Quand les cerisiers donnent l’heure et quand Arlequin veut bien sourire : c’est l’actualité péri-caniculaire des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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« Que cent fleurs s’épanouissent », nous enjoignait autrefois le président Mao (Van Cleef & Arpels)…
« Que cent fleurs s’épanouissent », nous enjoignait autrefois le président Mao (Van Cleef & Arpels)…
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Atlantic Tac

Mais aussi le bleu océanique d’une haute horlogerie minimaliste, le style viril préféré des Miss France, les codes néo-classiques d’un espoir tricolore et le retour d’une icône de l’aviation militaire…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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FESTINA : Les codes masculins qui rassurent…

Pour votre gouverne, Miss France 2022 (la délicieuse Diane Leyre pour l’état-civil) opère avec une montre Festina au poignet. Et même plusieurs montres, dont elle change souvent, puisque la maison Festina, désormais « montre officielle de Miss France », qui soutient depuis de longues années toutes les Miss France de ce concours, en mettant à leur disposition les plus belles montres de ses collections féminines, notamment Mademoiselle, Boy-Friend (ci-dessous) ou Skeleton. L’avantage avec Festina (maison suisse depuis 1902), c’est qu’on peut vraiment s’offrir la vraie montre de Miss France pour moins de deux billets de cent euros – et parfois deux suffisent ! On ne parlera pas des mensurations de cette séduisante Miss France, mais de celles de ce chronographe, qui se présente dans un boîtier en acier de 38,5 mm, avec quelques touches dorées pour le chic glamour et un mouvement électronique pour la précision, en plus d’une étanchéité à cent mètres qui permet des activités tout-terrain de la ville à la plage et de la piscine au bureau. Le style est volontairement masculin : il n’y a pas plus tendance que les codes « boy-friend » pour une montre – ils donnent du statut à celles qui les portent et qui les ont piquées à l’élu de leur cœur…

OCHS UND JUNIOR : Le bleu d’un génial minimalisme…

Voici une des meilleures affaires mécaniques de la saison : vous ne la verrez pas souvent tellement la production est encore confidentielle et ses collectionneurs – on serait tenté de dire ses « sectateurs » ! – jaloux de l’exclusivité de la marque à leur poignet. Cette montre Mese 2.22 d’un bleu océanique qui confine au fameux « bleu Klein » [International Klein Blue ou IKF défini par l’artiste plasticien français Yves Klein, référence Pantone 286C] s’offre le luxe de n’avoir pas la moindre marque, ni le moindre logo sur son cadran, puisque le seul design de ses trois-aiguilles et de ses perforations centrales suffit à établir son identité. La montre a été conçue par le Suisse alémanique Ludwig Oechslin, un des horlogers mécaniciens les plus imaginatifs de sa génération [d’où le nom de la marque : Ochs und Junior] : son concept est axé autour de l’indication de la date pour une pastille blanche luminescente qui fait le tour du cadran en trente ou trente-et-un jours [sur cette image, on est le 15 du mois : on s’habitue vite à ce repérage dans le calendrier]. Là où n’importe quelle autre manufacture aurait conçu une telle complication avec vingt, trente ou quarante composants en plus de ceux du mouvement de base, Ludwig Oechslin n’a recours qu’à deux pièces (!) pour animer son calendrier. L’autre bonne nouvelle, c’est que ce chef-d’œuvre Swiss Made du plus génial des minimalismes mécaniques n’est pas en série limitée, la cerise sur le gâteau étant qu’il n’est facturé qu’autour des 3 500 euros – ce qui est une bénédiction pour les amateurs de haute horlogerie raisonnable (boîtier en titane de 39 mm)…

SYLVAIN PINAUD : Les canons de la plus haute horlogerie…

Retenez bien le nom de ce jeune talent de la nouvelle horlogerie française : quoiqu’installé en Suisse [à Sainte-Croix, à portée de canon de la frontière du pays horloger français], ce « trenta » au regard malicieux est un de ceux qui portent tous les espoirs d’une future haute horlogerie tricolore, dans la lignée naturelle d’un Robert Greubel (Greubel Forsey) François-Paul Journe (FP Journe), d’un Denis Flageollet (De Bethune) et de quelques autres pionniers frnaçais sans lesquels l’horlogerie suisse contemporaine serait bien fade. Voici donc sa trois-aiguilles à remontage manuel Origine : rien que de très classique et de très traditionnel dans cette montre en acier de 40 mm – sauf qu’elle témoigne d’une maturité horlogère des plus rupturistes. Admirez l’asymétrie symétriquement harmonieuse de son cadran argenté à plusieurs niveaux, dont tous les détails témoignent d’une finition parfaite dans le respect des canons les plus rigoureux de la haute horlogerie. Autre détail : le galbe des « cornes » de la montre, d’une rare élégance dans ses lignes pour une montre à porter tous les jours sans ostentation [pourvu que vous puissiez investir dans les 75 000 euros pour vous offrir ce joyau de toute collection horlogère digne de ce nom]. On va vous épargner les détails mécaniques du mouvement, à peu près totalement développé par Sylvain Pinaud dans son atelier, mais il faut savoir qu’il marie, dans sa fiabilité éprouvée, la plus extrême précision (55 heures de réserve de marche) à la plus belle expression esthétique de ses moindres composants. Pour une fois, le mot « Hand Made » [pourquoi nous le dire en anglais ?] veut bien dire ce qu’il veut dire : les plus intransigeants des plus puristes collectionneurs ont déjà commencé à comprendre qu’un nouvel astre se lève dans le ciel de la tradition horlogère. Le tout est maintenant que Sylvain Pinaud ne prenne pas la grosse tête…

VAN CLEEF & ARPELS : La magie du bouquet…

Imaginez une horloge florale à la dimension d’un jardin, avec des fleurs qui s’ouvriraient et qui se fermeraient à certaines heures précises, tout au long de la journée. C’était le rêve utopique d’une Horologium Florae imaginée par le grand botaniste suédois Carl von Linné dans sa Philosophia Botanica de 1751. Jamais à court d’imagination pour mettre en scène des « complications poétiques », la maison française de joaillerie Van Cleef & Arpels a entrepris une telle horloge florale en créant sa « Lady Arpels heures florales cerisier », dont le concept mécanique (mouvement automatique) repose sur l’épanouissement tout au long de la journée de douze corolles florales (démonstration dans la vidéo ci-dessous). Toutes les soixante minutes, le paysage du cadran change d’allure, les minutes s’affichant dans un guichet ouvert sur le flanc gauche de la montre. Tout ça pour donner l’heure [si vous avez toutefois les 250 000 euros nécessaires pour vous offrir cette précieuse horloge florale enrichies de quelques diamants blancs et roses, ainsi que de saphirs roses, de nacre et de peinture miniature] ? Oui, sans doute, mais quelle ingénieuse virtuosité dans la mise en branle des 166 composants qui animent ces douze corolles, chaque pétale de cerisier emporté dans ce jardin enchanté s’articulant en harmonie avec le mouvement de la montre ! Au fil des heures, la contemplation de ce bouquet magique est proprement hypnotisante : que ferait-on pas pour une poignée de cerises ?

KONSTANTIN CHAYKIN : Les audaces d’Arlequin…

Certes, il n’est pas très politiquement correct de vanter actuellement les mérites d’un horloger russe – et Konstantin Chaykin est un des espoirs de cette nouvelle horlogerie russe qui sait faire preuve d’une indéniable ingéniosité mécanique tout en affichant un anticonformisme esthétique des plus réjouissants. On connaissait de lui son Joker, une montre qui se permettait de… tirer la langue aux « phases de lune » de la tradition suisse [le cadran affiche les différentes séquences du calendrier lunaire : ici, c’est la bouche du Joker qui s’en charge], tout en affichant l’heure et les minutes dans le regard de ce cadran qui fait les gros yeux : les heures à gauche suivant la course de l’iris, les minutes à droite. La version « Clown » de ce Joker avait valu à notre horloger quadragénaire russe le prix de l’Audace au Grand prix d’horlogerie de Genève 2018. Faut-il s’attendre à un nouvel exploit de ce type en 2022 ? Konstantin Chaykin se risque cette fois sur une version plus « féminine » de son Joker (boîtier de 40 mm au lieu des 42 mm précédents), avec une proposition rebaptisée Harley Quinn maquillée aux yeux de rose et de turquoise ? Notez aussi le « tatouage » en forme de cœur sur la joue de son Harley Quinn – nom qui fait évidemment référence à notre Arlequin de la Commedia dell’Arte. La « petite amie » du Joker a son prix, et il n’est pas doux : il faudra aligner près de 20 000 euros pour accrocher cette « Arlequinne » au poignet féminin qui la méritera. Notez tout de même le bracelet arlequinesque à damiers noir et rouge. Si vous n’avez pas retenu le nom d’Harley Quinn, il est gravé circulairement sur la lunette de la montre.

AIRAIN : Le prix très accessible d’une légende…

Dans les années 1950 (au cœur de l’âge d’or des montres mécaniques), Airain était une honorable maison horlogère française et elle fabriquait pour les aviateurs militaires français de non moins honorables chronographes d’aviateur conformes au fameux cahier des charges du « Type 20 », norme qui était celle des Type 20 Breguet et d’une bonne dizaine de marques [pour la petite histoire, ces montres « Type 20 » étaient directement inspirées par les chronographes Hanhart de la Luftwaffe du IIIe Reich, montres saisies notamment par les forces françaises d’occupation en Allemagne]. Précision patrimoniale : dans les années 1950 et jusque dans les années 1960, ces Type 20 ont équipe de nombreux poignets d’aviateurs français, notamment les pilotes de l’ALAT (Aviation légère de l’armée de Terre). Les aléas de l’histoire aidant, la marque Airain est revenue sur le devant de la scène en 2020, sous pavillon néerlandais, mais avec une superbe réédition du légendaire chronographe Type 20 dans ses bagages. La nouvelle version « vert militaire » est tout-à-fait digne des chronographes militaires vintage les plus recherchés par les collectionneurs. Il n’y aura que 134 montres de cette nouvelle série – la maison Airain ayant été fondée en 1934 ! Compte tenu de la ferveur des collectionneurs, inutile de préciser que, sauf insigne faveur du sort, vous avez assez peu de chances de pouvoir en commander une en ligne sur le site d’Airain, qui ne vous taxera qu’un peu plus de 2 000 euros pour accrocher à votre poignet cette réédition d’une fidélité parfaite au modèle original [précisons que le boîtier original a tout de même été poussé à 39,5 mm, mais dans un respect scrupuleux du style de la montre]. Même les légendes qui n’ont pas de prix se doivent d’afficher leur modernité !

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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