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ZAD de NDDL : quel risque de contagion ailleurs en France si le gouvernement cède aux projets de "développement alternatifs" ?
©LOIC VENANCE / AFP

C’est le printemps et l’heure de vérité

Sébastien Lecornu secrétaire d’État à la Transition écologique a été missionné par Nicolas Hulot pour préparer l'avenir de la ZAD. Mais attention aux messages ambigus qui pourraient être mal interprétés par les Zadistes.

Eddy  Fougier

Eddy Fougier

Eddy Fougier est politologue, consultant et conférencier. Il est le fondateur de L'Observatoire du Positif.  Il est chargé d’enseignement à Sciences Po Aix-en-Provence, à Audencia Business School (Nantes) et à l’Institut supérieur de formation au journalisme (ISFJ, Paris).

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Atlantico : A l'occasion de la visite de Sebastien Lecornu à NDDL, quel serait le symbole envoyé à la société alors que celle-ci semble être fracturée par beaucoup de tentations "séparatistes", dans le cas d'une reconnaissance et d'un maintien de la ZAD en l'état ?

Eddy Fougier : Pour ce qui concerne la visite de Sébastien Lecornu de ce qu'on a  pu en voir l'idée n'est pas forcément de maintenir la ZAD en l'état. Le but est de faire un tri entre les occupants, régulariser ceux qui sont dans une logique agricole, qu'ils puissent exercer dans un cadre légal  en conformité avec ce que veut le Premier ministre pour le développement de la zone et pour les autres il s'agira à priori d'évacuer ceux qui sont dans une autre logique, notamment une logique qualifiée de violente. Pour l'instant et pour rebondir sur votre question il n'est pas question de conserver la ZAD en l'état mais bien d'y opérer un tri entre ses occupants. Ceux qui sont dans l'illégalité devront passer dans la légalité ou partir d'ici à avril.

Le message n'est donc pas nécessairement de dire "ZAD partout" d'autant qu'en parallèle, du côté de Bure il y a eu l'évacuation le 22 février qui ont donné des condamnations à de la prison ferme pour deux opposants.

On est donc plus dans la fermeté qu'autre chose mais il y a des enjeux différents. Du côté de Bure il y a un projet qualifié d'intérêt national qui doit se tenir et du côté de Notre-Dame-des-Landes le projet ne se fera au final pas.

In fine je ne lis pas la visite de Sébastien Lecornu à NDDL comme une sorte de chèque en blanc pour tous les Zadistes du pays mais je reste persuadé que le message envoyé par le pouvoir est assez ambigu. A savoir que c'est une sorte de principe de précaution revu et corrigé par le nouveau pouvoir qui, aux yeux des opposants à certains projets peut être interprété comme le fait de dire "s'il y a une forte opposition cela aboutira à bloquer un projet". C'est dans ce sens-là qu'on peut émettre un certain nombre de craintes.

Quelles seraient ces tentations "séparatistes" qui pourraient prendre exemple sur le cas de la ZAD de NDDL, et ainsi revendiquer un droit analogue ? 

Le mot séparatisme est fort mais il est évident qu'il y a pas mal d'initiatives qui existent aujourd'hui. Qu'il s'agisse de personnes isolées, de groupes ou de communautés qui veulent un peu sortir de la société pour des raisons diverses et variées mais généralement sur la base d'un rejet. Il y a des communautés autogérées, des quartiers, des écocommunautés… Ce rejet de la société est réel et certains parlent même de désertion face à une société qu'ils rejettent et critiquent. Les ZAD sont une version de cette tendance présente dans la société aujourd'hui. Le message qui pourrait être envoyé si les Zadistes étaient autorisés à rester sur place serait que "si vous voulez sortir de la société c'est possible".

Dès lors, comment combattre ces tentations en accordant un droit de développement séparé à ceux qui imposent leur loi par la force ?

Tout est une question de façon dont ces communautés vont se mettre en place. Si les gens les intègrent sur la base du volontariat et dans un cadre légal il n'y a pas de raison de s'y opposer. En revanche le cadre illégal commence déjà au squat. Les Zadistes pour certains d'entre eux sont dans l'esprit des squatteurs Si vous allez sur certains sites Zadistes vous avez même des "guides du squatteur"  qui donnent toutes les clés pour occuper des logements dans un esprit anarcho-autonome. Là effectivement on est dans l'illégalité la plus manifeste mais ce n'est pas toujours aussi simple de faire la part des choses. Il y avait d'ailleurs une ZAD qui était légale avec des agriculteurs qui avaient demandé à des Zadistes de venir squatter un terrain pour empêcher des travaux.

La clé pour décider de combattre ou non des mouvements est de déterminer la légalité d'une situation ou non. Evidemment pour ceux qui veulent s'opposer aux valeurs ou aux lois il n'y a pas d'ambiguïté sur ce qu'il y a à faire.

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