La révolution du silicium comme matériau précieux et des fluides fluorescents : l’actualité des montres sent le printemps<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Quatre ans de mise au point pour une pièce en silicium six fois moins épaisse qu’un cheveu humain, mais d’une élasticité quasiment éternelle...
Quatre ans de mise au point pour une pièce en silicium six fois moins épaisse qu’un cheveu humain, mais d’une élasticité quasiment éternelle...
©DR

Atlantic-tac

Et aussi la révolution des trains suisses qui arrivent à l’heure en marquant une pause à midi, le son du bourdon de Genève et la haute couture qui fréquente les forces spéciales...

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

Voir la bio »

• GIRARD-PERREGAUX : Que la force constante soit avec toi !

C’est formidable, l’horlogerie suisse, en ce moment : pas une semaine qui n’apporte sa mini-révolution ! La semaine dernière, c’était l’histoire du chronographe qu’il fallait réécrire. Cette semaine, c’est une des plus vénérables manufactures suisses (Girard-Perregaux remonte à 1791) qui révolutionne le fonctionnement d’une montre mécanique en inventant une nouvelle manière de distribuer l’énergie à l’intérieur d’un mouvement. On n’entrera ici ni dans les détails techniques de cet « échappement » réalisé en silicium (14 microns d’épaisseur, six fois moins qu’un cheveu humain !), ni dans sa technologie de production high-tech dans un laboratoire suisse (un vrai film de science-fiction : voir la vidéo ci-dessous) : pour faire court, disons qu’on a remplacé le bon vieux principe du tic-tac par l’énergie d’une lame-ressort élastique (en bleu ci-dessus et ci-dessous), qui se plie et qui se déplie pour séquencer le temps qui passe et permettre ainsi à la montre de marquer les secondes, qui marqueront les minutes qui marqueront les heures. C’est une voie totalement nouvelle pour la micro-mécanique horlogère : ultra-précision de la fabrication, ultra-réduction des frictions (donc une montre capable de fonctionner plus longtemps entre deux remontages), ultra-régularité de l’énergie distribuée et ultra-performance chronométrique (sans fatigue des pièces dans la durée). Cette montre esthétiquement et techniquement rétro-futuriste peut se permettre d’afficher à la fois sa volonté de rupture avec les échappements suisses traditionnels et sa fidélité au style des plus belles montres de poche de l’héritage suisse (comptez pas loin de 80 000 euros pour ce petit jouet de garçon).

• HYT : Que les heures fluido-mécaniques réveillent ta journée !

Encore une révolution ? Serait-ce le printemps suisse, l’équivalent helvétique des printemps arabes, une révolution qui ne serait pas de jasmin, mais de jardin tellement les trublions de la nouvelle horlogerie adore piétiner les plates-bandes des grandes maisons. La semaine dernière, on vous parlait de la première station météo mécanique de poignet. Cette semaine, voici les heures fluidiques, avec un affichage des heures par l’avancée de fluides fluorescents mis sous pression par les « soufflets » d’un mouvement mécanique. Du jamais vu, évidemment, qui est une façon discrète de renouer avec le principe antique des horloges à eau, qui associait des engrenages mécaniques à l’énergie tirée de l’écoulement d’un liquide. Les capillaires où circule ce fluide sont issus des technologies médicales suisses, la mécanique provenant d’un des « motoristes » horlogers les plus réputés de la Suisse horlogère. En prime : un indicateur thermique capable d’évaluer la plage de température idéale d’utilisation (on sait que les fluides se dilatent à la chaleur), un indicateur de fonction (HNR pour Heure-Neutre-Remontage) et une aiguille « sautante » des minutes qui fait un saut vers les 6 h pour ne pas entraver la bonne marche des soufflets. Cette H2 de la nouvelle marque HYT (pour Hydro Time, lancée en 2012) sera négociée aux alentours de 80 000 euros...

• MCT : Que les séquences horaires soient douces à tes yeux !

Une autre révolution de ce printemps suisse ? MCT pour Manufacture contemporaine du temps, un nom de marque qui est un manifeste de nouvelle génération : il ne s’agit plus de se contenter des aiguilles de tout le monde, mais de rendre le temps séquentiel, en affichant les heures avec de grands chiffres aux quatre points cardinaux de la montre. Les quatre blocs de cinq prismes qui portent ses chiffres peuvent chacun afficher trois heures différentes (donc, douze heures), les minutes étant précisées par un disque rotatif de 270° dont l’échancrure dévoile les prismes de l’heure en cours. On change donc de côté de lecture des heures toutes les soixante minutes. L’aspect de la montre – qui n’a pas de cadran – change donc séquentiellement toutes les heures. C’est très complexe, mécaniquement pointu, malin et totalement original, dans le concept purement horloger comme dans l’esthétique (signé par Fabrice Gonet, un grand nom du design horloger) et dans l’exécution des différents composants de cette Sequential One-S110, étiquettée elle aussi dans les 80 000 euros...

• SPERO LUCEM : Que les aiguilles sonnent follement dans ta vie !

Une quatrième révolution, cette fois dans le goût néo-classique avec un gros twist de décalage ? Encore une nouvelle marque suisse, Spero Lucem, nom tiré d’un phrase latine du Livre de Job (Post Tenebras Spero Lucem : « Après les ténèbres, j’espère la lumière ») qui est la vraie devise de Genève, raccourcie en Post Tenebras Lux par Jean Calvin, qui faisait ainsi du marketing avant la lettre. Donc, Spero Lucem pour une marque genevoise, qui ne travaille qu’avec des artisans genevois [c’est même un des rares marques dont les ateliers sont dans le centre-ville de Genève] et qui a baptisé La Clémence sa première montre – du nom du gros bourdon cloche de la cathédrale Saint-Pierre, fondue en 1407. Le son grave (en sol) de ce bourdon n’est pas celui d’une montre qui sonne tout de même les heures et les minutes à la demande : on peut ainsi connaître l’heure à la minute près dans l’obscurité en écoutant la montre. Plus original que ce mouvement dit « répétition minutes » (471 composants !), une animation des aiguilles de la montre quand on déclenche la sonnerie : elles deviennent « folles » en dansant un étrange ballet, avant de reprendre leur place, à la bonne heure, dès le dernier coup de marteau sur les timbres de la montre. Fascinant... On remarquera que le « pont » qui abrite le tourbillon de la montre, à 6 h, reprend le motif héraldique du penneton de la clé qui orne le blason de la cité de Genève (il faudra aller jusqu’à 400 000 euros pour entendre sonner La Clémence à votre poignet)...

• MONDAINE : Que la précision des trains suisses t’accompagne !

Une cinquième révolution de jardin, mais à des prix plus compatibles avec les moyens des amateurs ratissés de frais par le fisc et la crise ? Passons chez Mondaine, marque iconique de la précision suisse puisqu’elle a le monopole des cadrans qui rappellent la fameuse horloge des chemins de fer suisses – qui poussent la courtoisie à s’excuser dès que le train a deux minutes de retard [ça interloque toujours les Français !]. Originalité de ces horloges : elles marquent deux secondes d’arrêt quand l’aiguille des secondes repasse à 12 h, pour regagner ensuite ce temps perdu pendant un nouveau tour de cadran, qui va durer 58 secondes. On dit que c’est pour permettre aux aiguilles des minutes et des heures d’avancer, mais on peut aussi imaginer que c’est pour mieux savourer chaque nouvelle minute ! Pour la première fois, une montre – Mondaine, forcément – va marquer ces deux secondes de pause, grâce à deux « moteurs » : un pour les secondes (58 secondes autour du cadran, deux secondes à 12 h) et un second pour les heures et les minutes. Modeste révolution certes, mais si authentique dans sa suissitude esthético-mécanique (vous vous en tirerez autour de 500 euros pour cette petite merveille, très élégante au poignet, baptisée Stop2Go : les légendes ferroviaires suisses s’écrivent en anglais !)...

• CASIO : Que la haute couture soit désormais accessible !

Une dernière révolution pour la route, toujours à des prix accessibles aux fashionistas étrillé(e)s par le socialisme hollandien : on la trouvera chez Casio, marque populaire, dont la G-Shock légendaire fête cette année ses trente ans. Cette collection électronique multi-fonctions (boîtier anti-chocs en résine) est une phénomène de société : c’est la montre préférée des forces spéciales françaises (celles qui opèrent au Mali) et internationales (les commandos qui ont exécuté Ben Laden), mais c’est aussi le fétiche des griffes de la mode la plus avancée (tous les créateurs japonais ultra-hype ont leur série limitée de G-Shock). La révolution, c’est que la haute couture s’y met aussi, avec une série limitée de 3 000 pièces revues et corrigées par Maison Martin Margiela, atelier de haute couture réputé pour son rigorisme anti-mode quoique furieusement avant-gardiste (les mannequins défilent souvent masqués !). On retrouve dans cette G-Shock MMM le goût du couturier pour le refus de tout show-off un tant soit peu spectaculaire (style monochrome argenté de rigueur) et le plaisir de ne pas cacher la technicité du produit en révélant ses rouages. Un futur collector, relativement unisexe, qui ne devrait pas coûter un bras, mais tout juste un ongle (on restera au-dessous des 300 euros)...

• Le Quotidien des montres

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !