En ce qui concerne la Serbie, Wagner semble avoir disposé d'une unité serbe qui était, au moins jusqu'en avril 2016, sous le commandement de Davor Savičić, un ancien membre de la Garde volontaire serbe (Tigres d'Arkan). Début février 2018, certains médias ont rapporté qu'un membre serbe de Wagner a été tué lors de combats dans l'est de l'Ukraine. Si les activités du groupe en Europe sont peu connues, on sait que Wagner est impliqué dans la sécurité politique, la formation des troupes et les opérations de déstabilisation. Géographiquement, l'Ukraine reste la principale zone d'activité, mais on soupçonne la présence de mercenaires dans le Haut-Karabakh.
Qu'est-ce qui explique les liens étroits entre Wagner et la Serbie ?
La présence du groupe Wagner en Serbie est due aux bonnes relations entre les deux pays. La Serbie est le principal allié de Moscou et de Beijing dans les Balkans. Cette amitié s'explique par la proximité culturelle (culture orthodoxe et langue slave avec utilisation de l'alphabet cyrillique) et par le traumatisme de la guerre du Kosovo (1998-1999) où la Serbie a été bombardée par l'OTAN.
A ce jour, la Russie ne reconnaît pas le Kosovo pour montrer son soutien à la Serbie. De plus, la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud (territoires séparatistes de la Géorgie) est une réponse à la reconnaissance du Kosovo par les occidentaux, la politique internationale russe est donc fortement influencée par ce qui se passe dans les Balkans.
Pour ce qui est du groupe Wagner, celui-ci recrute en Serbie pour envoyer des mercenaires en Ukraine et ce pour deux raisons. Premièrement, parce qu'une grande partie de la Serbie soutient la Russie dans ce conflit, ce qui facilite le recrutement. La deuxième raison est que la Serbie est, avec la Biélorussie, l'un des rares pays qui acceptent la présence du groupe Wagner.
Il convient de rappeler que le Groupe Wagner aimerait recruter davantage de mercenaires en République centrafricaine, en Libye et au Mali pour les envoyer en Ukraine. Toutefois, ces mercenaires sont plus faciles à identifier sur le terrain et attirent l'attention des médias, tandis que la communication est plus difficile car les mercenaires africains ont une connaissance plus modeste de la langue russe, contrairement aux serbes.
Dans quelle mesure Wagner utilise-t-il la Serbie comme point d'ancrage pour des opérations de déstabilisation ailleurs en Europe, notamment dans les pays frontaliers ?
La présence de Wagner en Serbie vise essentiellement à protéger les élites mais pas vraiment à déstabiliser les pays frontaliers car il n'y a pas d'intérêt à voir une résurgence des tensions dans cette partie du monde. En raison des tensions avec le Kosovo, Wagner est présent et prêt à intervenir aux côtés de la Serbie, mais cette présence revêt un caractère symbolique.
Avec Wagner, la Russie pourrait-elle réussir à raviver les tensions dans les Balkans ? Avec quel impact possible ?
Une résurgence du conflit entre la Serbie et le Kosovo reste sur la table mais ne présenterait pour l'instant aucun intérêt ni pour la Russie ni pour la Serbie. En effet, une nouvelle guerre conduirait à une défaite de la Serbie, comme en 1999, et ce en raison de la proximité des pays de l'OTAN et d'une dynamique très différente. Contrairement à 1999, les pays voisins comme la Slovénie et la Croatie ont atteint un niveau de développement important et ne craignent plus la Serbie. De plus, la Turquie pourrait décider d'intervenir dans un tel conflit, ce qui conduirait à une escalade des tensions avec la Russie (Haut-Karabakh et Syrie).
Cette situation explique l'ambiguïté du président serbe Aleksandar Vucic qui d'un côté souhaite rester proche de la Russie, mais n'apprécie pas le recrutement ouvert de Wagner dans son pays.
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