Conflit sino-japonais : mais que se passe-t-il donc en Chine ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le 18 septembre marque anniversaire de l'invasion de la Mandchourie par le Japon, en 1931.
Le 18 septembre marque anniversaire de l'invasion de la Mandchourie par le Japon, en 1931.
©Reuters

Revue de blogs

Les violentes manifestations anti-japonaises en Chine peuvent être le dernier accès de nationalisme chinois en date, mais les blogueurs sur place y lisent beaucoup plus. Une manipulation du gouvernement chinois, actuellement en proie à une lutte interne pour le pouvoir suprême, qui lui aurait peut-être échappé.

 La Chine et le Japon vivront aujourd'hui mardi 18 septembre le grand test de la guerre des nerfs qui les oppose depuis une semaine, après des manifestations monstres dans 80 villes chinoises et des saccages en série d'intérêts japonais en Chine, depuis des usines Toyota jusqu'aux restaurants de sushi, car c'est aujourd'hui l'anniversaire de l'invasion de la Mandchourie par le Japon, en 1931, et de l'incident de Mukden. Si la tension déchaînée en Chine par un vieux conflit territorial autour de cinq minuscules îles (appelées Diaoyutai en chinois,Senkaku en Japonais) est incompréhensible vu d'Occident, on peut mesurer la rage, la violence et les dégâts bien réels provoqués en Chine sur la galerie de photos du blog Imgur. 


Tête de gondole de supermarché à Nanjin, revendiquant par les armes les îles Diaoyutai(sur le blog Imgur)

Du côté japonais, la tension et la crainte ou l'envie d'en découdre avec la Chine, est perceptible uniquement sur les médias sociaux, mais elle est guerrière.Inhabithouse, une blogueuse japonaise (qui publie sur la plateforme française Skyblog) déclare carrément  : "Chine et Japon, la guerre commence", et écrit, sous la photo des flottilles de bateaux de pêche chinois partis "défendre" les îles contestées : "La Chine est un bateau de pêche voyou, j'ai une arme. Souffrent de ce bateau de pêche chinois, le Japon et la Corée du Sud"

Photo publiée sur le blog Inhabithouse, DR

Un soulèvement organisé ? 

Pour les blogueurs étrangers sur place, l'affaire est suspecte, ressemble à une manipulation, et l'un des blogs en anglais de référence sur la Chine, China Geek, a même titré : 'Les émeutes anti-Japon en Chine sont sponsorisés par l'Etat. Point à la ligne." A regarder les photos des manifestations, selon ce blog, "Pour n'importe qui a a participé à une manifestation en Chine avant, votre (...) réaction va être de dire ceci : Mais où sont les foutus flics? Si vous n'y croyez pas, essayez de revoir les photos encore - ou faite juste une recherche images pour manifestations japon” sur Weibo — et cherchez les policiers. Vous en verrez quelques uns, bien sûr. Mais vous n'en verrez pas beaucoup". A un lecteur qui lui signale que les manifestations de Beijing étaient, elles, très 'policée', un autre à répondu que les villes les plus 'violentes' envers le Japon étaient, justement, celles qui "appartiennent' à des factions rivales du Parti. 'Toute l'affaire anti-Japon est absolument manipulé par l'Etat, aucun doute là dessus. Mais je pense que vous pouvez aller plus loin. Un parti, plusieurs factions...Pour ce que je sais, il y a trois factions principales dans le Parti communiste chinois. C'est Hu et Jiang l'un contre l'autre. Regardez les villes les plus violentes : Xi’an, Chang’ sha, etc…Ce sont tous des partisans de Hu. Et Beijing, Shanghai, et Guangzhou…lol…c'est la clique de Shanghai"…

La censure se relâche

La plupart des manifestations ont été coordonnées via la plateforme web QQ, qui n'est pas la plus populaire, mais permet d'organiser ses conversations en groupe. Par ailleurs, des internautes ont remarqué que des fonctionnaires participaient à la mobilisation, et qu'ils avaient eu la surprise de recevoir des messages guerriers de la part d'un employé du service des impôts et d'un centre de recherche de l'armée, entre autres. D'autres blogueurs ont remarqué que la censure par mot-clé, d'habitude si efficace et obtuse et qui bloque toutes les phrases comprenant le mot 'Manifestation" (游行) laissait maintenant passer "manifestation anti-Japon". Les mots “îles Diaoyu”, “Protégez Diaoyu”, “Protester”, et “écraser” sont même apparus dans les mots "tendance" des micro-blogs. 

La faute aux réseaux sociaux ? 

Sur son blog  surThe newyorker,Evan Osnos, qui vit en Chine, raconte une anecdote qui pourrait signifier que, manipulée ou pas par le gouvernement chinois a la veille d'une élection cruciale dans le Parti, celui-ci pourrait ne pas avoir prévu et pris la mesure de l'effet kérosène que peuvent avoir maintenant les médias sociaux en Chine sur une crise peut-être savamment planifiée. La semaine dernière,un passant chinois à Beijing a arraché le fanion japonais de la voiture de l'ambassadeur du Japon qui passait devant lui. En soi, un incident microscopique, mais qui a fait le tour de la Chine sur le Web et les téléphones mobiles. Evan Osnos remarque  : "Ceci est le premier test grandeur réel du nationalisme chinois à l'âge de Twitter (dans le cas de la Chine, où Twitter est censuré, l'âge du microblog) et la vitesse et l'intensité avec laquelle la nouvelle s'est répandue a été stupéfiante. J'étais à Wuhan, à dix heures de train de Beijing, et quand la nouvelle est tombée, et j'en ai entendu parler par un ami chinois qui suivait l'affaire sur son mobile et décrivait sa progression en boule de neige sur les réseaux de microblog, comme Weibo (...). Ce qui lui fait conclure : "Certains des grandes puissances du monde découvriront que leur relations fragiles et gérées avec soin sont maintenant dans les mains, plus que jamais, du public". 

On peut aussi lire l'analyse très pessimiste du blog Foreign Policy, "En eau dangereuse" pour qui la Chine pourrait s'être laissée entraîner dans une crise qu'elle ne maîtrise plus, ou mal.

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