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Ne touchez pas à ma box, lâchez mon smartphone !
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Revue de blogs

Internet pourrait ne plus être "illimité" pour les "goinfres" de bande passante que nous sommes devenus. Fureur des internautes, naissance d'un enjeu politique, tandis qu'ailleurs se profile un nouveau souci, la surveillance ou la coupure autoritaires des réseaux mobiles, et un nouveau concept, la responsabilité éthique des opérateurs.

Joli pavé : "La fin de l'internet illimité",  la grenade dégoupillée par le site OWNI au creux du mois d'août a réussi à réveiller la blogosphère française.  Du mauvais pied, bien sûr. Orange, SFR, Bouygues - mais non Free, inventeur en France de "l'Internet illimité",qui ne fait pas partie de l'instance où se tiennent ces discussions - se confondent en déclarations contradictoires et unenouvelle association de protection des usagers a réussi à naitre un dimanche d'août pour parer à cette  atteinte à nos nouveaux droits non écrits d'internautes, mais absolument sacrés et inaliénables désormais à nos yeux . C'est une rentrée qui s'annonce sous l'impression tenace qu'après une poignée d'années de bonheur numérique, passées à fréquenter en haut débit des pays de cocagne virtuels,le Web qui s'annonce est  fliqué, bridé,  policé et qu'il sera en plus cher.

Photo Jeremy Brooks

La possible mesure de "plafonnement" du débit ne concernerait que les "goinfres". Qu'est-ce qu'un goinfre de mégabits? Yves Le Moël, DG de la FFT l'a résumé dans un interview au Figaro :

« Ces 5% à 10% de consommateurs qui utilisent 80% de la bande passante, car ils passent leur temps à télécharger des films, font de la vidéo en permanence, passent la journée sur Facebook avec de la vidéo, YouTube, Dailymotion.»

Êtes-vous un goinfre, c'est à dire un internaute qui fait plus que vérifier ses mails et consulter la météo et quelques pages d'actu ou encore, qui gagne sa vie en ligne ? 83% des presque 3000 votants du petit sondage organisé par  le blogueur Korben le reconnaissent.

Le scénario de l'internet à deux vitesses

Korben, qui blogue en professionnel sur la technologie et Internet depuis des années, a pris un coup de sang. Voici son pronostic  : "Ils vont attendre que ça se calme, et dès qu’il y aura un autre buzz sur le devant de la scène (pas en août quoi…), ils en profiteront pour faire passer en douce les premiers forfaits discount Internet limité à pas cher. Les offres illimitées seront toujours là mais les gens s’abonneront aux offres limitées parce que c’est bien moins cher, et s’habitueront à consommer du net limité. Ensuite, paf, ils obligeront les gros consommateurs à basculer sur des forfaits plus chers. Ça gueulera mais ils se boucheront les oreilles… Puis ils finiront pas augmenter de manière globale les prix, tout doucement, année après année. Les forfaits à 30 euros seront alors des forfaits limités de partout, bas de gamme et les forfaits illimités ou bien gonflés tourneront vers les 100 euros par mois. Je délire peut être mais je le sens bien comme ça." 

On apprend au passage qu'il existe une catégorie de fournisseurs d'accès très peu connue, dont les sites sont peu glamour, mais qui pourraient bien attirer des clients si les choses tournaient mal : les fournisseurs d'accès associatif, comme FDN. Bien sûr, ce big bang n'est peut-être pas si fortuit, remarque Christophe Ginisti  : "Est-ce vraiment un hasard si le document qui a mis à jour les discussions des trois opérateurs sur la fin de l'illimité a été sorti par le site OWNI dont Xavier Niel, propriétaire de Free, est également actionnaire ?". En tout cas, l'affaire est maintenant électorale.

Le scénario raisonnable

Tabaka garde son calme,et tente de synthétiser une affaire compliquée, comme toujours avec les soutes d'Internet, en indiquant les pistes de négociation.

"Les opérateurs souhaitent une participation financière de la part des fournisseurs de contenus pour le développement des infrastructures. Les fournisseurs de contenus ne souhaitent pas contribuer différemment que leur contribution actuelle ;
Les opérateurs allument donc des contre feux : taxe sur la consommation de bande passante (alors qu'ils savent que si ça passe, l'argent reviendra intégralement à l’État  ...), création d'un internet à deux vitesses dans le but de voir réagir les consommateurs. Les consommateurs s'opposent à un internet à deux vitesses et proposent une régulation tarifaire des relations entre opérateurs et fournisseurs de contenus. Les opérateurs et fournisseurs de contenus ne veulent pas une régulation tarifaire et préfèrent conserver leur liberté de négociation commerciale.Sans doute que l'internet à deux vitesses ne verra pas le jour. Les relations entre opérateurs et fournisseurs de contenus commencent à s'apaiser et des accords commerciaux - entre certains - se signent".

Telecom et droits de l'Homme

Photo de la campagne contre la coupure des réseaux de Access Now

La moitié de nos vies numériques ou plus se déroule maintenant sur les réseaux de téléphonie mobiles. Et là encore, les nouvelles ne sont pas bonnes :  depuis les émeutes de Londres, et le recours à la  manière forte de David Cameron,  on a pu constater que les opérateurs se pliaient assez aisément aux ordres des gouvernements pour ouvrir leurs banques de données et  collaborer. Avec des conséquences foudroyantes. Voici la page Facebook de soutien à deux jeunes hommes présumés casseurs, arrêtés et condamnés à 4 ans de prison. Et quelques dérapages : l'organisateur d'une bataille de pistolets à eau a été arrêté dans la foulée.Le forum CrackBerry des utilisateurs britanniques de Blackberry a depuis fourni des instructions d'urgenceet la marche à suivre pour vider la mémoire de son mobile.

C'est aussi à Londres que se trouve le siège international du géant des télécom Vodafone, présent dans 70 pays, et montré du doigt par la nouvelle Egypte depuis que Vodafone Egypte a accepté de couper le réseau mobile au Caire durant le soulèvement égyptien de l'hiver dernier. France Telecom, partenaire de Orascom en Egypte, a également cédé.

Manifestation dans une station du métro de San Francisco Photo Reginald James

Ce n'est pas fini : le 11 aout, le réseau BART à San Francisco (équivalent du RER de la région parisienne), a demandé aux opérateurs de couper le réseau mobile dans quatre stations, pour tenter d'étouffer une manifestation. Ils se sont exécutés. Ce qui a bien fait rire les internautes égyptiens et fait voir rouge aux puissantes associations américaines pour les libertés civiques. Access Now, Open Rights Group, Electronic Frontier Foundation ont lancé des pétitions, une conférence sur les droits humains sponsorisée par Google est organisée en urgence dans la Silicon Valley. Mobile Active, un site militant, propose même une charte en 5 points, où l'on peut lire des maximes très nouvelles : "Les opérateurs devraient garder le contrôle total de leur réseau à tout moment et s'assurer que leurs utilisateurs y ont constamment accès. Les opérateurs ont le devoir de protéger leurs utilisateurs. Les opérateurs devraient établir des principes de transparence, de responsabilité, des possibilités de recours dans toutes leurs actions et transactions".

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