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Privatisation d’ADP : Roissy, nouvelle ZAD ?
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Vol-au-vent

L’hostilité à la privatisation des aéroports de Paris, désormais présentés comme autant « d’actifs stratégiques » pour l’État, vient surtout de l’univers des opposants au développement du transport aérien. C’est ironique.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je trouve extrêmement intrigante toute cette opposition à la privatisation des aéroports parisiens. Lorsqu’elle vient de la droite, OK, pas de problème, on comprend : c’est juste de l’obstruction par principe et le groupuscule de Laurent Wauquiez à l’Assemblée nationale déposerait probablement un amendement contre la suppression des charges sociales et de l’impôt sur le revenu si Macron en faisait la proposition.

Mais c’est lorsqu’elle vient de la gauche que cette hostilité me surprend le plus, et cette métamorphose soudaine d'ADP en "prunelle des yeux" de la République ("prunelle des yeux", c'est tout de même plus convenable que "bijoux de famille", non ?).

Bon, d’accord, une privatisation, c’est mal en soi (en l’occurrence, ça n’est d’ailleurs pas exactement une privatisation, juste une concession de longue durée comme pour les autoroutes) puisque l’on sait que dans une société idéale, il reviendrait aux instances prolétariennes de contrôler l’ensemble des moyens de production.

Pour autant, un aéroport, est-ce que ce n’est pas de droite par nature ? Si je me souviens bien, la gauche, la vraie, elle est plutôt carrément contre le concept même d’un endroit d’où décollent des avions — dont on rappelle qu’ils font du bruit, salopent l'atmosphère et ne servent qu’à une poignée de privilégiés qui partent en vacances ou font du business de toute manière…

En ce qui me concerne, et parce que j’ai depuis longtemps abandonné le désir d’appartenir à l’un ou l’autre des deux clans pour me contenter de réagir au cas par cas, je me dis justement que vendre Roissy et Orly à un opérateur privé est l’une des initiatives les plus brillantes qui soit. D’abord, ça va rapporter du pognon à l’État, qui en a bien besoin pour le redistribuer (c’est mon côté de gauche) sans pour autant alourdir la fiscalité (c’est mon côté de droite). Quelque 8 milliards d’euros de cash et 180 millions d’euros d’intérêts annuels une fois cette somme placée dans un fond destiné à stimuler l’activité et l’innovation.

Ça aussi, on en a bien besoin.

De plus, et parce que je fais partie de ces privilégiés qui grimpent de temps en temps dans une carlingue low-cost, je sais bien que les enquêtes qui montrent régulièrement que les plateformes parisiennes comptent parmi les pires au monde en termes de propreté, de confort, d’accueil des passagers, de concurrence commerciale dans les zones de boutiques, etc. sont parfaitement justifiées. D’un point de vue d’usager, je ne sais pas si Vinci fera mieux, mais je subodore qu’il ne fera pas pire.

Le transport aérien, n’en déplaise aux décroissant, est appelé à accélérer son développement de manière gigantesque dans les années qui viennent, la concurrence devenant de plus en plus vive entre les principaux aéroports européens. Je préfère donc savoir les nôtres entre les mains de privés souhaitant gagner du pognon en les rendant plus attractifs aux yeux des compagnies et des clients, à l’instar des excellents aéroports britanniques ou espagnols, que de les voir se laisser tailler des croupières par les hubs des pays voisins (partir de Paris, c'est tout de même plus pratique que de partir d'Amsterdam ou de Francfort).

Et en tout état de cause, Roissy et Orly en nouvelle ZAD, on ne s’y attendait pas...

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