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Volkswagen : l'industrie lourde en apesanteur
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zone franche

Volkswagen double ses bénéfices à 16 milliards d'euros, inonde la Chine de ses grosses berlines et récompense généreusement actionnaires et salariés. Mais quel est son secret ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les Allemands sont vraiment gonflants, avec leur croissance qui repart à la hausse quand la nôtre se ferait bien prescrire un vasodilatateur si c'était remboursé par la Sécu...

Entre leurs exportations qui battent des records et leur chômage presque inexistant, leurs comptes publics à un quasi équilibre et leur relations sociales apaisées, ils ont ce côté agaçant des premiers de la classe auxquels on ficherait bien une raclée s'ils n'étaient pas champions de boxe en plus d'être forts en thème.

Et si le « modèle allemand » a le vent en poupe au point de voir Nicolas Sarkozy troquer le Princesse de Clèves-bashing pour l'ôde aux Angoisses du jeune Werther dans ses adresses à la nation, il faut vraiment être d'assez mauvaise foi pour constamment rappeler l'absence d'un SMIC teuton afin de lui donner tort. Ok, les voisins de droite (sans jeu de mot) n'ont pas de salaire minimum, mais ils sont généralement mieux payés que nous et dix ans de rigueur laissent leurs foyers en bien meilleure santé que trente-cinq ans de laxisme budgétaire n'ont ragaillardis les nôtres.

Là où ils sont les plus crispants, d'ailleurs, c'est lorsqu'ils se débrouillent pour faire mentir cette nouvelle sagesse populaire qui dit que la croissance viendra essentiellement du « développement durable » et du verdissement progressif des grandes économies industrielles. Tu parles ! Si les Allemands nous mettent minables, c'est essentiellement à coups de vieux pots et de vieilles recettes ; à coups de dur labeur et d'assemblage méticuleux de machine-outils et de bagnoles.

Les modèles économiques changent, pas l'anti-modèle...

C'est sûr, les économies exemplaires se succèdent les unes aux autre et finissent toujours par se déliter à un moment, ce qui permet à leurs contempteurs de se rengorger sur l'air du « Je vous l'avais bien dit, que c'était du bidon ! ». Mais c'est peut-être que les suiveurs dans notre genre devraient apprendre qu'on peut tout bonnement changer d'idole quand les piles de la précédente sont usées.

La Grande-Bretagne, l'Irlande ou l'Espagne, qui flamboyaient quand l'Allemagne semblait à deux doigts de mettre la clé sous la porte, sont désormais à la ramasse mais elles se seront au moins payé un peu de bon temps pendant que nous étions toujours entre deux rendez-vous chez le psy. Et maintenant que c'est au tour des Allemands de triompher, nous en sommes toujours au même point.

Bah, notre notre anti-modèle à nous a au moins le mérite de la constance. Il faut bien pouvoir se vanter de quelque chose.

Ainsi, et alors que Renault et Peugeot – qui ne sont pourtant pas les derniers des derniers, loin s'en faut – révisent constamment leur stratégie, mettent le cap sur haut-de-gamme, foirent leur coup, ne jurent plus que par le low-cost, se cassent la figure et recommencent le cycle, leurs cousins germains ne savent plus quoi faire des milliards de brouzoufs qu'ils engrangent comme nous les dettes...

Volkswagen, premier de la classe parmi les premiers de la classe, vient ainsi d'annoncer avoir doublé son bénéfice 2011 à 15,8 milliards d'euros, soit un paquet de pognon plus massif encore que celui de n'importe lequel de nos géants pétroliers ou bancaires ! La boîte de Wolfsbourg, un obscur patelin dont il faut vraiment être fan de moteurs à explosion pour avoir seulement entendu parler, sera bientôt consacrée premier constructeur mondial devant General Motors, devrait passer la barre des 10 millions de véhicules et en vend d'ailleurs déjà autant sur le seul marché chinois (2 millions) qu'il ne s'immatricule de voitures neuves en France toutes marques confondues.

10% des bénéfices pour les salariés

Oh, comme nos constructeurs à nous, et parce qu'il est évident qu'on ne conquiert pas de nouveaux marchés sans se rapprocher de ses nouveaux clients, elle a aussi pas pas mal délocalisé, la Wagen du Volk. Mais le « Standort Deutschland » reste aussi solide que par le passé quand nos usines ferment ou fonctionnent au ralenti.

Mieux : quand c'est la fête au village, en Germanie, personne ne danse le ventre vide devant le buffet et tout le monde encaisse. Les 100 000 salariés locaux de VW vont ainsi se partager 10% de ces juteux bénéfices, soit quelque 6 000 euros par personne en moyenne (les années précédentes, c'était juste 4 000 euros. En France, c'était et ça reste que dalle de toute manière).

Incidemment, c'est à peu près la même chose chez Mercedes (6 milliards d'euros de bénéfice 2011, le plus élevé de l'histoire de la marque) et on lit que BMW ne devrait pas être en reste lorsqu'il annoncera ses résultats dans quelques semaines. Et tout ça sur la même planète que nous, avec le même euro, des coûts salariaux nettement plus élevés (mais si !), des syndicats plus interventionnistes et des patrons mieux payés ! Excusez du peu.

Les modèles qui marchent, on le sait, c'est toujours un peu difficile à définir. Un peu plus de flexibilité sur le marché de l'emploi, un peu moins de conflictualité sociale, un peu plus de sens du collectif, un peu moins de démagogie chez les élites... Avec le modèle allemand, au moins, c'est simple : c'est une Golf GTI avec des jantes alliage et des phares au xénon.

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