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Quand la campagne électorale anesthésie les vrais débats sur la sortie de crise
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EDITORIAL

La campagne électorale monte en puissance d’une étrange manière. Elle s’est amorcée sous le signe de l’invective, comme si l’injure devait suppléer la carence du débat.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Étrange comportement des différents acteurs de la campagne avec d’interminables palabres sur le mode d’abattage des animaux et les rites de consommation de la viande, ou des controverses sur le nombre de travailleurs étrangers clandestins. On envisage les problèmes par le petit bout de la lorgnette avec un haro sur les très riches comme si une petite minorité de contribuables pouvait à elle seule suffire à éviter à la majorité de la population la hausse des impôts qui les attend après les élections, comme si l’austérité annoncée depuis le début de la crise pouvait permettre de continuer à vivre comme avant, sans que rien ne bouge pour la grande majorité de la population.

Derrière le tintamarre médiatique sur des questions de société qui ne devraient pas être au premier plan, règne un étonnant silence sur les problèmes de fond de l’heure, comme si soudain une vague de chloroforme s’était répandue sur le pays. Il est vrai qu’une certaine détente se fait jour dans l’environnement qui incite à temporiser après les violentes tensions des derniers mois. Tout y contribue : la banque centrale européenne vient d’inonder le marché avec mille milliards d’euros de prêts dont les banques se sont gavées à un pour cent d’intérêt alors qu’elles vont reprêter cet argent à 3 ou 4%. Parallèlement les entreprises du CAC 40 ont engrangé l’an dernier des bénéfices à peine inférieurs à ceux de l’année précédente, en donnant ainsi l’impression que la machine économique continue de tourner avec profit. Les bourses ont pratiquement effacé le dernier choc de la crise de l’été dernier en retrouvant des niveaux inconnus depuis un an.

Tout cela a tendance à reléguer au second plan les problèmes essentiels, en considérant qu’on peut gagner du temps en évitant de parler des sujets qui fâchent tel que le déficit abyssal du commerce extérieur, malgré une nouvelle menace d’aggravation due à l’envolée des cours du pétrole. Quant à la dette, sa simple évocation fait figure de mot grossier que les candidats à l’élection évitent de prononcer. Au cours du quinquennat, le Parlement a voté 264 lois dont 140 textes fiscaux et quinze collectifs budgétaires et pourtant l’impression prévaut que rien ne bouge fondamentalement sur les réformes que d’innombrables rapports continuent de préconiser au fil des ans et que l’on consulte régulièrement sans prétendre les sortir de leur placard.

La France n’est pas pour autant perçue comme un repoussoir si l’on en juge par le dernier baromètre de la chambre de commerce américaine en France. Son attractivité aurait même augmenté de dix points en un an à 56%. Certes l’enquête énonce des faiblesses comme le coût de la main d’œuvre et la difficulté de licencier, mais celles-ci sont plus que compensées par la qualité de vie et des infrastructures, la situation géographique privilégiée.  

Et le cadeau que l’Europe vient de faire à Athènes en effaçant une grande partie de sa dette sans contrepartie pourrait inciter bon nombre de nos compatriotes à clamer : « Nous sommes tous des Grecs ».

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