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Macron "en marche" avec "son armée secrète" ; Sarkozy "en tête de gondole" avec ses fans ; mais aussi le pire (Kim Jong-un, l’homme le plus dangereux de la planète) et le meilleur (pour le bonheur au travail)
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Revue de presse des hebdos

Au sommaire cette semaine : burnout, chômage, Brexit, VGE, "En marche ! ", et un débat sur les cerveaux de Nuit debout ou de Kim Jong-un. Hétéroclite.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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L'antidote au burnout : prendre conscience que la satisfaction au travail est indispensable 

Loin de l’angoisse du chômage, la peur du terrorisme ou toute autre forme de sujet anxiogène, "Challenges" propose cette semaine de croire en un monde meilleur et de "vivre le travail autrement" grâce à "dix leçons de bonheur au bureau et pas simplement dans les startup". Une petite dose de croyance et dix commandements. Peut-être portés par l’Ascension et l’annonce du Saint-Esprit.

"Et s'il était grand temps de libérer les talents ? De sortir des carcans pour réussir ?" Le magazine économique veut qu’on se secoue les puces, car "oui, la satisfaction au travail est indispensable à la performance". Alors, puisqu’il faut être performant, on a peut-être trouvé là une bonne raison de chercher à être heureux.

"La souffrance au travail est devenue "le mal de notre temps". Et comme les entreprises sont responsables, elles doivent payer". "Challenges" rappelle qu’en ce moment, Benoît Hamon, "l’ex-ministre, qui n'a jamais travaillé en entreprise" défend "la reconnaissance du burnout comme maladie professionnelle financée par les employeurs". Mais l’hebdo n’y est clairement pas favorable : "L'antidote au burnout ne sera pas une loi, mais la prise de conscience que la satisfaction au travail est indispensable".

Pas de loi, mais une table donc. Pour y parvenir, il suffit, visiblement de se munir de ses dix doigts et "Challenges" articule ses propositions :

1.    le lâcher-prise tu apprendras

2.    L'entreprise tu libéreras

3.    Des salariés tu feras des entrepreneurs

4.    La transparence tu instaureras

5.    La confiance tu partageras

6.    Les salariés tu feras grandir

7.    le dialogue tu encourageras

8.    La survie tu dépasseras

9.    La hiérarchie tu supprimeras

10. Les handicapés tu accueilleras

Nourris d’exemples concrets, de théories participatives, et de bons sentiments, le magazine "dynamite le management" - joliment -  pour le bonheur de tous J

Jean Tirolle, Prix Nobel d’économie : Le chômage en France "correspond à un choix de société".

Le guide vers le monde meilleur, pour "L’Express" cette semaine, c’est plutôt Jean Tirolle, le prix Nobel d’économie. Il nous offre ici "des leçons" "pour réconcilier les Français avec l'économie". Des leçons qu’il publie dans un ouvrage destiné au grand public. "De la pédagogie". "Pas de la vulgarisation".

En avant-première, l’hebdomadaire offre le "diagnostic" du Nobel : "il n'y a pas de fatalité aux maux dont souffre le pays". (Bonne nouvelle !)

Et il décrypte par exemple que nous sommes humains. Et que donc, "nous réagissons aux incitations auxquelles nous sommes confrontés, matérielles ou sociales. Cela fait que nous adoptons en comportement qui peut aller à l'encontre de l'intérêt collectif". Aujourd’hui, nous sommes à la "recherche du bien commun", soit " la construction d'institutions visant à concilier autant que faire se peut, les intérêts individuels ou collectifs". Ces "Institutions" étant "l'Etat" et "le Marché". Complémentaires.

"Nous ne pouvons pas éliminer complétement tout risque de crise."

Aussi, il explique que le risque zéro n’existe pas. Qu’il faut intégrer cette notion de risque. "Nous devons être conscients que nous ne pouvons pas éliminer complètement tout risque de crise. Car (…) il faudrait brider les prises de risque et les innovations et vivre dans le court terme au lieu d'investir dans le long terme."

Mais surtout, il y cause ("loi El Khomri" sans la citer) de la nécessité de réformer le travail en France, avec une jolie approche du visible et de l’invisible. Explications : "L'économiste s’oblige à penser aussi aux victimes invisibles, se faisant ainsi parfois accusé d'être insensible aux souffrances des victimes visibles". Et concrètement, si on parle chômage, ça donne cela : "Beaucoup de gens disent : "si on facilite le licenciement, comment va t-on améliorer l'emploi ?" Effectivement, si on le facilite, les entreprises vont commencer par licencier des salariés en surcroît. L'économie nous apprend à aller au-delà de ce raisonnement, en regardant les effets indirects. Aujourd'hui, 90 % des créations d'emplois sont temporaires (CDD). Face à l’incertitude sur leur carnet de commandes, les entreprises ne veulent plus employer en CDI de peur de devoir garder les salariés dont elles n'ont plus besoin. Et elles multiplient les recours aux contrats courts. Quant aux personnes en CDI, si elles sont licenciées, elles vivent un drame, réel, car elles auront beaucoup de mal à retrouver un autre CDI. Dans le débat public, on insiste beaucoup sur ses victimes visible mais on ne voit pas tous les autres, les chômeurs, ou les titulaires de CDD".

"Il faut toute une série de réformes. Par rapport aux Allemands ou au pays scandinaves, on en est loin".

Il remet en perspective le débat et rappelle qu’on a encore de la route à faire : "Le débat récent, en France, s'est concentré essentiellement sur le licenciement, mais il y a beaucoup d'autres facteurs, l'éducation, la formation professionnelle – elle coûte 32 milliards d'euros par an pour un résultat très médiocre. Le choix de la redistribution par un salaire minimal plus élevé qu’à l’étranger plutôt que par l'impôt. Il faut toute une série de réformes. Par rapport aux Allemands ou au pays scandinaves, on en est loin".

Mais, in fine, ce que Jean Tirolle veut nous faire entendre, c’est que ce qui nous arrive c’est ce que nous méritons et que le chômage en France "correspond à un choix de société". A lire aussi pour ses propositions nouvelles et la création "d’un bonus malus" des entreprises.

Brexit : "Les Britanniques n’ont pas seulement en main leur destin mais aussi le nôtre"

La Reine Elisabeth II est en bleu et en couverture du "Point" dans son dernier numéro. Elle nous adresse un petit signe de la main. D’au revoir ? ou elle nous salue par sa présence ? Pas clair. L’Angleterre est-elle venue nous dire qu’elle s’en va ? Le magazine accorde ainsi un long dossier au Brexit (NDLR : la contraction de British Exit, qui semble déjà limiter sa présence). Pour rappel, c’est le 23 juin, que les Britanniques choisiront de quitter ou non l’Union Européenne.

Le magazine aborde le sujet sous tous ses angles dont l’impact que ç’aura sur notre vie à nous. Citant la députée Européenne Sylvie Goulard : "C'est révoltant. Les Britanniques n’ont pas seulement en main leur destin mais aussi le nôtre. Mais tout le monde fait comme si ce n'était pas grave. C'est irresponsable." Faisant cas de Barack Obama qui est venu il y a quelques jours à Londres faire campagne : "Il faut que les choses soient claires : si le Brexit passe, l’Amérique ne fera aucun cadeau à la Grande-Bretagne".

Mais "Le Point" s’inquiète du silence d’Angela Merkel, de François Hollande ou de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission Européenne. "Comme s'ils étaient gênés, tétanisés plutôt".

Valéry Giscard D’Estaing pour "un secrétaire général de la zone euro"

Dans ce silence radio, "Le Point" donne la parole à Valéry Giscard D’Estaing. Et parmi tout ce qu’il détaille, explique et analyse, il propose aussi un moyen de redonner corps à notre Europe. Selon lui, il faudrait "un secrétaire général de la zone euro, car la deuxième monnaie au monde n'a même pas de structure pour programmer et coordonner ses réunions (…) Son rôle serait de veiller à la régularité des réunions, de préparer l'ordre du jour et d'assurer la communication avec l'opinion publique" pour tenter de s’imposer comme "une puissance économique à l’échelle des grandes puissances du monde !".

Et puis, pour être juste, un politique s’est – tout de même - fait entendre, pointe le magazine. "Il y a quelques semaines, Emmanuel Macron a essayé de rompre cet étrange silence et d’électriser la campagne, en faisant peur aux Britanniques avec quelques mots : "le jour où la relation entre la Grande-Bretagne sera rompue, les migrants ne seront plus à Calais." Sous-entendu, la France ouvrira les portes en grand pour qu'ils rejoignent le Royaume-Uni.

Derrière le leader de "En marche !" : De jeunes cadres du privé, des Grands Patrons et des ex Strauss-Kahniens

Macron ? On le retrouve, dans le même journal "Le Point", un peu plus loin avec un long article entièrement consacré à sa personne et à "son armée secrète".

Et qui sont-ils ses soldats ? Qui sont les "Nuit debout de Macron" ?

On y lit que, somme toute, "le monde strictement politique n’occupe qu'une petite partie de l'espace", que "hormis son cabinet surprotecteur à Bercy, quelques députés gravitent autour de lui. Richard Ferrand, Fabrice Verdier, Stéphane Travert, Corinne Erhel, Arnaud Leroy à l'Assemblée nationale et François Patriat au Sénat discutent régulièrement avec Macron. Le maire de Lyon, Gérard Collomb, ne cache pas sa sympathie". Le magazine évoque aussi les ex Strauss-Kahniens, comme Stéphane Boujnah, le patron d'Euronext ("C'est normal que les orphelins de DSK se retrouve dans son sillage"), de jeunes cadres du Privé, ou les Grands Patrons.

"Le seul hic", écrit Charlotte Chaffangeon dans son papier, "c'est que tout ce petit monde a peine à répondre à une question : pourquoi fait-il tout cela ? Et donc, pourquoi s'engagent-ils ainsi ? Plusieurs froncent les sourcils de mécontentement à l'idée de mettre tous ces efforts au service de la campagne de François Hollande en 2017. Celui qu'ils veulent, c'est Macron. Pas un autre. Lequel, pour l'instant, reste officiellement loyal au chef de l'état et répète souvent ceci : "il faut aller jusqu'au bout, même si on sait que ça peut être un accident industriel".

François Ruffin, l’homme -  carburant du mouvement "Nuit debout"

Du côté des "Inrockuptibles",  celui qui vraiment "secoue la gauche" n’est pas Macron. Bien entendu. C’est François Ruffin qu’on retrouve en photo pleine couv’. François Ruffin, pour le lecteur à qui le nom aurait échappé, est la tête d’épingle qui ressort de la Place de la République et de "Nuit debout".

Qui est donc cet "homme qui secoue la gauche" ? Il est un "journaliste activiste tombé tout petit dans la presse dissidente". A travaillé pour Daniel Mermet, à l’époque, sur France Inter. L’ancien producteur dit d’ailleurs ici de lui : "C'est le pétard qui a rencontré l’allumette". Ruffin est rédacteur en chef de "Fakir" et réalisateur du documentaire "Merci patron !", "cette fable sur la lutte des classes qui, aux dires du magazine, a redonné du jus aux contestataires de tous poils et créé des vocations chez une génération écœurée par les Partis" et "avec plus de 300.000 spectateurs "merci patron !" a été le carburant du mouvement "Nuit Debout" qui occupe plusieurs places de France depuis le 31 mars. Aujourd’hui, selon "Les Inrocks", il a décidé "de forcer son caractère pour devenir le porte-voix de la France périphérique". François Rufin s’impose donc pas à pas. Il s’imposerait même comme "la vraie alternative de Gauche à Marine Le Pen" selon le démographe Emmanuel Todd, ici cité.

Les "Nuits debout" ont-ils un "cerveau" ?

La question est formulée par Franz-Olivier Giesbert dans son édito du "Point". Elle fait référence aux mots de Sarko, "l'autre mardi, à Nice, alors qu'il donnait une réunion publique perturbée par un concert de casseroles de militant de "Nuit debout". M. Sarkozy a déclaré : "Nous ne pouvons pas accepter que des gens qui n'ont rien dans le cerveau viennent sur la Place de la République donner des leçons à la démocratie française."

Ça lui plait à FOG (même s’il le micro tacle au passage) : "Que M. Sarkozy ce soit reconverti dans une carrière de Danièle Gilbert de supermarchés pour assurer les promotions de son dernier livre, cela ne l'empêche apparemment pas d'avoir gardé du Pep. Il a raison, il n'est que temps de jeter dans les poubelles de l'histoire ce microphénomène "Nuit debout" qui ridiculise ce qu'on appelait naguère l'intelligence française mais qui bénéficie d'une complaisance inouïe du pouvoir et des "élites", selon lui.

Sarkozy "en tête de gondole" où "il fait un carton".

Sarko au supermarché, il n’y a pas à dire… ça fait causer. "L’Obs" s’y arrête aussi. "Dans les sondages, il est distancé par Juppé. Mais dans les supermarchés où il dédicace son livre, il fait un carton. Grisé par ces fans, L’ex Président et probable candidat à la primaire est persuadé qu'il va tout renverser". Le journal le décrit in situ "assis derrière une petite table dressée au rayon livre", "il dédicace à tour de bras son livre "la France pour la vie"". "Ils sont plus d'une centaine à faire la queue, un exemplaire à la main".

Et à Sarko de déclarer : "Ce ne sont pas des sondages, ça c'est le pays". ce qui compte à ses yeux, c’est les chiffres de vente de son livre : "180 000 exemplaires, qui d'autre fait ça ? On en vend encore des centaines par semaine grâce au bouche-à-oreille."

Il y croit donc et fait le parallèle : "Je suis comme Chirac. Plus les médias le quittaient, plus il engrangeait".

"Baroin à table avec le diable" : il va pactiser avec Sarkozy

Dans "L’Express", on les compare moins qu’on ne les oppose.

Dans un article consacré à François Baroin, intitulé crûment "Baroin, à table avec le diable", on peut lire que "l’ancien ministre s'apprête à officialiser son soutien à Nicolas Sarkozy pour la Primaire de la droite". Et à "L’Express" de poursuivre : "Un choix qui secoue toute la Chiraquie".

Car, "pour les chiraquiens, Juppé est le choix de l'évidence" prévenait Claude Chirac dans "l'Obs" en 2014. "Elle est combattante, une guerrière et je la respecte pour cela murmure François Baroin, peu enclin à étaler ses états dame. "C'est une sœur, mon affection à son égard est éternelle." "L’Express" récapitule : "Son problème à elle s’appelle Sarkozy. Son problème à lui s'appelle Juppé. La Primaire ne favorisera pas la réconciliation. Entre les deux derniers Présidents de Droite de la Ve République, le fossé ne se comblera pas".

L’homme le plus dangereux de la planète ? Kim Jong-un

"L’Obs" n’a pas peur de titrer sur "L’homme qui fait trembler la planète".

Le dictateur Kim Jong-un va être introniser "leader suprême" le 6 mai à 33 ans. "Le tyran nord-coréen qui détient la bombe atomique fait trembler ses voisins; qui est cet énigmatique  despote qui règne sur le pays le plus fermé au monde ?". Dernier "rejeton d'une dynastie qui martyrise son peuple depuis 70 ans". Lorsqu'il succède à son père en décembre 2011, il n'a pas 30 ans. "Avec son étrange coupe de cheveux, son visage Poupin et sa démarche d’obèse, on le prend pour un clown". "Pour un bouffon". Quatre ans plus tard, il ne "il ne fait plus rire personne" écrit le magazine.

Kim Jong-un est le plus jeune chef d'État au monde – "le plus dangereux aussi".

"L’Obs" y dresse son portrait et dessine ses possibles dans un papier fort intéressant : "Il est extrêmement intelligent. Il aime la confrontation et n'a peur de rien. (…)Le peuple n'attend plus rien de son leader suprême. Depuis la grande famine des années 90, il sait que le système prétendument socialiste ne fonctionne plus. Tout s'est effondré. Un quart seulement des nord-coréen peuvent survivre avec un maigre salaire de l'État. Les autres, qui gagnent quelques centimes euros par mois, essaient de se débrouiller grâce aux "jangmadang", le marché noir auquel toute la population a recours".

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