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Le taux de fertilité est passé sous la barre des 2.1 à travers le monde.
Le taux de fertilité est passé sous la barre des 2.1 à travers le monde.
©SAEED KHAN / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Partout dans le monde, le taux de fertilité est passé sous la barre des 2.1.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Il existe dans le monde des appels à la décroissance. Ils sont aussi limités, que ceux pour une croissance toujours plus forte. Le débat se perd, enlisé à équidistance entre les positions extrêmes, une tendance régulière ces dernières années, les ânes d’une extrême fustigent celle de l’autre, beaucoup de positionnement et de déclarations de principes, pour mieux masquer l’absence de réflexion. Et puis il y a quelques atomes d’intelligence, quelques penseurs d’une position et de son contraire, mais trop intelligents pour qu’on les écoute, trop fins pour qu’on les discerne. A l’heure de la dictature des réseaux sociaux, ce qui est gros, mou et vulgaire rapporte plus de « like » et de « followers » que le neurone musculeux. Nous sommes dans un siècle de surface, plus de place pour la profondeur !

Pourtant il existe une force terrible qui, sur ce choix entre croissance et décroissance, va mettre tout le monde d’accord, et assez rapidement en plus.  Ce phénomène est simple, il s’appelle la fertilité. La fertilité, ce phénomène qui permet d’assurer le remplacement des générations et l’accroissement de la population en même temps que son rajeunissement, est en train de vivre un enterrement de première classe. Partout dans le monde. Même en Afrique, où elle décroit à une vitesse désormais fulgurante. La population vieillit et ne se régénère plus. Les conséquences vont être terribles, tout en étant positives à certains points de vue. Explication de texte.

 Partout dans le monde, le taux de fertilité est passé sous la barre des 2.1, celle à partir de laquelle, la population se « répare », se rajeunit ou maintient une proportion importante de jeune en son sein. Pas seulement au Japon, en Korée, en Allemagne ou en Roumanie. En Russie. Le monde va donc commencer à rétrécir. Il y aura progressivement moins d’habitants sur la planète, malgré la démographie encore forte en Inde ou en Afrique. Nous ne pourrons donc plus compter, si sur cet accroissement historique pour alimenter la croissance. Elle sera en berne. Nous ne pourrons plus compter sur les jeunes pour financer leur aînés, ils ne seront plus assez nombreux. Pendant ce temps, l’appauvrissement des classes moyennes va implacablement poursuivre son chemin, laminant, détruisant cette colonne vertébrale qui faisait des pays riches, des pays stables, et dont chaque pays émergent rêvait, tant il savait qu’il était le marqueur du succès de son évolution. Nos systèmes de répartition voleront donc en éclat, et rendront encore plus caduques ces débats Français sur l’âge de la retraire. Ils ramèneront également sur le devant de la scène le débat sur cette répartition justement, afin de poser le débat de la capitalisation individuelle.

 Pire encore, le monde va vieillir. Ce qui va alimenter sa torpeur dans tous les domaines. 

Économique. La consommation des plus âgés, change de nature avec le temps, privilégie l’habitude et la prévisibilité, et jamais la nouveauté. Elle va ancrer l’économie dans la répétition, et moins dans le changement. Elle est également mère de conservatisme et ennemie de l’innovation. Les entreprises devront donc composer avec un monde qui préfère l’habitude à l’évolution. La créativité sera en berne, le confort et l’habitude confineront à la paresse. C’est donc la fin de toute dynamique de rupture, de disruption, ce qui accentuera cette « immobilisme en marche » qui caractérisait la IV République ». 

Politique. Ce sera l’avènement de tous les conservatismes. La fin d’un réel débat démocratique, puisque qu’il sera marqué par la certitude que seule la répétition du passé, ou l’ancrage, au mieux, dans le présent, sera la seule boussole orientant la décision de vote. Les politiques seront aux ordres de l’habitude. Cela pourra avoir du bon, les gens plus âgés ont longtemps voté au centre, ce n’est pas toujours dangereux. 

Social, bien entendu. Les mesures qui privilégient le statuquo auront un succès fou. Elles pourront avoir du bon. Il y a beaucoup à parier que cette population n’aurait pas laissé dériver les tendances islamiques de notre société. La tendance et la tentation sera de faire appel à l’immigration pour compenser ce manque de bras, de chaire fraîche. C’est un échec couru d’avance. On voit à quel point cette pratique a été funeste pour nos sociétés avec une immigration désormais d’opposition, culturelle, sociale, sociétale, souvent à la frontière du conflit. Elle est gérable lorsqu’elle offre une forme de perméabilité culturelle, comme aux USA avec l’immigration issue de l’Amérique du Sud. Et encore. La Chine elle, a tranché. Elle se destine à « fabriquer » littéralement des êtres humains. Nous y reviendrons. 

Tout cela aura des répercussions incroyables sur nos sociétés. Mais le plus difficile à évaluer ce sera celle de la non-croissance. Celle sur l’investissement et les taux d’intérêt. Quoi qu’il arrive le monde qu’on estimait surpeuplé, au bord de l’explosion pour avoir trop d’individus sur son territoire, sera en régression, à l’arrêt, peuplé de personnes âgées dont les fauteuils roulants ne risqueront pas de polluer la couche d’ozone. 

La véritable question ne sera donc pas celle de la croissance, mais celle d’une nouvelle forme de partage de l’activité économique. La croissance n’est plus la solution. Pour une raison simple, elle ne profite qu’à trop peu de personnes, ne permet pas d’envisager les efforts nécessaires pour ralentir les dégâts imposés au monde, et la productivité qui l’accompagne, gorgée des « bénéfices » de l’automatisation, sera noyée dans une masse de perte d’emploi qui en neutralisera les avantages. 

La véritable réflexion à mener est celle des nouvelles formes de création de richesse, de leur répartition, des nouvelles formes de travail et de collaboration. Et non plus de savoir quel sera le PIB des uns et la croissance des autres. Pour cela il va falloir remettre en place la machine à utilisation des neurones.

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