Ce que l'armée pourrait gagner à privatiser certaines de ses missions<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Soldats français en Centrafrique.
Soldats français en Centrafrique.
©Reuters

Le Nettoyeur

Une manière dont la France pourrait arriver à accomplir ses missions tout en réalisant des économies serait de consacrer une partie de ses tâches militaires à des acteurs du secteur privé.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

Voir la bio »

La France joue un rôle important sur la scène internationale. C'est un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle a des intérêts historiques dans des régions “chaudes” en Afrique et au Moyen-Orient. Elle est engagée dans la lutte internationale contre le terrorisme et est un des pays leaders de l'OTAN en Europe. Pour toutes ces raisons et bien d'autres, la France aura toujours une armée et une armée qui sera appelée à faire des missions autour du monde.

En parallèle de cette réalité, la France est aussi embarquée dans la grande aventure de l'Austérie. Sous la férule de la Banque centrale européenne et des divers traités européens, la France doit faire des économies. Le premier poste de dépense de l'Etat, la Défense, ne peut pas y échapper.

Pourtant, la France doit continuer à opérer des missions, comme on l'a vu récemment au Mali et en République centre-africaine.

Une manière dont la France pourrait arriver à accomplir ces missions tout en réalisant des économies serait de consacrer une partie de ses tâches militaires à des acteurs du secteur privé. Certaines tâches de l'armée ne pourront jamais être externalisées. Mais d'autres peuvent l'être.

Personne ne nie que dans de nombreux domaines, le secteur privé est plus efficace que le secteur publique. Par exemple, il semble difficile de nier que des entreprises comme Fed Ex ou DHL sont plus compétentes en logistique que n'importe quelle armée moderne, qui déploie pourtant énormément d'efforts à la logistique.

Cette idée a mauvaise presse à cause de l'expérience d'entreprises américaines comme Blackwater en Iraq et en Afghanistan, dénommées "mercenaires". Mais dans un ouvrage récent, le fondateur de Blackwater, Erik Prince, qui a depuis revendu ses parts dans l'entreprise, réfute cette appellation. Au service de l'armée américaine, Blackwater a accompli deux tâches principales : la protection d'employés civils du gouvernement américain et l'appui logistique. En externalisant ces tâches au secteur privé, l'armée américaine a libéré des soldats pour des tâches plus proprement militaires.

Prince prend un exemple de la supériorité du modèle du secteur privé. Une des tâches de Blackwater était l'approvisionnement de postes avancés de l'armée américaine en Afghanistan. Ces tâches étaient très difficiles pour l'armée. Les routes sont trop dangereuses. Les hélicoptères, lents et bruyants, sont des cibles faciles. Et les avions de ravitaillement de l'armée américaine sont des grands avions cargo qui ne peuvent pas attérir dans des postes avancés au milieu des montagnes afghanes. Blackwater a donc acheté, de seconde main, de vieux avions à hélice CASA qui peuvent attérir sur une piste de la longueur d'un terrain de tennis. Ces vieux et petits avions étaient parfaits pour naviguer entre les montagnes et échapper aux Talibans et ont permis de ravitailler de nombreux postes avancés.

Une armée moderne n'a ni les postes de dépense, ni la flexibilité organisationnelle, ni la mentalité, ni l'absence de bureaucratie pour aller acheter des avions de seconde main, contraires au réglementations, mais adaptés à la mission.

Aujourd'hui, les modalités de la guerre évoluent. Les guerres ne sont plus faites de batailles en plaine avec des chars d'assaut. Elles ne sont plus faites avec des porte-avions. Elles sont plutôt faites d'opérations chirurgicales, d'interventions de maintien de paix. Et pourtant l'infrastructure de nos armées sont encore construites pour les guerres du 20ème siècle. Ce dont l'armée a besoin, c'est d'innovation et l'innovation passe mieux par le secteur privé.

Evidemment, une telle stratégie a des risques importants, notamment en France, où le corporatisme est la religion nationale. Elle pourrait mener non pas à un renouvellement des capacités stratégiques de la France,mais simplement à un pillage du contribuable par des intérêts privés. Mais l'idée mérite au moins d'être évoquée sérieusement.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !