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Blanche Gardin : les histoires d'amour finissent mal, en général.
Blanche Gardin : les histoires d'amour finissent mal, en général.
©Valery HACHE / AFP

Carnet mondain

Avec Blanche, ma mère et moi pensions que c’était pour la vie mais les problemos ont eu raison de notre amour.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Elle ne le saura jamais parce qu’elle ne me connaît pas, mais je viens tout juste de quitter Blanche Gardin. C’est fini. Je reprends mes cliques et mes claques et je retourne chez ma mère. 

Ça va d’ailleurs la surprendre, ma mère, qui pensait vraiment qu’on filait le parfait amour Blanche et moi — et même que c’était pour la vie. « La meilleure comique française depuis au moins, disons, l’immense François Rollin, voire même Guy Bedos avant qu’il ne devienne un peu chiant sur le tard », je lui répétais constamment. 

Brillante, subtile, to the point, à des années-lumière des platitudes des amuseurs conscientisés d'Inter, auxquels il suffit de prononcer les mots « Macron » ou « néo-libéral » en faisant une tête rigolote pour que se bidonnent des salles entières d’électeurs d’Aymeric Caron… 

La meilleure !

Je me fendais la poire sur ses spectacles à la télé, j’avais kiffé « Problemos » au cinéma, je bingeais « La meilleure version de moi-même » sur Canal+… On se moquait ensemble dans ma tête des cons et des grotesques dont on avait la même définition, les wokes croqueurs de quinoa du 11e en tête, qu’elle repeignait en « radicaux fanatiques et excluants » à la première occasion dans les interviews... 

On était heureux, quoi… Une authentique passion platonico-sapiosexuelle comme on les raconte dans Marie-Claire.

Tiens, même lorsque son p’tit copain américain Louis CK, dont j’aurais pu être jaloux mais que j’aimais bien aussi alors je laissais passer, s’était retrouvé emporté par la vague MeToo —et pas pour rien d’ailleurs, puisqu’il se masturbait bel et bien devant ses stagiaires dans les loges—, elle avait refusé d’en faire un casus belli et d’exiger qu’on lui coupe la tête avec le reste des usual suspects.

On n’avait pas eu l’opportunité d’en discuter à l’époque parce que, malheureusement, ma téloche ne marche que dans un sens, mais je crois qu’elle pensait que c’était compliqué, qu’il fallait se méfier des jugements hâtifs sur des sujets et des situations auxquels on n'entrave que pouic. Qu’il fallait n’être ni un mouton dans son troupeau, ni un loup dans sa meute.

Mais voilà que je la découvre aujourd’hui en dieudonno-compatible sur les réseaux sociaux, faisant à son tour se bidonner les mêmes salles pleines d’électeurs d’Aymeric Caron que ses collègues de chez Charline avec ces juifs retors qui instrumentalisent l’antisémitisme pour mieux accomplir leur noirs desseins et faisant sa fête à « l’islamophobe Sophia Aram et son herpès au cul »… Il manquait juste une blague de prépuce ou une quenelle (avec clin d’oeil pour la distance et la mise en abyme, ça va sans dire) pour que l'ambiance Main d'Or soit complète.

Terminées, l’intelligence et la subtilité. Au panier, la complexité et le recul sur les sujets qu'on maîtrise à peine mieux que la macrobiotique et la biodynamie. Juste les sophismes et les conventions qu’on était pourtant certain de s'épargner en la voyant débarquer sur scène dans sa petite robe bleue...

Qu’est-ce qui va me rester ? Florence Foresti ? Chantal Ladesou ? Michèle Laroque ? Pas trop mon genre de beauté.

Bon, je vais aller mettre un like à tout hasard sur l’Instagram de Valérie Lemercier pour voir s’il y a une ouverture. On ne sait jamais. Mais je ne vais pas en parler à ma mère tout de suite et plutôt voir comment ça évolue ou elle va penser que je suis trop instable émotionnellement.

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