Quand Alain jongle avec les couleurs et quand Denis aligne le calendrier : c’est une actualité des montres en mode germinal<!-- --> | Atlantico.fr
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Un calendrier que vos descendants ne régleront que dans huit décennies (MB&F)…
Un calendrier que vos descendants ne régleront que dans huit décennies (MB&F)…
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Atlantic Tac

Mais aussi le grand chic sportif d’une icône des cockpits, les émois mécaniques d’un Irlandais de génie, les racines vintage d’un affichage avant-gardiste, les chocs d’une montre présidentielle et l’émail d’un grand prix automobile…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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URWERK : 23 500 millions de kilomètres…

Même les marques les plus avant-gardistes en viennentà retremper leurs racines dans le grand bain vintage. En 1997, il y a donc vingt-six ans, un jeune horloger suisse nommé Felix Baumgartner présentait sa montre ronde UR-102 au salon de Bâle, une pièce dessinée par son complice designer Martin Frei. Il y avait une forme de timidité dans cette montre ronde de 38 mm qui reprenait le principe des heures « satellitaires » – le chiffre de l’heure défile au-dessus d’un arc-de-cercle qui ponctue les minutes. Depuis, le concept a sérieusement évolué et Urwerk, sans jamais rompre avec cette volonté disruptive, nous a offert un fantastique concert de formes et d’innovations mécaniques. La nouvelle UR-102 « Reloaded » revient dans un style néo-classique à cette Urwerk primordiale, dans un coffret de deux montres, l’une en noir, l’autre en bleu et blanc dans un écrin de titane. La couronne est intégrée dans ce boîtier de 41 mm aux cornes plus anguleuses. Détail non négligeable : ce coffret de ces deux montres vintage sympathiquement « rafraîchies » ne sera facturé qu’au-dessous des 70 000 euros taxes comprises – un futur collector ? On appréciera le soin apporté à une typographie (lettres et chiffres), qui nous précise que, depuis 1997, la Terre a parcouru 23 500 millions de kilomètres autour du Soleil : pour Urwerk, après ce clin d’œil pas tout-à-fait trentenaire, le voyage continue…

DE BETHUNE : Les tanins de la pentalogie…

Avec De Bethune, la manufacture indépendante suissed’un génie horloger français (Denis Flageollet), on n’est jamais déçu – sinon « déçu en bien » comme disent les Suisses romands. Voici la DBD « Saison 2 », cinquième Dream Watch d’une série qui n’a jamais transigé sur l’exigence esthétique, ni sur la virtuosité mécanique. Le nouvel opus de cette pentalogie horlogère ne ressemble… à rien de connu, tant par la forme inhabituelle du boîtier en zirconium poli (42,6 mm) que par l’affichage du temps qui passe : une heure « sautante » à six heures, un disque tournant pour les minutes digitales, un guichet pour l’indication linéaire du jour, de la date et du mois – dommage que cet affichage soit en anglais. La couronne de remontage à midi semble par ailleurs rééquilibrer les « cornes » un peu baroques du bas de la montre. Sous ce cadran vieux bordeaux ou jeune bourgogne [à chacun ses affinités tanniques]

décoré en « côtes de Genève », un mouvement mécanique à remontage manuel de toute beauté, avec deux barillets qui autorisent cinq jours de réserve de marche, un balancier en titane astucieusement profilé, une roue d’échappement en silicium et quelques autres subtilités repérables dans les 309 composants de ce calibre aux finitions exemplaires. Cette DBD « Saison 2 » est un pont jeté dans les plus belles montres de poche du XVIIIe siècle – par exemple, celle de Breguet, Berthoud, Arnold ou Leroy – et l’ultra-créativité de l’avant-garde mécanique contemporaine. Il n'y en aura que treize et il faut compter dans les 130 000 euros pour s’en procurer une, mais, avec autant d’atouts pour entamer son parcours, on sait déjà qu’il s’agit là d’une future star de la collection horlogère…

BREITLING : Une élégante simplicité…

Il n’y a pas que les montres « conceptuelles » dans la vie : il y a aussi les montres classiques, d’autant plus tentantes qu’elles ne sont pas si classiques que ça. Prenez par exemple le cas du chronographe Premier chez Breitling : le modèle est né pendant la Seconde Guerre mondiale, quand les chronographes servaient vraiment aux aviateurs qui sillonnaient le ciel européen [une fois la paix revenue, les montres Breitling seront associées au développement des grands vols commerciaux sur tous les continents]. On est aujourd’hui sorti de cette obsession d’efficacité militaire : il ne nous en reste qu’une certaine tradition d’élégance fonctionnelle et une appréciation nostalgique des plus belles montres mécaniques d’un âge d’or qu’on situe entre les années 1940 et les années 1970. En 42 mm, les nouveaux chronographes Premier B01 jouent de cette nostalgie, avec un vrai mouvement « manufacture » (le B01, « tracteur » conçu et réalisé par Breitling, avec 70 heures de réserve de marche), une étanchéité garantie à 100 m, une lisibilité tout-terrain et des couleurs qui sont autant de friandises pour les amateurs. En jeans comme en costume, à la plage comme au bureau, c’est le compromis parfait entre le chic et l’aisance, le style urbain et la conviction sportive, la simplicité distinguée et l’identité appréciée des connaisseurs (comptez dans les 8 500 euros pour passer cette montre à votre poignet : c’est le prix de la légende pour une des plus célèbres icônes du marché)…

ALAIN SILBERSTEIN x BELL & ROSS : Amuse-bouche…

Ce n’est pas sans malice que nous évoquons ici ce coffret de trois montres[qui n’était vendu qu’en ligne à l’autre bout de la planète : 400 montres écoulées en quelques jours, moyennant à peu près 20 000 euros le coffret] : c’est aussi parce que nous avons l’intuition – axée autour de solides informations – que le meilleur des designers horlogers français, Son Excellence Alain Silberstein en personne, sera une des « vedettes » dont on parlera le plus lors des prochains salons horlogers. Cette trilogie, lancée en début d’année en partenariat avec la maison horlogère française Bell & Ross [on connaît la sûreté du crayon de Bruno Belamich, le co-fondateur de la marque], associait trois montres BR 03-92 en céramique noire (42 mm) aux codes esthétiques préférés d’Alain Silberstein : géométrie chromatique des aiguilles pour la Klub 22 (à gauche), sobriété de l’affichage fonctionnel pour la Marine 22 (au centre, avec sa lunette de plongée) et chronographie surdimensionnée pour le Krono 22 (à droite

), doté de la plus grande aiguille des secondes jamais posée sur une montre Bell & Ross. Le rappel de cette très appréciable trilogie n’est donc qu’un amuse-bouche en attendant le festival Alain Silberstein de la semaine prochaine : Atlantic-Tac vous en reparlera à coup sûr, parce qu’un talent comme celui d’Alain Silberstein – vous verrez de quoi il est capable – est une valeur sûre pour l’horlogerie française…

MB&F : Une fois en quatre siècles…

Nous aurons d’autant moins de scrupules à vous présenterune montre qui va chercher, toutes taxes comprises, dans les 200 000 euros qu’elle est déjà en rupture de stock et à peu près introuvable dans les boutiques de cette planète. Il faut dire que cette Legacy Machine Perpetual est une sacrée machine à démontrer le temps : il s’agit d’un calendrier perpétuel qui indiquera précisément, au moins jusqu’à la fin février 2100, en plus de l’heure et des minutes, le jour, la date, le mois, l’année bissextile et la réserve de marche de la montre. Vous aurez remarqué que l’aiguille des secondes est absente de cette liste, mais à quoi bon quand on dispose, au centre de la montre, d’un des plus majestueux balancier qui soient, suspendu à une double arche qui surplombe tout le mouvement  

? Le lent battement de ce balancier de 14 mm rappelle la cadence des anciennes montres de poche du XVIIIe siècle (18 000 alternances par heure, quand la plupart des montres sont calées sur 21 000 et 28 000 A/h, voire le double) – c’est le côté « héritage » et « hommage à la tradition » de cette Legacy. L’originalité de cette version 2023 de la LM Perpetual, c’est que son boîtier de 44mm est en acier [les précédentes étaient en or, en platine, en palladium ou en titane], avec un fond de cadran saumon du plus superbe effet. On comprend que les amateurs se soient rués sur ce balancier planant au-dessus d’une haute mécanique aussi époustouflante que spectaculaire, créée par l’Irlandais Stephen McDonnel pour Maximilian Büsser, le « MB » de MB&F. Pourquoi cette Legacy Machine Perpetual calera-t-elle le 1er mars 2100 ? Parce que cette année-là ne sera pas, exceptionnellement, une année bissextile et qu’elle ne comptera donc pas [comme tous les 400 ans !] de 29 février : il faudra donc réajuster les indications du calendrier de la montre au matin du 1er mars – une fois tous les 400 ans, ce n’est pas une corvée, mais un plaisir !

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• BELL & ROSS : gros coup de chaud médiatique, mercredi, quand les téléspectateurs qui regardaient l’interview télévisée d’Emmanuel Macron ont repéré qu’il avait discrètement retiré sa montre pendant l’entretien. Des rumeurs imbéciles sur les réseaux sociaux ont pu laisser croire que le président avait eu honte d’une montre de grand luxe oubliée à son poignet. Il n’en était rien ! Business Montres (23 mars)a dévoilé le pot aux roses : la montre du chef de l’État produisait des bruits parasites en cognant la table quand il martelait ses propos d’un mouvement de poignet énergique. Il s’agissait d’une montre Bell & Ross BR V1-92 offerte au président par les policiers de son service de sécurité (Groupe de sécurité de la présidence de la République), pour lequel la marque a réalisé cette série limitée hors commerce, la BR V1-92 de série valant dans les 2 400 euros… •••• SALONS HORLOGERS : les traditionnelles grandes présentations horlogères du printemps se concentrent cette année à Genève, où plus de 170 marques proposeront aux amateurs, aux médias et aux détaillants leurs nouveautés de l’année. Principale attraction : le salon Watches & Wonders, avec une cinquantaine de marques dont Rolex, Patek Philippe ou Cartier, mais aussi de nombreuses références plus modestes. Les autres marques investiront le centre de Genève, ses palaces des bords du lac et ses boutiques de luxe. Différentes animations sont prévues pour faire participer le grand public à cette fête de la montre, qui s’ouvre cependant sur des perspectives économiques incertaines : où en sera la croissance du marché en 2023 ? •••• PATEK PHILIPPE

 : avant de devenir un gagne-pain pour les groupes de luxe milliardaire, l’horlogerie a toujours été – elle le restera probablement toujours – un des beaux-arts du temps. La célébrissime maison genevoise Patek Philippe a maintenu cette tradition des créations artisanales appliquées à la montre, avec des pièces unique et des séries limitées qui mettent les plus subtiles techniques décoratives au service de l’inventivité horlogère. Ceux qui auront l’occasion de se rendre à Genève ces jours-ci ne devront pas manquer l’exposition des chefs-d’œuvre de cette année 2022, qui savent s’inspirer de la nature autant des grandes légendes contemporaines, comme celle de l’automobile. On pourra notamment y admirer des montres comme cette Calatrava « Grand Prix des Nations 1948 », avec son cadran en émail cloisonné, émail paillonné et peinture miniature sur émail : les initiés y reconnaîtront le fameux Jet d’eau et la cathédrale de Genève…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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