Nucléaire : l'ancien haut-commissaire à l'énergie atomique critique « l'inculture scientifique » des politiques <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
La filière nucléaire française "souffre d'une désinformation continue (...) acceptée par l'Etat", selon Yves Bréchet.
La filière nucléaire française "souffre d'une désinformation continue (...) acceptée par l'Etat", selon Yves Bréchet.
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Crise énergétique

Lors de son audition devant les députés, Yves Bréchet a estimé que « la politique énergétique du pays a été décidée par un canard sans tête ».

Une audition qui va faire du bruit. Le 29 novembre, l'ancien haut-commissaire à l'énergie atomique de 2012 à 2018, Yves Bréchet, était interrogé par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale chargée d'établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France. Pour lui, le noeud du problème reste « l'inculture scientifique et technique de notre classe politique », et en particulier le « rôle des conseillers techniques dans les cabinets ministériels », qui « se retrouvent à conseiller sur des sujets qu'ils ne maîtrisent généralement pas un ministre qui ne se pose pas de questions ». La formation des futures élites politiques doit être renforcée, afin « que les conseillers soient en état de conseiller, qu'ils réapprennent à analyser le fond des dossiers, à challenger les experts qui les leur apportent ». Ces différents points expliquent la perte de souveraineté.  

Il a affirmé que les dernières décisions entrainaient la « transition d'un État stratège vers un État bavard » en matière énergétique. Pour l'expert, désormais directeur scientifique de Saint-Gobain, la filière nucléaire française souffre d'une « désinformation continue [...] acceptée par l'État, quand elle n'est pas organisée par lui ». « La politique énergétique du pays a été décidée par un canard sans tête. La chaîne de décision publique est désastreuse [...]. L'analyse scientifique des dossiers est systématiquement ignorée, broyée par les effets de cour au service des gouvernants plutôt que du pays », a-t-il estimé. 

L'abandon du réacteur à neutrons rapides Astrid a aussi été vivement critiqué par l'ancien représentant, qui l'a présenté comme une « décision à courte vue, qui restera dans l'histoire comme un modèle de stupidité ou de cynisme ». Ce programme, dont le réacteur prototype aurait coûté plusieurs milliards d'euros, visait à recycler à l'infini le combustible nucléaire pour produire de l'électricité. « Je ne sais pas si c'était pour des raisons budgétaires [...] ou idéologiques [...]. Dans le premier cas, c'est un raisonnement de chef comptable, pas à la hauteur de politiques devant avoir une vision à long terme. Dans le second cas, c'est l'inconscience de sauter d'un avion en pariant qu'on aura tricoté en cours de chute le parachute qui évitera de s'écraser au sol », s'est exaspéré Yves Bréchet. Une « faute grave», qui équivaut à «une destruction de souveraineté énergétique patente », selon lui. 

Le Figaro

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !