Aides à la presse : l'Etat français rackette 60 millions pour les incinérer dans un secteur sans avenir<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Aides à la presse : l'Etat français rackette 60 millions pour les incinérer dans un secteur sans avenir
©

Le Nettoyeur

Google et l'Association de la presse d'information politique et générale (AIPG) ont lancé hier le fonds pour l'innovation numérique de la presse, doté de 60 millions d'euros.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

Voir la bio »

Cette semaine a été lancé le fonds Google "pour l'innovation numérique dans la presse." Google va donner 60 millions d'euros à la presse pour... pourquoi au fait ?

Pour comprendre, il faudrait plutôt se plonger dans Le Parrain ou Les Sopranos... Ce type à la mine patibulaire, peut-être accompagné d'un gros bras, qui vient vous expliquer que vous êtes sur son territoire - Ah bon ? - et que donc vous devez lui payer quelque chose chaque mois et que sinon il vous fracassera les rotules. Plutôt que de vous faire fracasser les rotules, vous payez.

Il y a quelques mois, Google a fait l'objet d'une campagne dans la presse. Pas très difficile à faire, vu que cette campagne était organisée par la presse. En effet, la presse n'aime pas Google, parce que la presse croit que Google prend trop de valeur dans l'écosystème internet, et ce même si Google permet à des millions d'internautes de lire la presse et envoie ces visiteurs sur les sites de presse, ce qui permet à la presse de gagner de l'argent.

Cette campagne de presse a été relayée par l'Etat, à moins que la presse n'ait relayé la campagne de l'Etat, qui n'aime pas non plus Google. L'Etat n'aime pas Google parce que l'Etat trouve que Google ne paie pas assez d'impôt. Et de toute manière, Google, c'est une entreprise. Une grosse entreprise. Une grosse entreprise étrangère. Une grosse entreprise étrangère américaine. Rien de bon là-dedans.

Donc Google a préféré cracher au bassinet pour acheter la paix, victime d'une opération de harcèlement organisée de conserve par la presse (qui n'aime pas Google parce que Google lui envoie des visiteurs ce qui lui fait gagner de l'argent) et par l'Etat (qui n'aime pas Google parce que Google produit un service qui facilite la vie de ses citoyens).

Google a donc lâché 60 millions pour avoir la paix. Ces 60 millions iront dans un fonds “pour l'innovation numérique dans la presse” afin de cacher qu'il s'agit tout simplement d'un produit d'extorsion à verser dans le seau percé la presse papier française, qui est un secteur mourant et condamné à moyen terme.

(On dira que c'est très bien que l'Etat fasse payer Google parce que Google ne paye pas d'impôts. Mais si Google ne paye pas d'impôts, c'est parce que la loi l'autorise,  et qui écrit la loi?)

L'Etat s'est gargarisé des 60 millions qu'il a extorqué à Google, montrant ça comme une grande victoire de la France, alors que ces 60 millions sont précisément la raison pour laquelle Google a investi des centaines de millions en Grande-Bretagne et en Irlande plutôt qu'en France.

Quelle triste histoire que celle-là, et si française.

On a tout : la démonisation de l'étranger et du novateur, qui sont forcément le mal.

L'Etat qui se présente comme garant de l'intérêt général mais n'est en fait que l'instrument d'intérêts particuliers.

La violence politique, au mépris de l'état de droit.

La collusion incestueuse entre la presse et l'Etat.

La ponction du secteur d'avenir pour subventionner celui du passé.

Et le tout en criant Cocorico.

Pendant ce temps-là, en France, des entrepreneurs travaillent à créer de vraies innovations, comme Criteo, qui prépare son introduction en Bourse, startup française devenue un géant mondial de la publicité en ligne. Plutôt que d'aider les Google de demain, le gouvernement rackette ceux d'hier.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !