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Apocalypse 2040 : ce que les études sur la pollution au plastique dans les océans oublient souvent de préciser
©DAVID MCNEW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Atlantico Green

Une étude publiée dans le journal Science prévoit que la pollution plastique atteindra 1,3 milliard de tonnes dans notre environnement en 2040 si aucune action concrète est mise en place. Mais elle est à prendre avec des pincettes.

Atlantico : Des chercheurs ont estimé que la pollution plastique atteindra 1,3 milliard de tonnes en 2040. Une telle projection n’est-elle pas alarmiste ? Ces chiffres sont-ils fiables ?

François Galgani :Cette étude est relativement complexe et il y a un grand nombre d’incertitudes car elle comprend des modèles, c'est-à-dire des données extrapolées. Néanmoins, elle reste cohérente en termes d’information car on comprend que la réduction des déchets plastiques à 100% est impossible.

L’objectif de zéro plastique en mer est inatteignable. Mon équipe travaille pour la Commission européenne ainsi que les États membres sur les normes en cours de définition. L’objectif de réduction visé ne peut pas être 0. Cela semble peu probable de retourner à des niveaux de non-présence des déchets car ils sont déjà là.

Les études qui sont basées sur des modèles proposent des augmentations de déchets et de la pollution dans le temps, mais quand on regarde les mesures réelles, c’est différent. Il y a entre 25 et 30 articles basés sur des analyses et ils constatent une pollution constante depuis une dizaine d’années dans 90 % des cas. Les cas où cela augmente sont observées dans les milieux les plus éloignés de nous comme l’Arctique ou les îles de l’Atlantique Sud. Il y a des endroits où les augmentations peuvent être très légères mais dans la plupart des cas, il n’y a pas de changements et parfois il y a même des baisses.

Certains scénarios ne sont pas pris en compte dans l’article et malgré sa publication récente, l'étude est déjà désuète. Elle ne comprend pas par exemple la taxe sur les plastiques non-recyclables bientôt mise en place par la Commission européenne pour financer le plan de relance européen. L’étude sur la pollution plastique est un domaine qui va très vite car il est rentré dans le débat politique.

Contrairement aux mesures prises contre les émissions de carbone, il y a déjà des mesures de réduction. La différence importante qui existe avec le climat, c’est que l’industrie est favorable au recyclage car elle peut donner une valeur au plastique utilisé. Il peut y avoir un frein sur des taxes car c’est là où il y a un développement économique mais le marché du recyclage est porteur pour eux.

D’où provient le charriage du plastique dans les océans ?

Tous les bassins versants drainent des eaux de ruissellement. Les rejets directs, les décharges sauvages et les micro-plastiques se développent dans ce milieu. Des études nous disent que 30 % des déchets (de 1 à 2 millions de tonnes) qui arrivent dans la mer viennent des fleuves. Ce n’est pas nouveau, c’est connu mais sur les chiffres il peut y avoir des différences en fonction des événements. Au Japon, le tsunami de 2012 a apporté plusieurs millions de tonnes de déchets dans la mer et le cas a été le même lors d’ouragans comme celui de Katrina. Ils peuvent représenter une grosse partie de l’apport mondial.

L’autre apport important est la pêche, qui génère un pourcentage non négligeable de pollution et lorsque l’on perd un filet, c’est extrêmement dangereux pour la faune marine. Le tourisme génère aussi d’importantes nuisances et des déchets car certains lieux n'ont pas la capacité de gestion des déchets. On s’aperçoit aussi désormais qu’il y a d’autres sources de déchets comme les fibres textiles.

Les solutions de substitution au plastique comme les bouteilles en verre sont-elles des options intéressantes ?

La pollution des bouteilles en verre est une pollution comme une autre mais elle est inerte, contrairement au plastique. Cependant, elle reste présente pendant plusieurs milliers d’années aussi. Depuis une vingtaine d’années, la pollution par le verre a été remplacée par celle au plastique.

Si on regarde les pneus, ils ont disparu petit à petit lorsqu’a été mis en place un système de récupération. Cela prouve notre capacité de réaction. Dans le cas des déchets plastiques, les interdictions sont une chose mais le recyclage peut aider à débarrasser notre environnement de cette pollution.

On a donné de nombreux prix Nobel à des inventeurs de polymères et bientôt on le donnera à des inventeurs de matériaux facilement dégradables. Je suis plutôt optimiste et avec le temps le problème va s’étaler. La production de plastique continuera d’augmenter de façon exponentielle en fonction de la demande car c’est un matériau tout de même utile, il va seulement mieux falloir mieux gérer sa fin de vie.

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