Quand la tradition se joue en bleu et quand la frime opère en violet : c’est l’actualité pré-estivale des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Une simplicité et une modernité proprement révolutionnaire qui date de 1941 (patek Philippe)…
Une simplicité et une modernité proprement révolutionnaire qui date de 1941 (patek Philippe)…
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Atlantic-Tac

Mais aussi une incursion aérienne du côté des plus légers que l’air, une collection française de référence mondiale, du carrément carré qui impressionne, une symphonie parfaitement timbrée en émail grand feu, les Américains qui ont fait le choix des armes et le mystère du trésor des rois de France…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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H. MOSER & CIE. : Harmonieusement timbrée…

On ne va pas vous refaire ici un cours de mécanique horlogère pour décrire ce qu’est une répétition minutes : il suffit de savoir qu’une mécanique fait sonner à la demande les heures, les quarts d’heure et les minutes. C’était une innovation bien utile du temps où il fallait pouvoir « écouter » l’heure dans l’obscurité, quand il n’y avait ni électricité, ni allumette, ni bougie disponible. Aujourd’hui, la prouesse consiste à faire tenir ce dispositif mécanique complexe dans un boîtier de 40 mm où il faut loger les marteaux et les timbres qui font sonner les heures. Si on ajoute à cette complication la présence d’un « tourbillon » [autre subtilité horlogère qui améliore théoriquement la précision de la montre], on entre déjà dans l’univers de ces grandes complications dont les collectionneurs sont friands. Admirez au passage la manière dont la jeune manufacture indépendante H. Moser & Cie., héritière d’un grand nom de l’horlogerie, se dispense de toute mention de sa marque ou de son logo sur un cadran « martelé » en émail grand feu bleu : c’est de la pure friandise pour les grands amateurs aux poches profondes (l’addition dépassera largement les 330 000 euros pour cette Endeavour Concept Minute Repeater Tourbillon Aqua Blue). Pour que le son des timbres soit encore plus harmonieux quand les marteaux entrent en action, il a fallu repenser tous les volumes de la montre pour en améliorer la résonance et amplifier la sonnerie des indications horaires. Certes, c’est un « jouet de garçon », mais qu’est-ce qu’on peut bien s’offrir d’autre, d’aussi beau, d’aussi pur, d’aussi utile, d’aussi pérenne et d’aussi portable au quotidien pour trois centaines de milliers d’euros ?

HERMÈS : Tendrement onirique…

Un peu de folie au poignet ne signifie pas que vous avez abusé de substances psychotropes, mais que vous avez tout simplement eu envie de partager un des plus anciens rêves de l’humanité : vous envoler pour prendre un peu de hauteur. Parfois, l’aventure se termine et Icare n’est plus là pour en témoigner. Parfois aussi, on s’arrache à la gravité avec des « ballons » et les savants nous parlent d’aérostats : à la fin du XVIIIe siècle, les hommes avaient ainsi ajouté une nouvelle dimension à leur existence : celle de la hauteur – l’altitude qui est aussi une attitude et en tout cas une projection vers de nouveaux horizons. C’est à ces aventures aérostatiques inspirées par le principe d’Archimède – vieille histoire de poussée due aux gaz plus légers de l’air – qu’Hermès nous convie avec sa montre Arceau « Les folies du ciel », qui nous parle de fières montgolfières et de dirigeables qui s’érigent à l’air chaud. La « Folies du ciel » ne fait guère que 38 mm de diamètre, mais elle nous expédie dans un univers onirique dont les couleurs n’ont plus rien à envier au plumage des oiseaux que viennent concurrencer les aérostats. Si vous n’avez pas les 68 000 euros nécessaires pour ce voyage [il n’y a que 24 « sièges » disponibles dans le monde entier pour ce vol inaugural], vous pourrez toujours vous rabattre sur le carré de soie « Les folies du ciel » créé pour Hermès en 1984 par Loïc Dubigeon : il faut à peu près cent fois moins cher…

HUBLOT : Purpurinalement estivale…

Bien sûr, il faut assumer ce violet purpurin au poignet, d’autant que le nom de baptême de cette montre – Big Bang Unico Summer Purple – est en soi complexe à définir : la « pourpre » des Anglo-Saxons n’est pas le rouge nettement violacé des Latins. Pour quelques happy few favorisés par la fortune, ce sera simplement la… Swatch de l’été, celle dont les fashionistas vont se parer sur les plages chic pour afficher leur non-conformisme cossu. Ils auront, en prime, la légèreté d’un boîtier en aluminium (42 mm) parfaitement assorti aux couleurs violettes du cadran [du moins de ce qu’il en subsiste], des aiguilles et du bracelet en caoutchouc : c’est le total look purple, le must-have de l’été puisqu’il n’y en aura jamais que 200 livrées sur les cinq continents d’une planète qui compte beaucoup plus de 200 plages privées où il faut absolument se montrer dans les semaines qui viennent (prévoyez un peu plus de 21 000 euros pour une baignade flashy). Vous n’avez pas compris le message ? Pas grave, it’s fashion, baby ! On a juste oublié de vous prévenir que la jeune génération des opulentes fashion victims ne parle qu’un globish (entendez par là global english) basiquement très appauvri…

NOMOS GLASHÜTTE : Diversement coloré…

Il se passe un « truc » entre les jeunes générations et la marque allemande Nomos, un des plus sympathiques vraies manufactures de la Saxe horlogère. Affaire, sans doute, de style [il y a quelque chose de carrément carré dans ces Tetra dont la rigueur impressionne et rassure en même temps], de qualité horlogère ressenti [le mouvement automatique plutôt très plat est vraiment réalisé dans les ateliers de la marque et il est d’une rare précision], mais aussi d’élégance audacieuse dans le choix des couleurs des nouvelles séries. C’est l’alliance très réussie de la forme et du fond, avec une mention spéciale pour le traitement des cadrans colorisés selon un procédé qui semble « avaler » la lumière pour apporter à la montre une forme de profondeur et d’intensité chromatique qui en renforce l’impact visuel. Il n’y aura que 175 montres réalisées dans chacune de ces quatre nouvelles couleurs – ceci pour célébrer les 175 ans de l’installation des premiers ateliers horlogers dans la vallée de Glashütte, au sud de Dresde, dans l’ancien royaume de Saxe. Quelque chose nous dit que cette montre automatique de 33 mm x 33 mm, qui n’affiche qu’une épaisseur totale de 7,3 mm, a tout du futur best-seller chez les connaisseurs (comptez dans les 3 300 euros pour en trouver une)…

BREGUET : Royalement bleu…

Tous les amateurs se désolent du sort fait à Breguet par un groupe horloger qui ne semble pas comprendre le précieux joyau dont il a la charge et qu’il est chanrgé de transmettre aux prochaines générations : on se demande donc à chaque lancement d’une nouvelle référence Breguet s’il ne s’agit pas d’un chant du cygne de la marque ! C’est, par exemple, le cas de la récente Tradition à quantième rétrograde (réf. 7597) en « bleu royal » : difficile de faire plus Breguet que cette Tradition, qui récapitule en quelques centimètres cubes une tradition horlogère qui court maintenant sur quatre siècles (XVIIIe, XIXe, XXe et XXIe) et qui peut donc se permettre un très séduisant strip-tease mécanique, tout en le magnifiant avec un parti-pris monochrome bleu du meilleur effet. La réussite architecturale de ce mouvement est d’un rigoureux néo-classicisme que confirme le boîtier, directement inspiré par les codes graphiques posés par Abraham Louis Breguet à la fin du XVIIIe siècle (style chic et délicat du boîtier cannelé en or blanc, guillochage à la main du cadran, chiffres romains, aiguilles « pomme », ciselage discret des ponts et de la platine, etc.). Si le « grand Breguet » avait porté une montre-bracelet à la cour de Versailles, cela aurait été une Tradition dans ce goût et il aurait sans doute adoré ce « quantième rétrograde », nom académique sous lequel les horlogers camouflent une indication de la date par aiguille, qui revient automatiquement au début du mois, sur près de 180°, une fois passé le 30 ou le 31 du mois en cours. Évidemment, le bleu « royal » rehausse le raffinement élégant d’une montre de taille raisonnable (40 mm), qui vous délestera d’un peu plus de 37 000 euros pour rejoindre votre poignet, mais vous saurez alors ce qu’est une vraie belle montre et vous comprendrez les émotions esthétiques qu’elle peut vous procurer, jour après jour ! Attention tout de même à ne pas en faire une montre de sport : cette Tradition n’est étanche qu’à trente mètres…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• OAK COLLECTION : OAK est l’acronyme de « One-of-a-kind » (quelque chose comme « pièce unique » en anglais). Ces trois lettres résument parfaitement l’esprit d’une des deux ou trois collections de montres les plus remarquables de cette planète. Et cette collection, rassemblée par Patrick Getreide, un homme d’affaires comblé par ses activités immobilières et commerciales dans les matières premières, est une collection française – ce qui est un autre signal encourageant pour la renaissance de la passion horlogère en France (voir nos précédentes chroniques). 162 des plus belles montres de cette collection de 600 pièces, récoltées en quarante ans de « chasses » horlogères sont exposées ces jours-ci au musée du Design Museum de Londres [c’est, en soi, une invitation à revenir visiter Londres]. Certaines de ces pièces sont considérées comme les plus belles montres jamais réalisées au cours du XXe siècle, comme la sublime et simplissime Calatrava de Patek Philippe datée de 1941 (en haut de la page) ou les premières montres à heures universelles de la marque (ci-dessous). La vidéo ci-dessous donne un aperçu fascinant de cette exposition qui présente plus de « trésors » horlogers uniques ou rarissimes qu’il n’aurait été possible d’en admirer dans les ventes aux enchères de ces dernières années – certaines de ces montres ont été spécialement commandées à Patek Philippe. S’il y a un événement horloger qui marquera 2022, c’est bien la présentation de cette collection française. Et pourquoi ne pas la présenter à Paris pour les amateurs français ? •••• LE CHOIX DES ARMES : certes, les chiffres des exportations horlogères vers les États-Unis explosent [c’est aujourd’hui, devant la Chine, le premier marché pour les montres suisses], mais que préfèrent acheter en priorité les amateurs américains ? Des armes à feu, plutôt que des montres ! Les Américains ont importé 71 millions d’armes à feu au cours des deux dernières décennies – à peu près dix fois plus que de montres traditionnelles, sachant que les États-Unis sont aussi le marché de référence des montres connectées, notamment de l’Apple Watch, dont il a bien dû se vendre localement en sept ans autant de pièces que d’armes à feu importées… •••• LES MYSTÈRES D’APOPHIS : avec un subtil mariage de réalités [l’horloger Louis Moinet est un des génies horlogers français les plus injustement méconnus du XIXe siècle, en dépit de ses innovations de premier plan] et de situations imaginaires, Jean-Marie Schaller, qui a relancé la marque Louis Moinet pour réparer cette injustice historique, nous offre un « polar » axé autour de la sauvegarde du… trésor des rois de France ! Rien de moins… Un roman policier d’autant plus passionnant qu’il met en scène Louis Moinet face au diabolique Apophis : pour mener à bien sa mission, Louis Moinet va glisser des messages secrets dans ses créations horlogères. Le jeu se complique avec une série d’énigmes proposées aux lecteurs : le meilleur décodage de ces mystères aura la chance de pouvoir gagner une montre Memoris Alchimia (chronographe en pièce unique) d’une valeur d’environ 40 000 euros – renseignements sur le site dédié à cette chasse au trésor

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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