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Colère dans les campagnes : les Français de plus en plus compréhensifs avec les agriculteurs
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D'amour et d'eau fraîche

La grogne chez les agriculteurs monte depuis plusieurs mois, notamment chez les éleveurs. Selon un sondage Ifop pour Ouest-France publié en 2013, les agriculteurs pensaient à 79% qu'ils étaient considérés comme "assistés" par les Français. Une perception largement démentie par la réalité de l'opinion.

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy est directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive.

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Atlantico : A la question s'il est important pour un pays comme la France d'aider l'agriculture, les Français étaient 71% à s'y déclarer favorables en 1974. En 1998, ce chiffre montait à 77% (Sofres). Quel est aujourd'hui l'état de l'opinion vis-à-vis des agriculteurs ? 

Jean-Daniel Lévy : Un sondage récent réalisé par Harris Interactive pour Groupama montre que 72% des Français ont, au contraire, une bonne image des agriculteurs. Cette autoreprésentation dévalorisée est fréquente. On peut la retrouver chez les agriculteurs, mais également les médecins, les enseignants par exemple. Autant de professions parfois brocardées dans les médias et peu souvent confrontées à des remerciements directs de la part des consommateurs, patients, parents...

Observe-t-on une diversité des opinions en fonction des sensibilités politiques ?

Très peu. Il est ainsi assez marquant, outre une forme de regard assez proche selon la proximité politique, une homogénéité de réponses (positives) selon le sexe, la génération, la catégorie sociale mais également… la taille de commune dans laquelle les Français habitent. Les agriculteurs font partie du patrimoine national. Ils participent de l’image de la France. Qui plus est ils sont perçus comme des acteurs disposant d’un savoir-faire particulier, indispensables à l’avenir de la France ainsi qu’incarnant profondément les valeurs de la France. Autant de qualificatifs (non exhaustifs) de ce que portent les agriculteurs aux yeux des Français. On ne pourrait imaginer, en France, l’absence ou la disparition des agriculteurs. Ce n’est pas, loin s’en faut, le cas de toutes les autres professions.

Au-delà de leur bienveillance, sont-ils conscients des difficultés inhérentes au métier ?

En France, parmi les métiers et professions disposant de la meilleure image se situent ceux renvoyant le plus à une notion de sacerdoce ou de mission. Etre agriculteur aujourd’hui, pour les Français, c’est travailler beaucoup, avoir peu de vacances, être soumis aux aléas climatiques, ne pas disposer d'un revenu assuré... En complément de leur activité, ils donnent une valeur au terme travail et, à certains égards, en constituent – aux yeux des Français – parmi les meilleurs représentants. 

Ainsi, 82% des Français considèrent que le secteur agricole est plus exposé que les autres secteurs aux conditions et risques climatiques ; 75% au contraintes environnementales ; 67% aux variation des coûts des matières premières. Les citoyens parlent également des enjeux de la sécurité alimentaire comme des variations de la fiscalité.

Pour autant, cela peut-il se traduire par une volonté d'aider davantage par les subventions ? 

La solidarité d’opinion ne se traduit que rarement par une incitation très forte à apporter une aide financière directe.

Notons, en préalable, qu’en France le principe du small is beautiful structure souvent les représentations. On n’y échappe pas ici. Les petites exploitations sont parées de nombreuses vertus tandis que, dans un même élan, les "grosses" sont soumises à une défiance de principe. Les subventions aux petits est ainsi privilégié et non les aides déployées à "l’aveugle".  S’ajoute à cela l’idée qu’il faudrait aider les entreprises vertueuses au détriment de celles l’étant moins. Notamment, et c’est relativement nouveau, en matière de respect de l’environnement.

Dans un même élan, les Français soutiennent assez nettement le principe de la PAC (Politique Agricole Commune) notamment lorsqu’une double question se pose : 1. Quelle est la pérénité de notre modèle agricole et avons nous la possibilité de nous nourrir nous mêmes ? ; 2. Dans quelle mesure notre modèle agricole peut être considéré comme un modèle pouvant s’exporter à l’étranger ? Cette transposition par delà nos  frontières étant la marque de la puissance économique mais également de la force de nos valeurs. On le sait, tout ce qui permet de rehausser l’image de la France à l’étranger est profondément apprécié par les Français. Et en ceci, l’agriculture, les agriculteurs, apparaissent pour les citoyens comme de formidables vecteurs. Et lorsque le débat est posé sur ces bases, les subventions sont plus fortement portées par les Français. Et ce soutien est décoléré de l’efficacité perçue de son action. Signe, peut-être, parmi d’autres de la perception d’une moindre influence de notre pays sur la scène internationale.

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