#aufschrei : les Allemandes dénoncent le sexisme sur Twitter <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
Le débat #aufschrei tourne à: jusqu'où le flirt, qu'est-ce qu'on peut toucher ? Qu'est-ce que vous dites de rien du tout, sans permission?
Le débat #aufschrei tourne à: jusqu'où le flirt, qu'est-ce qu'on peut toucher ? Qu'est-ce que vous dites de rien du tout, sans permission?
©Copie écran Twitter

Hashtags

Le hashtag #aufschrei (tollé, cri) provoque un immense débat de société sur Twitter en Allemagne. Depuis qu'une journaliste a dénoncé les commentaires d'un politicien égrillard et le sexisme ambiant en Allemagne, les Allemandes confirment ce sexisme par un torrent de tweets.

 Le hashtag qui enflamme Twitter en Allemagne. 

Les faits :  Laura Himmelreich, journaliste, reproduit dans le magazine Stern un bref échange  qu'elle a eu en 2012 dans le bar d'un hôtel  avec Rainer Brüderle, l'un des dirigeants du parti FDP. Il la complimente sur son décolleté par  : 'Vous pourriez remplir un dirndl" (jupe traditionnelle bavaroise). Laura Himmelreich le remet à sa place en lui rappelant qu'ils ont une conversation professionnelle entre journaliste à homme politique. Il répond :  "Les journalistes font toujours craquer les politiciens". Depuis la parution de son article, et surtout, la création d'un hashtag, #aufschrei, sur Twitter, un débat sur le sexisme a explosé en Allemagne. 

Le machisme gras des cercles politiques peut sembler banal, mais en Allemagne, pays dirigé par une femme, les choses sont remontées très haut. Rainer Bruderle doit se présenter aux élections fédérales de septembre prochain. La journaliste a été accusée de réagir bien tard, et sans preuve. Des collègues journalistes femmes de Laura Himmelreichont pris sa défense et sont venues confirmer le côté obscur des coulisses de la  politique allemande avec d'autres "anecdotes". "Elle a fait exactement ce qu'il fallait faire : révéler le côté malsain des relations entre politiques et médias". 

#aufschrei 

Jeudi 24 janvier, deux utilisatrices de Twitter , Marthadear et Nicole Von Horst, ont alors lancé un peu par curiosité une question sur Twitter : quelles mauvaises expériences du sexisme les femmes avaient-elle eues? ; et un hashtag, #aufschrei. Depuis, il totalise plus de 60 000 commentaires, confessions, insultes, et a ouvert un débat général et houleux de sociétésur le degré de sexisme des Allemands.  

Comme en France, en 2012,  quand les hashtags #harcèlementderue et #jenaipasporteplainte, avaient provoqué un déluge de confessions sur le raz le bol des femmes harcelées, les Allemandes racontent soudain les inégalités dont elles ont assez, le sexisme ordinaire,  le machisme, le harcèlement ou même les agressions sexuelles. Quelques tweets :

"Mon supérieur, qui m'a dit "ça ne m'étonne pas que personne veuille coucher avec toi" dans une  réunion d'entreprise, parce que j'avais réclamé l'égalité des salaires". 

"Le médecin qui caressait mes fesses alors que j'étais admise pour une tentative de suicide à l'hôpital".

"Ce membre de la famille qui a sorti un couteau quand j'ai dit que les femmes devaient avoir les mêmes droits. Et cet autre, qui m'a reproché, A MOI, de l'avoir provoqué". 

"Le débat  tourne à : jusqu'où peut aller le flirt, qu'est-ce qu'on peut toucher ? Qu'est-ce que vous dites de rien du tout, sans permission?"

"Le maître-nageur en  primaire, qui nous observait pendant la douche et nous a expliqué comment nous devions vraiment nous laver "en-bas"".

"Est-ce qu'ils diraient à un homme de 30 ans qui craint de perdre son job à cause de la crise  “Vous n'avez qu'à faire des enfants”?

Le sexisme n'est plus une bagatelle

Pour DRadio Wissen, une chose est certaine. Le hashtag lancé un jeudi soir a déjà écrit en Allemagne l'histoire des médias sociaux et oriente vers quelques-uns des centaines de blogs qui réfléchissent à l'irruption soudaine de ce thème dans la société et la presse allemandes.

allright okee : "La masse de tweets, leur émotivité, montre clairement l'ampleur du problème, comme une urgence". Vorspeisenplatte remarque qu'une première étape a été franchie, que les hommes semblent avoir pris conscience soudain de certaines de leurs attitudes, avec une certaine surprise. Ils ont ouvert leur propre hashtag, #scham pour en discuter. Vera Bunse sur Kaffe bei mir? est frappée par le niveau de frustration, de colère, de dégoût, jusque-là tu, qui explose soudain et les hommes bloguent également beaucoup sur ce sujet, comme Manuel bei Zivilschein.

Eurotopics cite la politologue Antje Schrupp sur son blog : "Il s'agit d'une rupture des tabous, car jusqu'à présent, crier de telles expériences sur les toits ne se faisait pas. Une femme qui avait su accéder aux plus hauts rangs du journalisme devait s'estimer reconnaissante des hommes qui la laissaient jouer dans la cour des grands. Et ne pas faire de caprices pour des broutilles sans importance. ... La grande résonance du hashtag  #Aufschrei sur Twitter témoigne de l'ampleur de la colère accumulée. Les femmes y rassemblent leurs vécus concernant ces 'bagatelles' et montrent, avec la quantité phénoménale d'incidents répertoriés, qu'il est erroné de vouloir les qualifier de 'bagatelles'."

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !