Hollande/Sarkozy : le match de leurs prestations vu par les Français<!-- --> | Atlantico.fr
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Quel bilan tirent donc les Français des dernières prestations de François Hollande et Nicolas Sarkozy la semaine passée ?
Quel bilan tirent donc les Français des dernières prestations de François Hollande et Nicolas Sarkozy la semaine passée ?
©istockphoto/montage atlantico

« Politico Scanner »

Du discours au Bourget du candidat PS à la prestation télévisée du président de la République, la semaine passée a peut-être constitué un tournant dans la campagne présidentielle.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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On s’en souvient, dimanche 22 janvier le candidat socialiste menait son premier meeting de campagne au Bourget. Une séquence politique et médiatique que l’intervention présidentielle a clos dimanche dernier. Une semaine et deux interventions plus tard, les instituts de sondages font le point des prestations des deux candidats, un match, nous le verrons, très serré.

Bilan d'une semaine politique cruciale

L’heure est désormais au bilan des prestations successives, exercice auquel se livrent les instituts de sondages, TNS Sofres, Ifop et Harris Interactive qui ont testé le pouvoir de conviction de François Hollande et Nicolas Sarkozy auprès des Français. Ainsi, Sofres a interrogé 2274 téléspectateurs Français ayant regardé Des paroles et des actes, du 26 au 27 janvier afin de recueillir leurs premières impressions après le débat Hollande-Juppé. Le pouvoir de persuasion comparé entre les deux hommes dévoile un vainqueur : le candidat socialiste selon 53% des Français l’ayant trouvé convaincant, contre 40% pour Alain Juppé. Une séquence réussie en apparence pour François Hollande, qui est parvenu à prendre la main sur le débat, mais qui nous le verrons, divise sur le fond.

La prestation de Nicolas Sarkozy est aussi passée au crible par les analystes de Harris Interactive/LCP (1111 Français) et Ifop/JDD.fr (849 Français). Deux enquêtes réalisées sur le terrain dès la fin de l’intervention présidentielle le 29 à 21h30, jusqu’au 30 janvier. Deux enquêtes, deux angles différents et de nombreux constats, à commencer par des téléspectateurs partagés face à cette intervention. Selon l’Ifop, 49% des Français ont trouvé le Président de la République convaincant, une proportion ramenée à 41% selon l’institut Harris Interactive. Pour mémoire, lors de son intervention télévisée précédente, dans Paroles de Français sur TF1 en février 2011, il avait été jugé nettement moins convaincant (un écart de 15 pts avec sa prestation de dimanche). Même constat lorsqu'on compare sa dernière prestation avec son intervention télévisée d'octobre 2011 (-3 pts). Par ailleurs, une fois ces résultats ramenés à l’âge des interviewés, on s’aperçoit, selon les deux instituts, que les 65 ans et plus ont davantage trouvé le Président convaincant (48% pour Harris Interactive, 59% pour Ifop). Il s'agit d'un électorat crucial pour l'UMP et qui tend à se déplacer largement pour aller voter lors des élections. 

Plus précisément, on s’aperçoit grâce au sondage Harris Interactive que la majorité des Français ayant « suivi l’intervention » ont trouvé le Président convaincant (55%), une proportion qui s’élève à 63% auprès des Français ayant « suivi l’intervention en totalité ». En somme, plus on a suivi de près l’intervention du chef de l’Etat, plus on l’a trouvé convaincant…

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Comme l’illustre le graphique ci-dessus, Nicolas Sarkozy recueille sur la majorité des qualificatifs présentés un taux d’adhésion majoritaire. 82% des Français ont ainsi trouvé le Président sortant déterminé, un adjectif qui fait l’unanimité selon toutes les catégories interrogées. Arrive en deuxième position le courage, constaté par 65% des Français, toutes classes d’âge et presque toutes sensibilités politiques confondues, à l’exception des sympathisants socialistes qui désapprouvent ce qualificatif. Un chef de l’Etat compétent pour 57% des Français, davantage cité à droite (81%) et au Modem (71%) qu’à gauche (35%).

En bref, « clair », « à l’aise » et « sincère » selon la majorité mais pas tout à fait convaincant à en croire les 49% de Français convaincus par les propos du Président sortant. Toutefois, il n’en reste pas moins que les items sur lesquels le Président est estimé plus faible que les autres sont habituellement attribués à la gauche (« à l’écoute des Français » 46% et « rassurant » 41%)…

Les points forts de chaque candidat

Promesses contre mesures, la Sofres a testé 4 thèmes du projet du Président du Conseil général de la Corrèze, tandis que le Président de la République a été testé sur 13 mesures par Harris. Programme socialiste qu’un Français sur deux (50%) considère toutefois comme irréaliste, et que 51% des Français ne considèrent pas à la hauteur des enjeux soulevés par la crise actuelle.

D’abord François Hollandea été aux yeux des Français convaincant sur le thème de l’éducation selon 52% des Français. Point fort pour le candidat socialiste, atténué par les autres items testés comme la gestion de la dette et des déficits qui ne convainc que 42% des Français. Un item que l’on peut rapprocher à la réduction des déficits publics sur laquelle Nicolas Sarkozy a convaincu 37% des Français (+5 pts depuis octobre 2011, dont 75% de ses électeurs en 2007), ou encore la réduction en France des effets de la crise, convaincante pour 35% des Français (+5 pts depuis octobre).

Quand François Hollande convainc 42% sur le thème général du pouvoir d’achat, Nicolas Sarkozy a convaincu 28% des Français, +10 pts en 11 mois (dont 61% des électeurs de Nicolas Sarkozy en 2007). 42% des Français estiment que les propositions de François Hollande sur l’emploi sont convaincantes. Testée pour Nicolas Sarkozy, la lutte contre le chômage convainc 31% (+7 pts depuis octobre) et les mesures sur le temps de travail, en ont convaincu 39%. A noter, comme l’indique le graphique ci-dessous, que Nicolas Sarkozy est davantage paru convaincant sur la mise en place d’une taxation des produits financiers (46%), tout comme la politique internationale de la France (44%).

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En sortant à son tour sa propre enquête auprès de plus de 1000 personnes sur l’intervention de Nicolas Sarkozy, Opinionway pour le Figaro et LCI, démontre la popularité de certaines mesures proposées par le chef de l’Etat. A commencer par la loi obligeant les entreprises de plus de 250 salariés à avoir au moins 5% de jeunes en apprentissage, qui séduit toute la classe politique et 90% des Français.

Même accueil pour la taxe sur les transactions financières, approuvée par 77% des Français, par les sympathisants du PS (81%) comme de droite (81%). Plus clivant, le projet visant à donner la possibilité aux partenaires sociaux de négocier des accords au sein de chaque entreprise pour définir par exemple le temps de travail séduit 65% des Français, en priorité les sympathisants de droite (86%), mais aussi les catégories aisées (61%) presque autant que les classes populaires (65%). Une mesure pourtant impopulaire à gauche au regard de la faible proportion qui l’approuve : 44% à l’extrême gauche, 42% chez les sympathisants PS.

Enfin, la mesure sur l’augmentation de 30% des droits à construire sur tout terrain décroche 53% d’avis favorables auprès des Français, alors que la baisse des charges pesant sur les salaires en contrepartie de l’augmentation de la TVA de 1,6 point ne séduit pas tout à fait la majorité des Français (42%), mais tout de même 74% des sympathisants de droite.

Des mesures sinon populaires, au moins reconnues comme nécessaires par les Français, qui considèrent à 39% que Nicolas Sarkozy est mieux à même de diriger le pays que François Hollande (32%), qu’il est plus capable de réduire la dette de la France (35% contre 27%) ou encore de réformer la France (34% contre 30%).

Si le candidat socialiste est clairement favori des sondages dans les intentions de vote et dans les baromètres de popularité, il faut rappeler que la crise impose ses règles dans la présidentielle et qu’il est probable que cette année, bien plus que les autres fois, l’élection se jouera sur la crédibilité et les mesures de fond portées par les prétendants à l’Elysée. Et dans ce domaines, le match est bien plus serré…

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