Quand la plongeuse grecque adopte un style parisien et quand la Grande boucle défie le sort : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Tous les codes de l’âge d’or dans un chronographe contemporain (Baltic).
Tous les codes de l’âge d’or dans un chronographe contemporain (Baltic).
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Atlantic-Tac

Mais aussi un long siècle de pleines lunes très précises, des couleurs qui éclaboussent les machos, des codes contemporains plus vintage que vintage, un chronomètre de marine pour le prochain siècle et des arcs-en-ciel qui dérangent…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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B.R.M : Jalousies machistes…

Qui a dit que les chronographes B.R.M étaient trop empreintes de « rudesse » pour séduireun public féminin ou régater avec les « montres de mode » ? La seule vraie manufacture horlogère (indépendante) de la région parisienne s’est mise aux couleurs de l’été, à commencer par ce blanc qui est désormais de rigueur sur les poignets qui veulent vraiment se faire remarquer. Bernard Richards, qui vient de souffler les vingt premières bougies de B.R.M (Bernard Richards Manufacture, maison fondée en 2003 dans le Vexin français), a conçu la collection Art Car en hommage à l’univers mécanique, mais il aime trop les femmes – on en voit de plus en plus sur les circuits automobiles – pour ne pas leur avoir dédié une série de montres automatiques de taille raisonnable (38 mm), avec des cadrans qui évoquent autant le dripping cher à Jackson Pollock ou le pop art que le street art des « grapheurs » sauvages. Avec une couronne à gauche pour la touche non-conformiste (réf. GF7-38-SA-Art Car) et des bracelets blancs ponctués de touches colorés, c’est une des propositions féminines les plus inattendues de l’été, à des prix eux aussi relativement raisonnables [comptez un peu plus de 6 000 euros : B.R.M prévoit d’ailleurs d’excellentes facilités de paiement] et en toute originalité, puisqu’il n’y aura que vingt pièces de chaque série. On connaît beaucoup de « machos » qui vont craquer, pour la première fois de leur vie, sur ce qui n’est plus, et de loin, une « montre de dame »…

IANOS x CHRONOPASSION : Brutalisme assumé…

Vous avez probablement raté une des plus intéressantes montres de plongée de cet été 2023, mais vous avez des excuses parce qu’elle n’a été éditée qu’en trente exemplaires et qu’on ne la trouvait que dans une seule boutique parisienne, bien connue de tous les amateurs de montres : Chronopassion, rue Saint-Honoré, l’antre de Laurent Picciotto, grand passionné d’horlogerie, généralement spécialiste des plus belles marques sévèrement tarifées, mais ponctuellement défenseur de micro-marques qui méritent le détour. C’est le cas de Ianos, improbable référence grecque dont la « plongeuse » Mihanikos a tapé dans l’œil de Laurent Picciotto, qui a voulu s’en offrir une série exclusive pour ses clients. Fondamentalement, c’est une vraie « plongeuse », étanche à 300 m, mais ses codes esthétiques font davantage référence à l’univers des scaphandriers qu’à celui de la plongée autonome en combinaison : boîtier massif (43 mm pour 15 mm d’épaisseur), lunette crantée imposante, aiguilles aussi simples que rustiques. La petite seconde à six heures est taillée comme les volants des pompes à air qui permettaient aux « pieds-lourds » (scaphandriers) de respirer sous l’eau. Singularité : la date à midi de ce mouvement mécanique suisse – pourquoi pas ? Il se pourrait même que la forme des index soit celle des éponges que ces scaphandriers grecs – auxquels la montre est dédiée – remontaient des fonds de la Méditerranée à l’aube du XXe siècle. La touche parisienne d’un connaisseur comme Laurent Picciotto, c’est la lunette d’acier sablée, sans le moindre marquage, le gris ardoise du cadran et le cerclage noir des aiguilles gavées de Super-LumiNova. Un style « brutaliste » et non conventionnel qui rhabille parfaitement cette Mihanikos « à la française », hautement désirable pour les 2 900 euros exigés par Chronopassion…

BOVET 1822 : Pleines lunes…

Un peu de poésie, de couleurs et de diamants pour l’été : dans son élégant boîtier « écritoire » (38,7 mm de diamètre pour 43 mm d’or rouge), la montre automatique Récital 23 s’offre quelques nouveaux sertissages et de bien agréables couleurs de cadran – ici, un vert franc et lumineux délicatement ciselé et semé de diamants en guide d’index. Un de ses atouts les plus convaincants reste son indication hémisphérique des phases de la lune, qui s’affichent, tout au long du mois lunaire, dans l’anneau situé au-dessus du cadran des heures et des minutes – on aura noté que, une fois par heure, le rapprochement de ces aiguilles forme un cœur ! Quand la montre s’est arrêtée, pour remettre cette Lune en phase avec son cycle dans notre ciel, il suffit de presser le poussoir logé dans la couronne de remontage, sous le saphir qui y est serti : cet affichage de précision ne réclamera qu’un ajustement mécanique tous les 122 ans – de quoi rêver très longtemps les soirs de pleine lune. Bovet 1822 ne pouvait pas nous signifier mieux sa conviction que le temps est précieux : les femmes qui passent cette montre à leur poignet en sont immédiatement convaincues…

BALTIC : Passion vintage en mode contemporain…

Bonheur et plaisir d’un chronographe contemporain qui semble reproduire une des belles montres de l’âge d’or des montres mécaniques – sauf que ce Bicompax 003 Bleu Gilt est beaucoup mieux que les pièces de l’époque : mieux maîtrisé, mieux fini, mieux mécanisé et mieux tarifé, bref plus « horloger » ! Cela tient à son boîtier parfaitement repensé en 36,5 mm avec des finitions brossées sur la carrure, circulaire sur les cornes et polies sur la lunette : les jeux de lumière accentuent la séduction de la montre. Cela tient aussi au cadran reconfiguré, sous son verre acrylique, selon les codes « deux compteurs » de cet âge d’or, sauf que l’équilibre de ces compteurs est irréprochable, les index ont l’épaisseur idéale, les aiguilles sont subtilement élargies pour gagner en force, le « chemin de fer » des minutes et des secondes est impeccable, le tout avec des finitions sablées et mates de grande classe. Cela tient enfin à la qualité du mouvement suisse (roue à colonnes avec 42 heures de réserve de marche) et à une étanchéité à 50 m : franchement, avec un prix situé autour des 540 euros avec un bon choix de bracelets, si c’est pour goûter aux plaisirs de la montre vintage, ce n’est vraiment plus la peine de prendre le risque d’acheter une montre d’autrefois, avec son mouvement fatigué, ses poussoirs brinquebalants et ses joints d’étanchéité à refaire. La marque française indépendante Baltic sait en donner plus aux vrais amateurs – sans les ruiner !

ULYSSE NARDIN : En route pour la planète Mars…

Les « chronomètres de marine », ces grosses « montres » calées sur des cardans (pour compenser gîte et roulis) dans des caissettes de bois exotique et précieusement conservées dans la cabine du capitaine, ont été les instruments de navigation qui ont permis la conquête des océans, en permettant aux équipages de connaître leur position exacte (longitude et latitude) sur les cartes marines. Des instruments si précieux d’ailleurs que le remontage de leurs mouvements n’était confié qu’à un jeune officier du bord, qui encourrait une peine de flagellation s’il manquait à ses devoirs : sans « chronomètre de marine », toute navigation précise devenait aléatoire. Au XIXe siècle, la maison suisse Ulysse Nardin s’est imposée parmi les spécialistes de ces « chronomètres de marine ». La marque, qui fêtera bientôt ses 180 ans, s’est demandé à quoi pourrait bien ressembler un « chronomètre de marine » mécanique post-moderne, disons dans un siècle. À l ‘âge des horlogers atomiques et bientôt quantiques, ce n’est qu’un jeu, bien sûr, mais le résultat est un UFO (« Unidentified Floating Object ») qui a remplacé les cardans d’hier par une base culbutante (un poids de tungstène logé dans le pied de l’UFO) qui permet une gîte de 60°, soit 120° d’amplitude : même au cœur d’une tempête cosmique, cet UFO remplirait sa mission, qui est d’afficher l’heure, non plus sur un seul, mais sur trois cadrans capables d’indiquer l’heure dans trois fuseaux horaires différents. Un peu plus de sept kilos, 66à composants, 26cm de haut pour 15 cm de diamètre, avec un cylindre de verre soufflé à la bouche pour envelopper le tout : l’objet est imposant, son prix aussi – comptez dans les 38 000 euros pour vous procurer cet UFO dont les dernières séries sont en voie d’épuisement chez les détaillants qui en ont commandé des versions en couleur [rappelons qu’une pièce unique, de couleur orange, avait été adjugée pour près de 400 000 euros lors de la vente charitable Only Watch en 2021]. La réserve de marche est de 365 jours, largement de quoi faire le trajet entre la Terre et la planète Mars : combien de coups de garcette pour le jeune enseigne de vaisseau cosmique qui oublierait de la remonter ?

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté… »

•••• SWATCH : la collection « Love is love » de Swatch est-elle ou non une promotion militante de la cause LGBT ? Elle reproduit les couleurs arc-en-ciel du drapeau de la Gay Pride, ce qui a poussé les autorités malaisiennes à sévir contre cette propagande « homosexualiste » en confisquant ces collections dans les boutiques Swatch. « Comptez-vous réquisitionner aussi les arcs-en-ciel après les orages ? », a voulu ironiser Swatch, mais la Malaisie, pays dominé par les valeurs traditionnelles de l’islam, a rétorqué : « L’arc-en-ciel ne compte que sept bandes de couleur, quand le drapeau LGBT n’en a que six ! ». L’affaire a été portée devant la justice malaisienne : pas sûr que le militantisme wokiste de Swatch – parfaitement anodin en Europe et aux États-Unis – ne soit pas sévèrement mis à mal par les juges locaux. Comme nous le signalions à nos lecteurs (Atlantic-Tac du 26 mai dernier), les Malaisiens pourraient « donner d’autres idées, dans d’autres pays, aux contempteurs de ce qu’ils appellent le “désordre moral” de l’american way of life importé en Europe »…•••• BRAVUR : c’est le week-end triomphal du Tour de France sur les Champs-Élysées. Vous ne connaissez probablement pas cette marque horlogère de Båstad (quelque part dans le sud de la Suède) qui semble prise de passion pour le Tour de France – au point de dédier à la « grande boucle » un chronographe sportif forcément un peu jaune, maillot du vainqueur oblige, avec des détails qu’on peut juger influencés par le Tour : les index des heures n’évoquent-ils pas les pois du maillot du meilleur grimpeur, le compteur des minutes s’habillant de jaune, tout comme l’index à midi ou le bracelet de cette montre baptisée « La Grande boucle » ? Avec des bons yeux, vous aurez, sur l’échelle circulaire des secondes du chronographe, entre deux et trois heures, un « 13 » inversé dans un cadre noir : c’est un porte-bonheur, qui « retourne » l’influence maléfique prêtée au chiffre 13 – on sait les cyclistes très superstitieux ! Le mouvement est suisse (Sellita), mais la montre est assemblée en Suède dans l’atelier de Bravur, qui fournit avec chaque montre une bouteille d’eau minérale spécialement conçue pour les amateurs…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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