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Êtes-vous un enfant du Web ?
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Revue de blogs

Un manifeste publié par un auteur polonais et immédiatement traduit en de multiples langues cristallise le profil psychologique d'un peuple, celui des internautes. Il a séduit tous ceux qui ne font plus la différence entre vie réelle et virtuelle, sont las des palabres dites démocratiques et aspirent à passer à une prochaine étape, vite.

C'est un moment Eurêka. Le flot des exclamations sur Twitter grossit d'heure en heure. "Voilà, c'est ce que j'ai toujours pensé". "A republier !" "Je vais l'imprimer"."A DONF!" En quelques jours, le petit manifeste du "photographe et poète" polonais Piotr Czerski, 30 ans, a été traduit en de multiples langues et provoque partout un "Voilà, c'est nous". Et tout autant d'empoignades dans les commentaires pour sa "naïveté" et son "adulescence" politique, comme par exemple sur Framablog, qui a traduit et publié le premier en France ce manifeste.

En Allemagne, le texte a directement eu les honneurs de la page Débats de Die Zeit (27 pages de commentaires). Aux États-Unis, le manifeste a déjà son "We, the web kids" en vidéo - manga, naturellement. En préambule de son manifeste, Piotr Czerski (un pseudonyme) annonce immédiatement qu'il déteste le mot "génération", entendu dix fois dans sa encore courte vie. Ceux qui traduiront par "Génération Y" ou "Digital Native" seront méprisés. Ceci posé, arrive ce qui a fait mouche, le "nous" où beaucoup se reconnaissent.

"We, the web kids"

"Nous, les enfants du Web ; nous qui avons grandi avec Internet et sur Internet, nous sommes une génération qui correspond aux critères de ce qu’est une génération subversive [...]. Nous avons grandi avec Internet et sur Internet. Voilà ce qui nous rend différents. Voilà ce qui rend la différence décisive, bien qu’étonnante selon notre point de vue : nous ne « surfons » pas et Internet n’est pas un « espace » ni un « espace virtuel ». Internet n’est pas pour nous une chose extérieure à la réalité mais en fait partie intégrante : une couche invisible mais toujours présente qui s’entrelace à notre environnement physique, une sorte de seconde peau. Nous n’utilisons pas Internet, nous vivons sur Internet et à ses côtés".

Photohdzimmermann sur Flickr (CC BY-NC-SA) 

Une diatribe contre l'obsolescence des systèmes administratifs et mercantiles qui colonisent le Web en s'y important avec tous leurs celluliteux mécanismes, une autre contre les barrages à la culture installée de partage, sont parties pour conquérir tous les Anonymous, les Indignés, les Occupy. Mais c'est la déclaration d'insolence envers le "vieux monde" qui fait mouche dans toutes les langues :

"Il n’y a pas trace en nous de cet humble consentement dont faisaient preuve nos parents, convaincus que les questions administratives étaient de la plus haute importance et qui considéraient les interactions avec l’État comme quelque chose à respecter obséquieusement. Ce respect ancré dans la distance entre le citoyen solitaire et la hauteur majestueuse dans laquelle réside la classe dominante, à peine visible là-haut dans les nuages, nous ne l’avons plus". [...]

"Nous ne ressentons pas un respect religieux pour les « institutions démocratiques » dans leur forme actuelle, nous ne croyons pas à l’irrévocabilité de leurs rôles comme tous ceux qui considèrent que les institutions démocratiques comme des objets de vénération qui se construisent d’elles-mêmes et à leur propre fin. Nous n’avons pas besoin de ces monuments. Nous avons besoin d’un système qui soit à la hauteur de nos attentes, un système qui soit transparent, flexible et en état de marche. Et nous avons appris que le changement est possible, que tout système difficile à manier peut être remplacé par un plus efficace, qui soit mieux adapté à nos besoin en offrant plus d’opportunités'.

"Ce qui nous importe le plus, c’est la liberté. La liberté de s’exprimer, d’accéder à l’information et à la culture. Nous croyons qu’Internet est devenu ce qu’il est grâce à cette liberté et nous pensons que c’est notre devoir de défendre cette liberté".

Un manifeste de la Pologne après ACTA

Logo anti-ACTA en Pologne de l'UPR sur Flickr

Que ce manifeste arrive de Pologne ne devrait pas être une surprise. C'est en Pologne, en janvier, qu'ont eu lieu des manifestations de rue et une énorme mobilisation en ligne contre la ratification de ACTA, lois européennes contre la contre-façon qui brident un gros morceau des pratiques Internet. La page Facebook "Non a Acta"  avait atteint en Pologne presque un demi-million de membres. En dépit de cet immense "non", le président polonais a ratifié ACTA comme convenu, au nom de l'Europe. Un de ces "monuments", une de ces pratiques, dont les "nous" sont fatigués. 

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