« Où va la France ? » : « Notre époque est marquée par une forme de retour du tragique », selon Emmanuel Macron<!-- --> | Atlantico.fr
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Le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron, la gestion de la crise sanitaire, l’affaire Benalla, le mouvement des Gilets jaunes, les réformes étaient au coeur d'une interview sur TF1.
Le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron, la gestion de la crise sanitaire, l’affaire Benalla, le mouvement des Gilets jaunes, les réformes étaient au coeur d'une interview sur TF1.
©LUDOVIC MARIN / AFP

Bilan du quinquennat, Covid-19, réformes…

Emmanuel Macron a accordé un entretien aux journalistes de TF1 et de LCI, Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin, ce mercredi 15 décembre, dans le cadre de l’émission intitulée « Où va la France ? ». Le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron, la gestion de la crise sanitaire, l’affaire Benalla, le mouvement des Gilets jaunes, les propos polémiques du chef de l’Etat et ses réformes étaient notamment au cœur de cette interview.  

TF1 et LCI diffusaient ce mercredi soir un grand entretien du président de la République. La question « Où va la France ? » était au cœur de cette interview. Emmanuel Macron, face aux journalistes Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin, a pu aborder le bilan de son quinquennat et sa gestion de la crise sanitaire.

Le chef de l’Etat a notamment été interrogé sur les crises tout au long de son quinquennat :

« Ces cinq ans n'ont été faciles pour nous tous, continue Emmanuel Macron. Notre pays a rencontré des moments heureux, des moments de succès économiques, sportifs, artistiques mais nous avons traversé des moments d'angoisse aussi et tout particulièrement cette épidémie. Très peu l'avait anticipé. Notre époque est marquée par une forme de retour du tragique ».

A moins de quatre mois de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron a tenté de défendre son bilan.

Les adversaires politiques du chef de l’Etat, notamment Valérie Pécresse et Marine Le Pen ont dénoncé cette émission comme une atteinte à « l'équité du temps de parole ».

Sur TF1 et face aux deux journalistes, Emmanuel Macron a tenté d’expliquer pourquoi il a accepté l'entretien :

« Je pense d'abord que c'est utile. Il est bon de voir où le pays se trouve. Avec cette épidémie qui nous touche depuis deux ans et récapituler le chemin fait et ce vers quoi notre pays et l'Europe vont. Je pense que c'est un exercice utile ».

Interrogé sur l'obligation vaccinale qui n'est pour l'instant pas à l'ordre du jour en France, Emmanuel Macron a déclaré qu'il s'agissait « d'une hypothèse qui existe, quand on a déjà vacciné 90% de ceux qui y sont éligibles » :

« Ce virus, comme tous les virus, il s'adapte. C'est là qu'on a ces nouveaux variants qui peuvent parfois résister un peu mieux et là il y a donc un autre type de rappel qu'il faut faire, qui s'adapte à ces variants. C'est un peu ce qu'on fait chaque année avec la grippe. On se revaccine chaque année pour avoir le vaccin adapté à la grippe en cours. Il est probable que nous allions vers cela avec ce virus ».  

Emmanuel Macron a estimé la vaccination des enfants contre la Covid-19 était « souhaitable », mais il a ajouté que ce choix revenait « aux parents ». « Il n'y a pas d'obligation » à vacciner les plus jeunes, selon le chef de l’Etat.

Interrogé sur de potentielles nouvelles restrictions à Noël, Emmanuel Macron a indiqué que « celui qui dicte le rythme et les règles, c'est le virus » :

« Nous sommes au milieu de cette cinquième vague, on est sans doute à un pic ou plateau au niveau des cas. Entre Noël et l'An, nous aurons dans nos hôpitaux beaucoup de cas de Covid ou donc de pression sur nos hôpitaux ».

Emmanuel Macron a appelé les Français à « respecter les gestes barrières » et à « être responsable » en se faisant vacciner pour lutter contre cette nouvelle vague de Covid-19 et contre le variant Omicron.

Emmanuel Macron a tenu à défendre le passe sanitaire :

« Il faut à chaque trouver la bonne proportionnalité, je préfère parler de société de vigilance, de responsabilité plutôt que société de contrôle. Nous avons protégé nos citoyens, ensuite nous avons toujours débattu démocratiquement. Nous n'avons jamais perdu ce débat démocratique ».

Le président a promis que « le passe sanitaire sera provisoire ». Emmanuel Macron a refusé de se prononcer sur une date de fin de crise :  

« Je me garderai bien de faire quelque prévision que ce soit. Les scientifiques expliquent qu'il y a  des vagues, que le virus revient, soit parce qu'il y a des rappels soit parce qu'il y a une immunité collective et à un moment donné il va disparaître ou devenir un virus saisonnier ».

Emmanuel Macron a défendu sa stratégie du « quoi qu’il en coûte ». Selon lui, l'Etat est parvenu à suffisamment soutenir les entreprises pendant la pandémie, de façon à « protéger les plus faibles ».

Le président a aussi fait un bilan plutôt flatteur de son action à l’Elysée, en matière d’emploi et de lutte contre le chômage. Il estime  que le « chômage est au plus bas depuis près de quinze ans ».

Le locataire de l’Elysée a défendu ses décisions sur la crise du Covid-19 :

« Nous étions conscients que ce virus était redoutable, la ministre de la Santé (Agnès Buzyn) avait vraiment alerté, à l'époque, en étant plus alarmiste que l'OMS. On a ensuite vu ce virus arriver en Italie et on voyait la mort rôder. Et on a très longtemps pensé qu'on arriverait à cantonner les choses. (…) Tous les pays au monde ont confiné leur pays. La Chine a confiné avant nous et le fait encore maintenant. Citez-moi un pays qui n'a pas confiné à l'hiver 2020, alors même qu'elle produit les masques. La seule solution, c'était la plus archaïque: le confinement ».

Interrogé sur le manque de lits à l’hôpital, Emmanuel Macron a tenu à défendre son bilan :

« Ce n'est pas un problème de lit, c'est un problème de personnel. L'état de l'hôpital ne date pas d'aujourd'hui. En 2018 je mets fin à quinze années de déflation et de baisse du tarif hospitalier. J'ai dit on ferme le numérus clausus et on va réembaucher. Je le fais en 2018 sans doute trop peu par rapport à la crise de confiance qui s'était installée. Là-dessus la crise arrive en 2020 et a donné lieu à une réaction extraordinaire des soignants. Il y a eu une solidarité extraordinaire. Tout le monde a fait bloc, nous avons tenu. (…) En juillet 2020, nous décidons d'investir neuf milliards chaque année en salaire, dix-neuf milliards d'investissement. Ce qui depuis les lois Debré n'avait jamais été fait. L'hôpital s'est trop bureaucratisé et il faut permettre aux médecins de ré humaniser ces tâches ».

Lors de cette interview sur TF1, Emmanuel Macron a récusé l’accusation de « président des riches » :

« Je sais d'où je viens. Je viens d'une famille à Amiens, de médecins hospitaliers, d'une grand-mère enseignante. Mes valeurs ne sont pas celles d'un président des riches. Je suis pour un pays juste. Lorsque tant de choses vacillent et que le doute est là, on mesure l'importance de ces métiers. Donc sans doute que je suis plus sensible à certaines choses aujourd'hui que je ne l'étais avant. Ce que je dis en 2018, l'intuition est plutôt juste : il faut qu'on retrouve de l'ambition, qu'on réinvestisse. Je pense que je ne mesure pas suffisamment le sentiment d'urgence ».

Emmanuel Macron a évoqué la campagne électorale et le rôle du chef de l’Etat lors de cet entretien. Il n’a pas officialisé sa candidature pour 2022 :

« J'ai acquis, je crois, beaucoup plus de respect pour chacun. Il n'y a pas de président normal, c'est une évidence. Votre serviteur n'est pas en campagne ».

Interrogé sur les polémiques lors de son quinquennat, dont la photographie avec deux jeunes de Saint-Martin qui faisaient un doigt d'honneur, Emmanuel Macron a indiqué qu'il « n'avait pas à exposer l'image de la nation à cela. J'ai été suffisamment naïf pour aller faire cette photo ».

Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin ont interrogé Emmanuel Macron sur l'affaire Alexandre Benalla également, «une affaire d'été» plus qu’une affaire d’Etat selon lui :

« Alexandre Benalla a été condamné car il a été traité comme tout justiciable. Je ne crois pas (l'avoir couvert trop longtemps). Alexandre Benalla n'a pas été protégé au-delà qu'il devait l'être. Il a été établi qu'il n'y avait pas eu de système parallèle. Ce n'est pas ce que j'appelle une affaire d'État, mais c'était une période difficile car plusieurs de mes collaborateurs ont été mis en cause ».

Lors de cette interview, le chef de l'Etat a tenu à défendre son choix de ne pas conduire la réforme des retraites ces derniers mois, en pleine pandémie. Il a néanmons confirmé son attachement et  souhait de porter et de mener à bien la réforme des retraites à l'avenir :

« Cette réforme est indispensable. S'il n'y avait pas eu l'épidémie cette réforme qui avait été votée en première lecture, avec un article 49.3 actionné, elle serait allée à son terme. Nous avons besoin de conduire cette réforme. Je ne pense pas qu'il faille faire exactement la même réforme que celle envisagée. Il y a maintenant un problème de financement des retraites, il est clair qu'il faudra travailler plus. Ce n'était pas dans mon programme mais la situation a changé. On doit être préparé à l'idée qu'il faut travailler plus longtemps mais ça ne signifie pas la même réalité pour tout un chacun. Nous trois n'avons pas la même réalité qu'un conducteur poids lourds, qu'une auxiliaire de vie etc. Il faut simplifier nos règles et qu'on aille vers une sortie des régimes spéciaux. Est-ce qu'il en faut un seul ? Ce qui était mon projet initial. Je crois que c'est trop anxiogène. Il faudra trois grands régimes ».

Le chef de l’Etat a été interrogé sur l’affaire Nicolas Hulot :

« Je me félicite, j'accompagne et je soutiens cette libération de la parole (…) En 2018, Nicolas Hulot a nié avec beaucoup de force. Il y avait eu une plainte, mais elle avait été classée, il n'y avait aucune procédure en cours. Nous avions un homme blessé, et donc il est resté ministre. Quel autre choix aurions-nous pu faire? La présomption d'innocence est un droit. S'il avait été condamné, à coup sûr nous aurions pris une décision. On ne peut pas regretter quand on ne sait pas tout. Je n'ai pas de regret, je suis sur ce sujet intraitable et engagé. Mais de là où je suis, je veux que la justice se fasse de manière apaisée. Si, dès qu'il y a une rumeur ou une accusation, qui peut être vraie, alors il n'y a plus de vie de société en famille ».

Interrogé sur l'assassinat de Samuel Paty, Emmanuel Macron a indiqué que « c'était un moment de sidération. On l'a tous vécu comme un moment terriblement douloureux, et j'ai un attachement tout particulier à la famille de Samuel Paty. Ce sont des gens qui ont passé leur vie à s'occuper des enfants, et Samuel Paty était lui-même admirable ».

Le thème du « grand remplacement » a été abordé dans la partie finale de l’interview. Selon le président, « le grand remplacement n'est pas là » :

« Quand on parle de grand remplacement, il vaut mieux regarder les chiffres. Nous sommes une nation d'immigration. D'abord européenne, ensuite africaine depuis les années 70. Nous avons fait appel à elle, elle nous a aidés à bâtir notre pays. Donc, quand j'entends des absurdités comme immigration zéro, c'est impossible à mettre en place. (…) Le grand remplacement n'est pas là, mais ce qui est vrai c'est que nous n'avons pas suffisamment intégré. Nous avons construit des quartiers avec tout le monde au même endroit, nous avons ségréguer. Quand vous réindustrialisez le pays, vous pouvez intégrer. Quand vous éduquez, vous pouvez intégrer. (…) L'autre difficulté qu'on a, c'est que depuis quelques années, l'immigration augmente. C'est une réalité. Pourquoi? Parce que vous avez eu des crises politiques et que les trafiquants se sont mieux organisés et contournent nos règles. La réponse n'est pas de dire qu'il va y avoir un grand remplacement, c'est d'aider les pays d'origine et de transit. C'est de mieux protéger nos frontières extérieures communes. Ce que je veux, c'est une réforme de Schengen. Les frontières ont un sens, on doit les protéger. On doit mettre plus de gardes-frontières et on doit casser les réseaux de trafiquants. Mais on a besoin d'une immigration de travail. Et on a aussi besoin d'une Afrique qui réussit ».

Emmanuel Macron a aussi confié qu’il avait « appris à mieux aimer les Français » :

« On n'est jamais bon juge de soi-même. Mais j'ai appris - nous avons appris tous ensemble. Nous avons résisté. Ce furent cinq années de joie, de travail sans relâche. Et j'ai appris à mieux aimer les Français. J'ai été dur, impétueux. J'ai appris à vivre avec, à vivre les peines, et du coup à aimer mieux, avec plus d'indulgence. (…) Je suis arrivé dans la vie publique et politique en 2014. Ce n'est jamais arrivé. Quand j'ai été élu je n'étais pas familier, donc les décisions que vous prenez sont sur-interprétées (…) Je suis quelqu'un de très humain. Quand j'ai été élu, j'aimais la France, et je l'aime aujourd'hui plus follement. J'aime les Françaises et les Français. Nous sommes un peuple qui peut faire confiance à un jeune homme de 39 ans qui, bousculé, tient et continue d'avance. Nous sommes un peu qui va avancer, et la décennie qui vient elle est à nous. C'est ça la France ».

Le Figaro

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