à 29 000 euros pour l’Oursin d’or rose aux perles serties de diamants), mais nous sommes ici dans le superlatif d’une certaine extravagance parfaitement maîtrisée…

DELMA : Discrètement tentante…

Si elle n’est pas la marque la plus connue des maisons horlogères suisses, la signature Delma n’en est pas moins une des plus respectables de celles qu’on peut trouver dans les vitrines. Témoin, cette Midland, collection qui vient de faire peau neuve avec un nouveau boîtier (40,5 mm, étanche à 100 m, avec d’intéressants états de surface qui alternent le brossé, le satiné et le poli), une nouvelle lunette délicatement cannelée, des aiguilles et des index encore plus luminescents (Super-LumiNova), un nouveau bracelet idéalement intégré au boîtier et de nouvelles couleurs de cadrans guillochés (blanc, noir, saumon, vert et plusieurs bleus). Sous ces cadrans, un mouvement automatique suisse de belle facture (trois aiguilles et date). Le meilleur pour la fin : 1 250 euros pour la version automatique et 690 euros pour la version quartz). Que demander de plus à une montre d’usage quotidien que toute autre marque plus célèbre ferait payer trois ou quatre fois plus cher ?

BOMBERG : Culturellement alternatif…

C’était une marque (suisse) de bad boys généralement pas très suisses qui en adoraient les têtes de mort (calaveras), les tatouages et les tous marqueurs rebelles de la culture biker, rock’n’roll et autres disruptions. Bomberg tend à se normaliser, comme le démontre la nouvelle collection Bolt-68 Racing, avec des chronographes au dixième de seconde qui combinent le style vibrant des bolides vintage et les bandes de couleur de l’esthétique motoracing. Différents partenariats sportifs attestent de la solidité de cette nouvelle tentation automotive de Bomberg. On aime le style original des poussoirs-déclencheurs de ces chronographes (à douze heures) disponibles en cinq versions, surtout quand on sait que les boîtiers de ces chronographes peuvent facilement se détacher de leurs bracelets en silicone pour se transformer en montres de poche, au bout de leur chaîne : même en phase d’apaisement esthétique, une marque alternative se devait de proposer des modes de porter alternatifs ! Bomberg, c’est tout un autre monde, dont les habitants se reconnaissent aux montres qui ornent leurs poignets…

SEIKO : Classiquement efficace…

Une des meilleures alternatives aux « plongeuses » consacrées comme les icônes de la spécialité reste la Prospex Marinemaster de Seiko, un modèle lancé en 1965 et devenu aujourd’hui un grand classique des montres de plongée. Ce boîtier en acier de 39,5 mm propose un mouvement automatique d’une impeccable fiabilité mécanique et une étanchéité à 200 m, en plus de différentes options de cadrans, dont cette version très rafraîchissante, mais très efficace dans les lumières atténuées des plongées de l’été (comptez tout de même 3 400 euros pour l’embarquer dans vos loisirs). Seiko, c’est une forme d’assurance pour ses qualités d’endurance, et même de réassurance puisque personne ne vous coupera le bras pour vous la voler – ce qui n’est pas le cas des icônes trop connues pour ne pas tenter les malhonnêtes. On appréciera, entre autres, la finesse de cette carrure, aussi à l’aise en ville que sur les pontons.

HERBELIN : Carrément féminin…

La série des Cap Camarat est une des collections les plus emblématiques de la maison familiale et indépendante française Herbelin. La nouvelle série carrée permet de mettre en avant une vraie « french touch » féminine au carré, même si cette « Square Dame » – pourquoi le dire dans le franglais bizarre ? – s’annonce parfaitement musclée et teintée d’une pointe de virilité qui plaira à tous les poignets ! Profitez-en : la mode revient aux boîtiers un peu moins ronds et un peu plus carrés [c’est une constante horlogère : en temps de crise, quand les affaires tournent moins rond, les montres se refont une santé dans le carré !]. Au programme, un boîtier de 30 mm x 30 mm en acier, étanche à 100 m, avec un bracelet à maillons métalliques parfaitement intégré dans ce boîtier, un cadran « champagne rosé » élégamment strié de lignes horizontales, des vis sur le cadran qui apportent une touche vintage, un mouvement électronique suisse (Ronda) garanti pour plus de quatre ans de fonctionnement régulier sans remontage et un prix singulièrement accessible (moins de 580 euros). Si vous cherchez une montre facile à vivre pour cet été, du bureau à la plage, vous l’avez trouvée avec cette Cap Camarat qui n’a pas à rougir de son fier « Made in France ». En prime, une touche vintage façon années 1970 qui est à la pointe des tendances actuelles de la mode…

BON À SAVOIR : en vrac, en bref et en toute liberté…

•••• AUGARDE : on sait depuis l’Ancien Testament que David a parfois raison contre Goliath. Une nouvelle démonstration devant la Cour d’appel de Paris vient de nous le rappeler. La jeune marque indépendante française Augarde avait lancé, à la fin des années 2010, une série de montres jugées un peu trop proches de celles de Panerai (groupe Richemont, numéro trois mondial du luxe horloger), qui avait attaqué l’équipe d’Augarde en justice en 2020. Normalement, la cause était perdu d’avance pour le « petit Français ». Sauf que les juges français, en première instance, ont estimé que les droits de propriété intellectuelle revendiqués par Panerai étaient tout sauf convaincants et consistants. Jugement confirmé en appel, et même aggravé puisque Panerai se trouve déchu des droit de propriété en question : les modèles Radiomir et le cadran 3-6-9-12 que Panerai revendiquait comme un patrimoine identitaire sont donc libres de droits, Augarde pouvant continuer à vendre ses montres de mode très colorées. Un revers inquiétant pour Panerai, mais aussi pour de nombreuses marques de luxe dont les marqueurs génétiques ne reposent généralement plus sur des bases juridiques très solides…

•••• LE FORBAN : le vrai nom de cette marque indépendante française, récemment relancée par Jean-Sébastien Coste, est Le Forban Sécurité Mer. C’est en fait une des marques emblématiques de l’horlogerie française dans les années 1960-1970 : elle équipait alors certaines unités de l’armée et de la Marine française. La nouveauté de ce début 2024 est un chronographe dédié aux 80 ans du débarquement de Normandie : son nom de baptême, Omaha, s’entend comme un hommage aux jeunes soldats américains morts sur les plages de Normandie. L’évocation est servie pour le style de la montre, d’une taille raisonnable (39 mm), étanche à 50 m et surtout joliment dessinée (cadran vert soleillé sous un verre saphir bombé, double compteur façon « panda », index et aiguilles dorés, lunette gravée dans les mêmes tons). Une étoile cernée de tricolore rappelle le drapeau américain sur le cadran, une autre étoile décorant le fond du boîtier, sous lequel on trouvera un mouvement automatique japonais Seiko d’excellente facture. Le prix est lui aussi hautement symbolique : 1 944 euros pour l’édition courante (cadran noir) et 2 144 euros pour les 44 montres de la série limitée (cadran vert ci-dessous). Ces chronographes Omaha sont encore pour quelques jours en souscription sur le site Le Forban, avec une livraison prévue pour la fin de l’été…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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