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Quel est l'impact environnemental des animaux de compagnie ?
Quel est l'impact environnemental des animaux de compagnie ?
©Angela Weiss / AFP

Atlantico Green

La consommation de viande des animaux de compagnie a un impact conséquent pour la planète.

Terre à Terre

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Le compte Twitter de Terre à Terre est géré par un enseignant agrégé de Sciences de la Vie et de la Terre.

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Dans un monde marqué par le réchauffement climatique, nous sommes de plus en plus vigilants sur nos impacts environnementaux. Ainsi, certaines activités et comportements sont, à raison, de plus en plus pointées du doigt : voyages en avion, utilisation de la voiture thermique, chasse, etc.

Cependant, cette vigilance souffre d’angles morts : des impacts écologiques pourtant réels, mais dont on ne parle jamais, sûrement parce qu’on ne veut pas les voir.

C’est le cas de nos animaux de compagnie. Car malgré leur popularité sur les réseaux sociaux, ces braves bêtes n’en sont pas moins coûteuses sur le plan environnemental, au-delà même de ce à quoi on pourrait s’attendre... 

Commençons par l’empreinte carbone de ces bébêtes.

Alors vous allez dire : quelle empreinte carbone ? Après tout, un chat ou un chien n’utilise pas la voiture, ne prend pas l’avion (ou rarement, on va dire), n’a pas besoin de grille-pain ou de machine à laver… Certes, mais c’est que ça mange ces choses-là. Et de la viande qui plus est, du moins pour les carnivores comme les chats et chiens.

Et on sait que la production de nourriture émet des gaz à effet de serre (GES). Ça en émet même beaucoup puisque le secteur agricole est responsable d’environ 21% des émissions en France.

Au niveau global, des études ont été réalisées sur cet impact, comme celle-ci.

Et il en ressort que les animaux de compagnie du monde seraient probablement responsables de l’émission d’environ 106 Mt de CO2 équivalent par an (entre 50 et 150).

Pour avoir un ordre de grandeur, ça correspond à 2% des émission liées à l’agriculture et à 0.21% des émissions globales, soit l’équivalent des émissions du Mozambique.

Ouf. Du coup, c’est négligeable n’est-ce pas ? Eh bien, ne vous réjouissez pas trop vite.  

Car la France, comme d’autres pays occidentaux, font partie des pays les plus pourvus en chats et en chiens. On peut alors se demander la part des émissions dévolue à ces animaux dans notre pays.

Malheureusement, il ne semble pas y avoir encore d’étude sur le sujet concernant la France, mais en revanche on en a pour d’autres pays occidentaux comme les Etats-Unis : Dans cette étude, on y apprend notamment qu’aux USA les émissions liées aux chats et aux chiens constituent la bagatelle de 64 Mt CO2eq / an (!). 

On peut alors tenter d’extrapoler cette étude à la France, en faisant un bête produit en croix, en faisant l’hypothèse que le nombre d’animaux par habitant serait similaire entre nos deux pays.

Et là on arrive à environ 8 Mt CO2eq / an.

Pour donner un ordre de grandeur, tout le secteur aérien en France, c’est 23.4 MtCO2 / an.

Les émissions françaises liées aux animaux de compagnie correspondraient donc à environ 1/3 des émissions du secteur aérien. 

Et au niveau individuel, ça donne quoi ?

Dans la première étude citée, on a une estimation de l’empreinte carbone par kg de nourriture. 

On se rend compte déjà qu’on a une grosse différence selon l’alimentation procurée, une alimentation « premium » étant plus couteuse en énergie qu’une alimentation « de supermarché ». 

Pour un chat, un kg de nourriture serait ainsi responsable d’une émission comprise entre 1.5 et 4.8 kgCO2eq. Ainsi, si on considère que votre boule de poil consomme dans les 100g par jour de pâtée et de croquettes, cela nous donne une estimation à la louche de 37 kg / an, soit une émission comprise entre 55 et 175 kg CO2eq / an.

Pour nos amis les chiens, c’est encore pire, puisqu’un kg de nourriture sera responsable d’une émission comprise entre 3 et 7 kgCO2eq. Soit, en considérant une ration quotidienne de 300g / jour (pour un chien de 20 kg), un bilan carbone (équivalent) annuel compris entre 329 et 766 kg CO2eq / an.

Pour donner une référence à ces ordres de grandeur, un aller-retour Paris/New-York, c’est à peu près 1 tonne de CO2.

Du coup, sur l’ensemble de sa vie (18 ans), la quantité de GES émis par un chat serait à peu près équivalent à entre 1 et 3 aller-retours Paris / New-York en avion.

Et un chien (12 ans) émettrait l’équivalent de 4 à 10 aller-retours Paris / New-York.

Bon, il s’agit d’estimations à la louche, mais je pense que vous avez compris que c’est loin d’être négligeable. 

Mais attention, ce n’est pas une raison pour laisser votre chat se nourrir tout seul à l’extérieur pour alléger votre bilan carbone. Car les félins ont également un impact important sur la biodiversité. 

D’une manière générale, l’introduction de mammifères prédateurs est désastreuse pour la faune sauvage : en 500 ans, au moins 87 espèces d’oiseaux, 45 espèces de mammifères et 10 espèces de reptiles ont été exterminées à cause de ça.

Et les chats ne sont pas en reste, car à eux seuls, on estime qu’ils ont été responsables à l’échelle mondiale de l’extinction de 63 espèces (mammifères, oiseaux et reptiles) depuis 500 ans. 

Et en France alors ?

Dans l’Hexagone, on est plutôt dans le top vu qu’il y a environ 14 millions de chats domestiques.

Et d’après la LPO (ligue de protection des oiseaux), chacun de ces chats domestiques tue en moyenne 27 proies par an : 68% de mammifères, 23% d’oiseaux et quelques reptiles

Donc si on fait le calcul, ça fait quand même 378 000 000 animaux tués par les chats en France chaque année.

On peut comparer ce chiffre avec les 40 millions tués par les chasseurs et se rendre compte du génocide… 

Et là, je ne compte que les chats domestiques. Mais il y a aussi tous les chats abandonnés qui reviennent à l’état sauvage, ce qu’on appelle les chats harets. Et eux, ce ne sont pas 27 proies qu’ils tuent par an, mais 1000… Et s’ils ne sont pas stérilisés, ces chats se reproduisent de façon anarchique. 

Alors ça fait beaucoup de morts tout ça, mais on a du mal à se représenter l’impact réel. Des chercheurs se sont penché là-dessus, et les conclusions ne sont pas rassurantes puisqu’un quart de la mortalité des oiseaux pourrait être due à cette prédation féline. (p85)

Et malheureusement ce n’est pas tout, car les chats peuvent aussi générer d’autres types de problèmes :

-Ils exercent une compétition interspécifique avec certains prédateurs, comme les rapaces par exemple.

-Il y a les « effets sublétaux », comme par exemple le fait que les chats perturbent la reproduction de certains animaux (principalement les oiseaux).

-Dans certains cas, ils peuvent même avoir un impact sur la flore, car la prédation tue les animaux fouisseurs, dont l’action sur le sol peut être nécessaire au développement de certaines graines et plantes. 

Comme vous l’aurez compris, les impacts écologiques des animaux de compagnie sont aujourd’hui incontestables. Mais nulle obligation de s’en passer, car quelques habitudes simples pourraient permettre de les limiter grandement : concernant le bilan carbone, préférez la nourriture sèche (croquettes) plutôt que les pâtées hors de prix « avec de vrais morceaux de viandes » dedans. Et pour les propriétaires de chats ayant accès à l’extérieur, la mise en place d’une clochette permet d’annoncer leur présence vis-à-vis de proies éventuelles, et limitera ainsi la pression sur la biodiversité environnante.

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