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"Grâce à la crise de l'euro, je comprends mieux la Grande Dépression de 1930"
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Bank run

Pour le journaliste américain Martin Wolf, toutes les conditions sont réunies en Europe pour une crise de l'ampleur de celle de 1930.

Le journaliste américain Martin Wolf est un expert en matière d'économie. Il confesse pourtant n'avoir jamais totalement saisi comment pouvait se produire une catastrophe économique telle que la Grande Dépression de 1930. La crise de la zone euro lui a ouvert les yeux, explique-t-il dans un éditorial du Financial Times, daté du mardi 5 juin.

Cette crise l'a en effet aidé a comprendre comment la peur et le manque de filets de sécurité crédibles pour le système financier pouvaient mener à un désastre tel que celui de la Grande Dépression : "Jusqu'ici, je n'avais jamais totalement compris comment 1930 pouvait se produire. Maintenant, si. Les ingrédients sont simples : des économies fragiles, un régime monétaire rigide, un débat intense sur la question de ce qui doit être fait, une croyance répandue dans le fait qu'il est bon de souffrir, les politiciens myopes, une incapacité a coopérer et un échec à anticiper les évènements."

"La finance jour un rôle central dans les crises, générant de l'euphorie, des dépenses excessives, et des effets de leviers excessifs dans le meilleur des cas, ou de la panique et du repli dans le pire des cas. Les doutes quant à la stabilité de la finance dépend de la solvabilité perçue des créanciers. ", rappelle-t-il.

Or, " on oublie souvent que la faillite de la banque autrichienne Creditanstalt en 1931 a mené à une vague de faillites bancaires à travers le continent. Ca s'est révélé etre le debut de la fin de l'étalon or, menant à la Grande Dépression. On doit aujourd'hui craindre qu'une vague de défauts bancaires et souverains ne causent un effondrement similaire dans la zone euro, qui est aujourd'hui ce qui existe de plus proche de l'ancien étalon or. Le défaut de l'eurozone générera en retour une perturbation massive du système financier global, faisant même peut-être sauter les murs qui contiennent la dépression."

Le refus des dirigeants européens de mettre en place des changements forts susceptibles de soutenir la structure de l'Union a enfoncé l'Europe dans la crise. Selon le journaliste, cet immobilisme a généré la crainte qu'il puisse être trop tard pour que les institutions soient capables de contrôler une spirale de paniques bancaires, de manque de liquidités, et de défauts.

Selon lui, la peur suffit a créer un cercle vicieux qui transforme les inquiétudes en réalités : "A quel point cette peur est-elle réaliste ? Elle l'est dans une assez large mesure. Entre autres parce que tant de personnes la craignent. Dans une panique, la peur s'auto entretient. Pour l'apaiser, il faut un prêteur de dernier recours volontaire et capable d'agir à une échelle illimitée. Il n'est pas évident que la zone euro dispose d'un tel préteur. Les fonds de secours négociés qui sont censés soutenir les pays en difficulté sont limités de plusieurs façons. La Banque centrale européenne, bien que capables en théorie d'agir à une échelle illimitée, pourrait se révéler incapable de le faire en pratique, si les paniques bancaires à gérer étaient trop importantes. Mais alors, peut-on se demander, quelle est la limite du crédit que la Bundesbank accepterait d'offrir aux banques centrales dans le cas d'une panique massive ? Dans une crise sévère, la BCE et les gouvernements pourraient-ils seulement agir de façon effective ?"

Les investisseurs qui achètent des obligations aux taux actuels signifient leur grande méfiance. Selon l'expert, les responsables publics, qui devraient normalement calmer la panique, ne font que l'alimenter, par manque de solidarité, car " ceux qui disposent de bonnes conditions de crédit refusent de soutenir ceux qui sont sous la pression ". 

Lu sur Businessinsider.com

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