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Les banques centrales : un facteur de risque pour les marchés ?
©REUTERS/Ralph Orlowski

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Après des années de politique monétaire convergente à travers la planète, le fait d’avoir 2 des 3 ou 4 principales banques centrales qui entament des politiques divergentes peut avoir des conséquences néfastes.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Après un mois d’octobre très positif pour les marchés financiers grâce aux banques centrales, poser la question de savoir si les banques centrales sont devenues un facteur de risque peut paraître incongru.

Pourtant, il n’est pas illégitime de se demander si après des années de politique monétaire convergente à travers la planète, le fait d’avoir 2 des 3 ou 4 principales banques centrales qui entament des politiques divergentes ne va pas avoir des conséquences néfastes.

En résumé : la FED devrait augmenter ses taux prochainement… Peut-être dès décembre. La BCE, quant à elle, a indiqué qu’elle allait poursuivre sa politique accommodante.

Chacun poursuit sa politique dans une logique qui lui est propre.

La BCE indique clairement que l’inflation reste trop basse et que l’activité économique est encore fragile même si les signaux sont meilleurs. Elle va donc continuer longtemps à injecter des liquidités. La FED de son coté, s’appuyant sur des chiffres de création d’emplois très élevé, envisage désormais de débuter un cycle de "normalisation de sa politique monétaire". En clair, elle va augmenter ses taux.

Dans le monde financier particulièrement interconnecté dans lequel nous évoluons, ces décisions ne peuvent être sans conséquence.

D’abord peu visible, les évolutions peuvent devenir plus marquées : à l’image des plaques tectoniques entre les continents. Rien ne bouge en apparence jusqu’aux premiers craquements…

Sur les marchés, les situations évoluent beaucoup plus vite. D’une semaine sur l’autre les paysages changent. Ainsi ces derniers temps après l’euphorie d’octobre, les taux se sont un peu tendus, la hausse du dollar a été forte enfin les matières premières et les actions ont baissé.

Il est en effet illusoire de penser que des décisions importantes aux Etats-Unis soient sans effet pour l’économie des pays émergents ou le niveau des taux dans le monde par exemple.

Dans le discours des banques centrales récemment le plus étonnant a été de ne lire aucune mention sur la parité euro/dollar. La réaction du marché a été claire : hausse du dollar contre euro, tensions sur les taux et baisse des actions !

Le message envoyé par les marchés est sans équivoque, nous pourrions le résumer ainsi : sans un minimum de concertation sur leurs grands messages des banques centrales, la volatilité sur les changes, les taux et les actions va rester élevée voire monter encore.

Les risques liés à la volatilité des changes sont bien connus : cela perturbe les échanges mondiaux et in fine pénalise le commerce et l’investissement des entreprises.

Tout le problème, dans l’analyse de ce que vont entreprendre la FED et la BCE, réside dans le fait de savoir ce qui va primer entre les considérations "domestiques" et les considérations "internationales".

Les grandes multinationales américaines ont déjà indiqué souffrir d’un dollar trop fort, les pays émergents sont, pour leur part coincés entre dollar fort et prix bas des matières premières. L’Europe est un peu plus à l’abri des aléas conjonctures internationales du fait d’une exposition moindre et bénéficie de ce fait d’une activité "intra-européenne" qui la protège un peu.

Après les perturbations actuelles, nous pensons qu’une forme d’équilibre et de concertation devront être trouvée pour envisager un retour au calme sur les changes en particulier. La FED devrait certes remonter ses taux mais en accompagnant cette action d’un discours apaisant sur la suite de sa politique. La BCE devrait annoncer, comme elle l’a fait maintes fois, indiquer qu’elle se tient prête à agir "au cas où" !

L’équilibre est donc très fragile et le suspense va durer au moins jusqu’aux réunions des banques centrales prévues d’ici mi-décembre.

Si les choses se passent correctement à cette date, un retour à une activité plus normale sera possible : les informations sur les entreprises et les secteurs reprendront un rôle clé dans la construction des portefeuilles. En attendant, nous considérons qu’il ne faut pas augmenter le risque des portefeuilles ; rester centrer sur les valeurs européennes les plus sensibles à l’activité intra-européenne ;  garder quelques positions en dollar et enfin éviter les investissements sur les pays émergents pour le moment, il sera toujours temps d’y revenir en 2016.

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