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L'inquiétante progression 
de l'anorexie masculine
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Manorexie

Les hospitalisations d'hommes souffrant de troubles de l'alimentation ont augmenté de 66 % en 10 ans en Grande-Bretagne. Les experts s'inquiètent de l'influence des photos de mode et d'un culte du corps "parfait" devenu obsessionnel.

Les statistiques du British Health Service (NHS) ont de quoi surprendre tant il est communément admis que les troubles de l'alimentation concernent d'abord les femmes ou les adolescentes obsédées par leur ligne.

Ainsi, sur la dernière décennie, les hospitalisations d'hommes souffrants de désordres alimentaires ont progressé de 66 %, nous rapporte The Daily Mail. 1,6 millions de personnes souffriraient de pathologies liées à l'alimentation en Angleterre, dont 20 % d'hommes.

Ce que les anglo-saxons nomment "manorexie" serait donc en train de prendre une ampleur inédite, et les diagnostics sont d'autant plus difficiles à établir que généralement les hommes se confient peu sur leur propre santé. Ils seraient également moins enclins à reconnaître l'existence d'un problème strictement lié à leur alimentation. Pudeur et timidité mis à part, les spécialistes expliquent que la maladie est encore trop associée à un problème d'adolescente, ce qui ne facilite pas sa prise de conscience par des hommes adultes.

Les médecins déplorent l'influence des photos de mode et des publicités. Des mannequins très maigres transformés en canons de beauté influenceraient certains hommes qui, outre les régimes, s'astreignent à une activité physique intense, quotidienne voire davantage. La plupart ne se rendent pas compte ce qui se joue et de ce qu'ils risquent dans cette spirale infernale. L'obsession du corps "parfait" peut parfois prendre le pas sur toute autre considération, constatent les médecins.

Fox Newsrappelle d'ailleurs que les troubles alimentaires ont pris aux Etats-Unis les proportions d'une inquiétante épidémie, selon la National Association of Anorexia Nervosa and Associated Disorders. Ils toucheraient aujourd'hui 10 millions de femmes et 1 million d'hommes dans le pays.

Dans un entretien accordé en octobre 2008 à La Dépêche.fr, Jean Chambry, pédopsychiatre au Centre hospitalier de Kremlin-Bicêtre, rappelait que 30 % des cas d'anorexie touchent des garçons en France, et que cette proportion est en augmentation. Il expliquait lui-aussi que les hommes qui avaient jadis l'habitude d'exprimer leur malaise par l'alcool et le tabac sont de plus en plus influencés par les photos de mode dont certaines vont jusqu'à cultiver l'androgynie.

Le pédopsychiatre précisait : "La raison principale est la même que chez les filles : le refus de devenir adulte et d'avoir une sexualité mature. On utilise son corps comme l'expression de son malaise. Une phase de boulimie a souvent été vécue précédemment. Après, chez le garçon, il y a aussi la volonté de recherche d'un corps musclé, signe premier de virilité".

En 2002, dans les Cahiers de psychologie clinique, Isabelle Orgiazzi-Billon-Galland et Michèle Chappaz écraivaient : "Sur le plan clinique, il semble qu’un préjugé attribue une gravité plus importante à l’anorexie masculine, présentée comme étant plus régressive et archaïque que l’anorexie féminine, celle-ci étant même considérée par certains auteurs comme une entité relativement circonscrite autour d’une pathologie du narcissisme".

Au terme de leur étude menée sur 5 garçons pendant 4 ans, les psychologues cliniciennes écrivaient : "Nous avons vu précédemment qu’en ce qui concerne l’anorexie du garçon, les diverses publications soulignent soit son « caractère très semblable au syndrome de la fille », soit au contraire ses différences, en la rattachant « à l’homosexualité, ou à la psychose ».
Il semble donc que notre travail étaye les travaux qui penchent pour le lien à établir entre l’anorexie mentale masculine et l’homosexualité, dans une mise à mal de la position identificatoire masculine et de l’intégrité de la représentation du corps. Le matériel projectif met en évidence un fonctionnement psychique où les positions homosexuelles sont prégnantes ; si la bisexualité psychique est normale chez tout individu, elle s’avère ici très présente, de par l’importance d’une identification féminine marquée et d’une homosexualité infantile insuffisamment refoulée".

C.M.

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