Vous ne partez qu’en août ou après ? Pas d’impatience, le bénéfice des vacances se fait sentir avant même leur début<!-- --> | Atlantico.fr
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Des vacanciers sur une plage à Marseille.
Des vacanciers sur une plage à Marseille.
©BORIS HORVAT / AFP

Bonheur imminent

Des études scientifiques montrent que le simple fait d'attendre avec impatience une récompense future peut être encore plus gratifiant que la récompense elle-même.

Juan Pérez Fernández

Juan Pérez Fernández

Juan Pérez Fernández est chercheur au CINBIO au sein de l’Université de Vigo

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Roberto  de la Torre Martinez

Roberto de la Torre Martinez

Roberto de la Torre Martinez est chercheur au département de neurosciences au Karolinska Institutet.

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Vous avez passé ces derniers jours sur un nuage à propos de vos prochaines vacances bien méritées, et vous recommencerez à rêver à leur sujet dès que vous aurez terminé cet article. Et la vérité est que les bienfaits de bonnes vacances se font sentir avant même le début du voyage. Des études scientifiques montrent que le simple fait d'attendre avec impatience une récompense future peut être encore plus gratifiant que la récompense elle-même. Il en est ainsi grâce à une petite molécule appelée dopamine, dont nous parlerons plus tard.

Mais avant de continuer, réfléchissons à quelques questions. Les vacances sont-elles vraiment nécessaires ? Pourquoi avons-nous besoin d'eux? Et surtout, quels sont les bénéfices de quelques jours de farniente ?

Le repos augmente la flexibilité cognitive

Bien que cela puisse sembler incroyable, il existe très peu de littérature scientifique qui explore les bienfaits directs des vacances sur notre cerveau. Ce qui semble incontestable, c'est qu'ils sont essentiels. C'est ce qu'a conclu une étude de 2016 à laquelle 46 travailleurs d'une entreprise néerlandaise ont participé.

Les ouvriers devaient subir un test au cours duquel on leur donnait des objets (par exemple, un marteau) et leur demandait le plus grand nombre d'utilisations de leurs objets dans les plus brefs délais (outil de construction, arme, presse-papier, etc.). Ce que les chercheurs ont observé, c'est qu'après deux ou trois semaines de vacances, les travailleurs avaient une plus grande flexibilité cognitive. Ou, pour le dire autrement, ils ont pu penser à un plus grand nombre d'utilisations pour les objets par rapport aux résultats obtenus quelques semaines avant les vacances.

La plupart des études s'accordent à dire que, d'un point de vue biologique, l'une des principales raisons de cette augmentation de la flexibilité cognitive – et des bienfaits des vacances en général – est la réduction du stress.

Nous serons tous d'accord pour dire que le travail génère du stress. Mais nous devons faire une petite distinction ici : le stress en soi n'a pas à être mauvais. Lorsqu'elle est sporadique, elle est généralement même bénéfique car elle active des mécanismes qui nous aident à mener à bien les actions quotidiennes de notre travail, comme le respect d'un délai (les auteurs de cet article y travaillent en ce moment).

L'« autre stress » – celui qui a des connotations négatives pour tout le monde – est le stress chronique. Elle survient lorsqu'elle se prolonge dans le temps, soit parce que nous sommes constamment sous pression, soit en raison de situations que nous ne pouvons pas gérer. Il génère de la fatigue, des niveaux plus élevés d'anxiété, d'irritabilité et de colère. Et oui, c'est définitivement mauvais.

Recette pour des vacances qui rechargent les batteries

La principale chose que de bonnes vacances peuvent faire pour notre santé mentale est précisément de réduire les niveaux de stress chronique. Lorsque nous sommes inactifs, notre cerveau est capable d'inverser - au moins temporairement - les effets négatifs du stress. Et voici la clé : pour que les vacances soient vraiment efficaces, il faut s'assurer qu'elles nous libèrent vraiment du stress de notre travail. Autrement dit, nous devons éviter de continuer avec des tâches en attente, de répondre à des e-mails, etc.

En revanche, il est essentiel d'éviter que nos vacances ne nous créent de nouvelles situations stressantes.

Une autre clé est de profiter de l'attente. Pourquoi le simple fait d'attendre nos vacances nous rend-il heureux ? Nous évoquions il y a quelques paragraphes la dopamine qui est produite dans les neurones de deux régions cérébrales appelées substantia nigra (en raison de sa couleur sombre au microscope) et l'aire tegmentale ventrale (située au centre de notre cerveau, plus ou moins derrière les oreilles).

Les deux régions, qui abritent entre 400 000 et 600 000 neurones chez l'homme, envoient des axones dans de nombreuses zones du cerveau. Grâce à la libération de dopamine, ils jouent un rôle clé dans les sensations agréables provoquées par de nouvelles expériences et récompenses. Par conséquent, savoir que nos vacances arrivent augmente les niveaux de dopamine dans notre cerveau et nous procure cette sensation de plaisir.

De même, les meilleures vacances sont celles où nous profitons de nouvelles expériences (comme explorer différents endroits) et de récompenses (comme ce plateau de fruits de mer que nous attendons toute l'année). Bien sûr, ce que l'on trouve gratifiant est entièrement subjectif, et ce qui est agréable pour une personne peut causer du stress pour les autres.

Profiter ou ne pas profiter

Ce système générateur de plaisir est également affecté lors de stress chronique. La science montre que des niveaux de stress élevés ou chroniques, tels que ceux auxquels nous sommes soumis tout au long de l'année au cours de notre journée de travail, sont capables de provoquer une réduction de la quantité de dopamine libérée et/ou des changements dans la façon dont elle est métabolisée.

Le pire est que les changements ne se produisent pas seulement dans la substantia nigra ou dans la région tegmentale ventrale. Il a été constaté que le stress chronique est même capable de modifier le nombre de récepteurs de la dopamine dans les zones qui reçoivent ces projections. Lorsque cela se produit, des comportements dépressifs se développent souvent. Ainsi, des vacances qui nous libèrent du stress aideront à rééquilibrer le système dopaminergique.

Ce qui n'est pas encore tout à fait clair, c'est si le fait de prendre des vacances pendant une longue période produit de meilleurs effets que de les prendre de manière échelonnée et sur des périodes plus courtes.

Quoi qu'il en soit, de bonnes vacances nous font du bien. Ainsi, nous encourageons nos lecteurs à trouver des activités qui leur permettent de se sentir bien, de recharger leur énergie et de réduire leur stress afin de relancer leur système dopaminergique. Bon voyage!

Cet article a été publié initialement sur le site The Conversation : cliquez ICI

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